C'est cela même… t'aurais mieux fait ! Bon, mais j'avais déviné.
À grands pas ? tu es généreux. Bon, je sais que ce n'était qu'un petit pas pour Neil Armstrong mais était-ce un si grand pas pour la science ? Pour l'égo posthume de Kennedy, sûrement. Pour celui de Von Braun à coup sûr ainsi que pour la nation américaine. Pour l'humanité souffrante, je ne sais pas.
Mais encore une fois, il faut se garder d'une interprétation anachronique (je ne parle pas pour toi). Je regrette de me répéter sur ce point : le cout de l'expédition, absolument démesuré, est à mettre en rapport avec son objectif primordial, avant tout impérialiste et quelque peu populiste. La conquête de l'espace telle qu'elle était envisagée dans les années 50 et début 60 consistait en premier lieu à installer des bases militaires en orbite et sur la Lune. Tout le monde était convaincu, à juste titre d'ailleurs, que c'était l'intention des Soviétiques également. La première station spatiale soviétique, Saliout, était une version “civilisée“ d'un programme initialement militaire Almaz, de même que la fusée Soyouz était conçu au départ comme un lanceur intercontinental.
La guerre froide n'avait pas de frontière, même pas celle de l'espace. Il y a eu un changement graduel de paradigme pendant le développement du programme Apollo qui s'est traduit par la signature en 67 du Traité de l'espace, lequel a démilitarisé ledit espace. Les Américains se sont donc crus obligés de spécifier que le fait de planter la bannière étoilée ne signifiait pas la prise de possession d'un territoire (ce qui aurait été le cas si le traité n'avait pas été signé) mais un symbole qui blablabla… pour le bien de l'humanité tout entière, d'où le petit pas de Neil Armstrong.
Pour faire joli on a donné à l'équipe un seau et une pelle pour qu'ils ramassent un peu de régolithe et ça a donné un peu de science.
Autrement dit la science a servi de cache-sexe à une colossale opération de propagande et de géostratégie. Je dirais que, vu la petite place qu'elle a occupé dans tout ce Barnum, le cout a été marginal. Elle a donc eu de la chance qu'on lui donne un strapontin.
Sauf que, tandis que le raton laveur et la mouche tsé-tsé colonisent des espaces qui leur conviennent de manière instinctive, l'homme le fait de façon réfléchie et intentionnelle ce qui, à mon avis change tout. Le fait est qu'on a déjà vu dans le passé des espèces qui signent leur propre arrêt de mort en détruisant leur environnement et/ou en épuisant leurs ressources, l'Homme, en bon super-prédateur qu'il est, technologiquement avancé de surcroit, a des capacités démultipliées sur ces points-là. Il suffit de regarder l'état où se trouve aujourd'hui l'orbite basse. Il est d'ores et déjà fort aléatoire d'y installer un nouveau satellite lequel finira de toutes façons lui aussi par polluer son propre environnement. Bien que tout le monde soit conscient du problème depuis déjà des décennies la situation ne fait qu'empirer et il n'y a visiblement aucune solution non seulement pour résoudre le problème existant mais même pour l'empêcher de s'aggraver. Transporte un humain n'importe où, il va dans un premier temps faire de son environnement une décharge, dans un deuxième il va y implanter ses activités criminelles et dans un troisième il va y faire la guerre. Tu veux voir Mars devenir un tas d'ordures, un repère de bandits et un champ de bataille ?
C'est ce qui s'est produit systématiquement dans l'Histoire. Pourquoi est-ce que ça changerait dans le futur ?
Nico
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