Le problème dans toute définition positive ou positiviste du Moi que ce soit la psychologie ou la philo c'est le chainage automatique et quasi-inéluctable des concepts.
Si je dis “le Moi c'est des facultés cognitives associées à l'intelligence“ tout de suite quelqu'un surtout si c'est en public ou dans un cours va me dire “C'est quoi l'intelligence?“ .
La démarche de la théologie négative qui consiste à essayer de définir le Moi par une définition du non-Moi ne marche pas mieux. Si je dis le “le non-Moi c'est tout ce qui ne fait pas partie de mon corps, le corps propre“ pareil! Quelqu'un va demander “c'est quoi le corps ou le corps propre?“
À ce propos une phrase drôle d'un Américain j'ai oublié qui et qui définissait l'intelligence à sa manière: “La preuve qu'il existe une intelligence extra-terrestre c'est le fait qu'ils n'aient jamais cherché à nous rencontrer“.
À la limite c'est la psychanalyse qui en parle le mieux parce que.. elle en parle peu ou le moins possible. Si Freud parle du Moi divisé (IchSpaltung) il n'en a jamais donné la définition par exemple et s'est très peu étendu sur le sujet sinon pour former des topiques dont une célèbre celle entre le Moi, le Ça et le Surmoi.
Mais ça c'est la psychanalyse... Effectivement on arrive à mieux définir des facultés cognitives pour des personnes atteintes de déficience que pour des personnes saines et à mon avis ça procède pareil pour le Moi. En gros chez les schizophrènes ou autistes, il n'y pas de dualité entre leur Moi (lequel existe bien sûr ce n'est pas parce qu'on est autiste ou schizophrène qu'on n'a pas de Moi!) et le monde réel environnant.
Bettelheim a passé sa vie à étudier les autistes surtout les enfants et il en est mort d'ailleurs.
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