Hello
Dans ce projet, je vais vous faire découvrir un moteur très méconnu, et pourtant si répandu!
C'est le moteur à courants de Foucault, ou ECM (Eddy Current Motor). Ce type de moteur est particulièrement fascinant et intriguant, notamment à cause de sa simplicité, particulièrement au niveau du rotor, et de son mode de fonctionnement qui, pour le profane a tout de la magie.
Ce projet va être relativement décousu, et comprendra des circuits auxiliaires, des explications théoriques, des recettes à appliquer pour arriver à faire tourner son propre moteur ainsi que quelques exemples pratiques.
Voyons d'abord les possibilités. Peut-on vraiment faire tourner (et même bouger n'importe) quoi?
La réponse est oui, à deux conditions: l'objet doit être conducteur, et non-magnétique. On peut donc adopter une forme de rotor relativement classique, cylindrique p.ex., mais avec une particularité inhabituelle: ce rotor sera plein, ou du moins sans aucune structure.
On peut aussi se montrer plus créatif: on verra que le rotor peut se résumer à un disque découpé dans un feuille d'aluminium alimentaire; on n'est pas obligé de s'en tenir à des formes ou des mouvements circulaires, on peut p.ex. mettre une bande conductrice en translation, ou imposer des mouvements alternatifs à une pièce. Une fois que l'on a compris les principes, on n'est limité que par l'imagination.
Pourquoi ce moteur aux capacités si remarquables est si peu connu et si peu utilisé (du moins dans l'industrie)?
Il y a probablement deux raisons: la première, c'est le rendement, qui est assez lamentable et qu'il est structurellement impossible d'améliorer, et l'incompréhension, car ce moteur déroute et est mal compris. Il est d'ailleurs souvent confondu avec une variante de moteur asynchrone.
Il y a cependant quelques applications industrielles, p.ex. pour des enrouleurs ou des extrudeuses, où ses particularités trouvent leur place.
Nous allons commencer par voir son principe de fonctionnement (voir fig. ECMexpl).
Le moteur est constitué de deux bobines qui interagissent avec le rotor, ici représenté par un disque conducteur. Pour faciliter la compréhension, l'une sera appelée "excitatrice", tandis que l'autre, sur laquelle la réaction se fait sera appelée "motrice"; il est clair cependant que le dispositif est symétrique et que toutes les actions/réactions sont bilatérales.
On alimente la bobine excitatrice par un courant alternatif de phase 0°; ce courant induit une tension dans la masse conductrice du disque, et comme il se comporte comme une spire en court-circuit, un courant va prendre naissance, déphasé de 90°, puisque le circuit est inductif. Ce courant va générer un champ magnétique secondaire, qui va alors pouvoir réagir avec le champ de la bobine motrice, qui est également retardé de 90°. Cette interaction des deux champs va générer une force entre la bobine motrice et le disque, et la composante tangentielle de cette force va exercer un couple sur le disque: il se met à tourner.
On voit qu' il y a deux ingrédients fondamentaux pour arriver à cette rotation: un déphasage électrique entre les deux courants d'alimentation, et un déphasage mécanique entre les bobines.
Chose intéréssante, la fréquence d'alimentation n'apparait pas directement dans ce raisonnement: le seul paramètre temporel est le déphasage. Cela ne veut pas dire que la fréquence n'aura pas d'effet indirect sur les caractéristiques de fonctionnement, mais fondamentalement, le couple est généré quelle que soit la fréquence, et quelle que soit la vitesse de rotation du disque. Il n'y a donc pas de vitesse de synchronisme par exemple. En fait, ce moteur génère un couple quasi-pur, ce qui explique son rendement médiocre à toutes les vitesses inférieures à l'infini.
Une fois compris, le fonctionnement est simple, et la réalisation physique l'est encore plus, alors est-il nécéssaire d'aller plus loin, de décrire des auxiliaires, etc?
Oui, car les réalités technologiques sont telles qu'il sera difficile de faire tourner quoique ce soit sans se donner un minimum de moyens.
La première chose est de disposer d'une source d'alimentation capable de générer les tensions I et Q, avec toute la flexibilité voulue sur le plan fréquence, tension, et courant.
C'est l'objet du circuit ECMdrv, qui sera décrit au prochain épisode...
A suivre..
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