Bonjour,
Je relance une discussion sur le même thème des tenseurs avec la même intention que le fil spineurs et tenseurs. Pour éviter toute polémique je centre le débat sur un problème de physique très concret et bien connu dès lors que l'on fait ses tous premiers en MQ et en physique atomique. Les connaissances requises sont largement partagées sur les habitués de Futura
Le problème de référence:
Il s'agit d'un électron dans un potentiel central situé dans une orbitale P cad dans une orbitale 3 fois dégénérée (potentiel central pour éviter l'atome d'hydrogène qui est très particulier à cause du potentiel en 1/r).
Ceci est particulièrement simple et suffisant pour démontrer et illustrer d'une manière générale l'essence des tenseurs.
Dans le langage des chimistes on représente 3 cases quantiques dans lesquelles on peut placer un électron avec 2 options spin up et spin down. le niveau d'énergie est donc 3*2 = 6 fois dégénérés.
Dans le langage quantique cet état est décrit par le produit tensoriel de 2 espaces soit:
[|Px>, |Py>, |Pz>] T* [ |u>, |d>]
Avec H|Px> = E.|Px> même chose avec y,z
Le résultat d'un produit tensoriel directe est un tenseur qui est un vecteur propre de H. Ces 6 produits étant dégénérés alors n'importe qu'elle combinaison linéaire est solution propre de l'Hamiltonien.
L'usage en MQ est d'appeler un tel tenseur une spin-orbitale.
Comment se comporte un tel tenseur dans un changement de base:
Soit le changement de base:
(x,y,z) devient (x', y', z')
Ce changement de base définit un élement d'une représentation standard g du groupe O(3) cad une matrice 3*3
Comme [H,G]= 0
Les G sont des représentations quelconques du groupe O(3) de la sphère. Les changements de base vont donc engendrer une représentation de dimension 6 du groupe O(3) cad un jeu de matrices 6*6.
Cette représentation est-elle réductible?
La réponse est oui. En effet on sait qu'un produit tensoriel de vecteurs qui sous-tendent des représentations d'un groupe est une représentation qui peut se décomposer en représentations irréductibles du groupe.
La règle bien connue pour le groupe O(3) est:
S1 T* S2 = |S1-S2| (+) |S1-S2|+ 1 (+) + ...... S1 + S2
Dans ces notations T* signifie produit tensoriel et (+) signifie somme directe.
Dans notre cas on a:
1 T* 1/2 = 1/2 (+) 3/2
La dimension de l'espace est bien conservée on a bien:
3 T*2 = 6 = 2 (+) 4
Ainsi le sous-espace 6 fois dégénérés est en fait 2 sous-espaces propres invariants? Est-ce normal? que cela signifie-t-il?
Avant de revenir sur cette question je voudrais faire un petit bilan provisoire.
Un premier bilan:
1- Tout ce qui a été fait ci-dessus est purement tensorielle.
2- Pourtant il n'y aucune notion de dualité et donc aucune notion de covariance et de contravariance. Pour les mêmes raisons il est impossible de faire apparaitre la notion de forme bilinéaire et donc de tenseurs telle que l'on peut les trouver dans les cours de maths. Et pourtant nous avons manipulés des tenseurs, rien que des tenseurs.
3- on notera le mélange de genre. Les 2 espaces n'ont pas la même dimension. En plus les transformations agissent différemment sur l'espace {P} et sur l'espace {S}. Çà "tourne" 2 fois plus vite pour le premier que pour le second.
En effet dans le langage "commun" le premier est un tenseur de rang 1 le deuxième un spineur de rang 1. Ou encore dans un autre langage (plus subtil) le premier est un spineur symétrique de rang 2 le deuxième un spineur de rang1.
4- On observera que les propriétés de changement de base sont manipulés sans aucune notion d'indice. Pour se rendre compte de la performance que représente la TRG il suffit d'essayer de reproduire le raisonnement en introduisant des indices. Il suffit de se rencontre qu'un élément de matrice de la transformation porte 8 indices!!! Bon courage. Ceci pour dire que la manipulation des tenseurs sans indices n'est en rien une propriété de la géométrie différentielle.
en conclusion partielle je ferais remarquer avec insistance que:
A- le concept fondamental des tenseurs ce sont leurs propriétés par changement de base:
Dit moi comment tu te comportes dans un changement de base et je te dirais qui tu es.
. On voit aussi sur cet exemple la distance gigantesque qu'il y a entre un cours de math fondé sur la dualité (les formes) et un cours de physique pour laquelle la dualité n'est loin d'être première.
B- En plus les cours de maths travaillent dans leur introduction sur le corps des réels alors qu'ici on travaille sans gène sur le corps des complexes.
C- La TRG (Théorie de la Représentation des Groupes) est intrinsèquement liée aux tenseurs et au spineurs nativement ce qui n'est pas le cas des cours de maths ou les groupes n'apparaissent pas explicitement.
D- Il est facile de comprendre pourquoi les étudiants ne peuvent faire le rapprochement entre un cours de maths sur les tenseurs et un cours de MQ alors que sur le fond c'est la même chose.
Retour sur la levée de dégénérescence:
La TRG nous dit que le sous-espace invariant initial de dimension 6 se décompose en 2 sous-espaces invariants de dimension 2 et 4.
Je pose la question: Pourquoi cette "contracdiction" apparente?
Quelle est la réponse standard?
Comme le problème est très simple certains d'entre vous donnerons une réponse connue (que j'appellerais ici réponse standard) ne serait-ce qu'en prenant le premier livre de MQ.
Je laisse donc à partir de cette question le problème ouverte.
Des réponses plus originales?
En fait il existe un grand nombre de réponse possibles. Ce qui devient intéressant est de trouver d'autres réponses (au moins 2 autres) que la réponse standard.
Si vous ne voyez les réponses possibles, n'hésitez pas à poser la question a votre prof de MQ ou mieux à votre prof de maths. Il serait intéressant de connaître le temps pris pour les réponses. A partir de 3 secondes, c'est vraiment très lent!!
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