Bonjour à toutes et tous,
Je viens vers vous pour une question théorique.
Vous n'êtes peut-être pas des proustiens convaincus ; mais vous avez nécessairement déjà entendu parler de la madeleine, et vous avez peut-être vécu une ou des expériences similaires.
Dans le premier volume de La Recherche, Du côté de chez Swann, Proust raconte l'épisode célèbre de la madeleine, et du plaisir qu'il a eu à retrouver un souvenir d'enfance en passant par le biais d'une perception commune à deux époques, en l'occurrence le goût de la fameuse madeleine trempée dans du thé.
Dans le dernier volume de La Recherche, Le temps retrouvé, à l'autre bout de son œuvre, Proust revient sur cet épisode et tâche d’en donner une explication (Folio, bas de la page 179).
Comme explication à l'origine de ce plaisir, il suggère l'idée que cette fusion psychologique de deux instants distants dans le temps affranchit l'homme "de l'ordre du temps" ; et qu'en sortant ainsi de la temporalité, il échappe à l'idée d'avenir, et par conséquent de mort.
Je suis perplexe.
Cette espèce de "sentiment océanique temporel" (que je nomme ainsi en référence au "sentiment océanique" spatial freudien), à l'émotion très intense, peut-il réellement provenir de l'idée d'échapper, ne serait-ce que quelques instants, à l'idée de la mort ? Cela à un niveau inconscient ?
C’est-à-dire, en détaillant :
- une réminiscence spontanée peut-elle conduire à un sentiment de "sortie de la temporalité" ?
- si c’est le cas, cette "sortie de la temporalité" peut-elle conduire au sentiment d’échapper à la mort ?
- si de nouveau c’est le cas, ce sentiment d’échapper à la mort peut-il conduire à un sentiment si intense de plaisir, ou même à un simple soulagement, moins profond ?
- tout cela peut-il se faire sur un mode inconscient ?
Je n'ai pas vraiment étudié de près les exégèses de Proust, mais je n'ai pas l'impression que cette thématique de son œuvre ait été très approfondie. Mais je me trompe peut-être.
Merci à celles et ceux qui me donneront leur avis sur cette question.
Bonnes réminiscences.
Paminode
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