Hello,
Voici un projet, qui s'il avait été présenté deux mois plus tard n'aurait probablement pas été pris au sérieux. Inutile de vérifier vos calendriers cependant, c'est bien vers le début février que nous allons.
Ce convertisseur mérite bien son appelation "d'ultra basse tension": il est capable de démarrer à moins de 250mV d'alimentation et de fournir de la puissance jusqu'à 150mV. Il ne s'arrête complètement qu'à 110mV.
Je vous propose ce projet sous forme de "sneak preview": le circuit va faire l'objet d'une publication dans les semaines à venir, et j'ai décidé d'offrir aux participants de Futura un petit aperçu avant le reste du monde. Ce genre de pratique se répand de plus plus en plus, et selon le domaine porte le nom d'avant-première, de pré-vernissage ou de "bonnes feuilles", alors pourquoi ne pas introduire cette tradition sur ce forum?
Bien entendu, il n'est pas question, pour des raisons de copyright, de publier le matériel de l'article. Les circuits et concepts peuvent par contre être librement discutés, puisqu'ils ne font l'objet d'aucun brevet ou protection similaire. C'est ce que je vous propose ici.
Les convertisseurs très basse tension suscitent actuellement un intérêt grandissant, vague verte oblige: la mode est de plus en plus au "energy harvesting", càd la récupération de toutes sortes d'énergies faibles, diffuses, et surtout gratuites!
Diverses solutions, y compris commerciales ont déjà été proposées: par exemple le LTC3527 de Linear, qui fonctionne encore à 0.5V, mais nécéssite 0.7V pour démarrer.
http://www.linear.com/pc/productDeta...1,C1060,P49807
Il y aussi des petits bricolages gadgets, qui permettent d'allumer une LED avec une tension de moins d'un volt:
http://www.edn.com/article/CA6515353...dustryid=44217
Mais ce genre de circuit n'est pas très sérieux, et de toutes façons, en dessous de la limite fatidique du Vbe, les candidats se raréfient terriblement: il ne reste que quelques convertisseurs basés sur des transistors au germanium ou des jFETs, qui ne permettent que des puissances vraiment ridicules.
Le circuit décrit, par contre, n'utilise que des classiques transistors bipolaires au silicium, ce qui semble à priori impossible: on est bien en-dessous de la limite du Vbe. Cela dit, cette barrière est surtout psychologique: en fait, il n'existe pas de tension de seuil, simplement une équation du courant de jonction en fonction de la tension, qui est exponentielle, et donne l'impression d'avoir un "coude" bien marqué à 600mV. Cependant, tout psychologique qu'il soit, l'obstacle est de taille: à température ordinaire, pour baisser le Vbe de 60mV, il faut diviser la densité de courant par 10; à ce compte là, on se retrouve très vite dans les nA, et à de tels niveaux de courant, la transconductance dégringole à des valeurs qui rendent la réalisation d'un oscillateur impossible.
Voyons comment l'impossible a été accompli:
Il faut d'abord un circuit d'oscillateur capable de fonctionner de manière efficace à de très basses tensions: l'oscillateur bloqué qui sert de base aux petits convertisseurs flyback est très mal adapté, or ici nous souhaitons réaliser un circuit sérieux, utilisable pour alimenter de vrais circuits, et non un simple gadget de démonstration. La modification qui a été apportée est de le faire travailler en courant: voir la figure V1. C'est un transfo de courant, inséré dans le collecteur, qui assure la réaction positive nécéssaire au maintien des oscillations.
De cette manière, l'influence de la tension d'alimentation sur la tension de réaction disparait, ce qui permet des oscillations jusqu'à 110mV.
Ce n'est que la moitié de la solution: il reste le problème du démarrage, qui ne se ferait à priori que vers 0.5V.
Ce problème a été contourné grâce à une astuce, permise par C2 et R3: lorsque l'interrupteur d'alimentation est coupé, R3 charge positivement C2; plus loin, le circuit est complété par R4.
Au moment où l'on ferme l'interrupteur, l'armature positive de C2 se retrouve à un potentiel de 2X la tension d'alimentation, qui polarise la base du transistor à travers le secondaire du transfo de réaction. Cette tension de 500mV est suffisante pour générer un courant de quelques µA dans le collecteur de Q1, ce qui, grâce à la structure très particulière de l'oscillateur, est suffisant pour amorcer les oscillations. Une fois que celles-ci sont établies, elles peuvent s'entretenir sans problème.
Le reste est classique, la self L2 stocke l'énergie pour la délivrer à la tension souhaitée via D2.
C4 et D3 sont optionnels, ils permettent de gagner un peu en rendement en recyclant une partie de l'énergie stockée dans le transfo. Ils peuvent cependant rendre le démarrage plus difficile.
La partie de droite du schéma montre une possibilité d'extension, pour atteindre des puissances plus élevées: ici, un convertisseur esclave est piloté par la forme d'onde du convertisseur principal.
Il serait bien sûr également possible d'utiliser le circuit de base pour alimenter un IC controleur de SMPS normal, mais cette solution est plus simple et plus directe.
Pour fixer les idées, avec les composants indiqués, le convertisseur de base sort 8.85mA sous 3.02V. la consommation est alors de 269mA. Avec le circuit esclave, il est possible de multiplier par 10 le courant de sortie.
Les composants seront discutés en détail dans un post ultérieur; disons simplement que le 2SC1983 est un transistor super-beta assez préhistorique, et il est possible de faire beaucoup mieux avec des composants plus adaptés, mais le premier proto a été basé sur ce type.
La charge montée en exemple est une diode LED blanche, mais elle peut évidemment être remplacée par une diode zener, de 3.3V ou de 5.1V, pour alimenter un montage. Si des tensions nettement plus élevées sont souhaitées, il est préférable d'utiliser une alternative, ce sera discuté plus tard.
Quelles applications peut-on envisager pour un tel circuit? On peut déjà en citer quelques unes:
La première est évidemment l'utilisation d'une source d'énergie thermoélectrique, type thermocouple ou batterie Peltier. L'avantage, dans ce cas est de pouvoir travailler un minimum d'éléments en série, ou des delta T° très faibles, comme celui produit par la chaleur de la main.
Il y en a bien d'autres: d'habitude, il faut mettre plusieurs cellules solaires en série pour alimenter un montage, alors qu'ici, c'est le contraire: on pourrait en alimenter deux en série, avec une seule cellule photovoltaique.
Et puis, il y a toutes les machines homopolaires, magnétohydrodynamiques et autres, dont la tension de sortie de base est en général faible, et la mise en série délicate.
Mentionnons aussi les couples électrochimiques biscornus, qui sont en général négligés à cause de leur Fém trop basse.
A suivre....
Bonjour à tous
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