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Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses



  1. #31
    karlp

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses


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    Citation Envoyé par Nymphéa53 Voir le message
    je ne peux résister au plaisir de vous répondre, mais nous allons nous faire éjecter!!c'est amusant de lire les auteurs que vous avez choisis, à part Nietzsche, que nous semblons connaitre un peu tous les deux, j'aurais plutôt dévié pour ma part vers Spinoza, pour qui la vérité est certes l'idée vraie, c'est à dire adéquate (claire et distincte), mais idée vraie en même temps consciente d'elle-même comme idée vraie, et par conséquent certitude réflexive de posséder une idée vraie, ce que justement, à mon tout petit niveau, j'ai du mal à "avaler"
    D'autant plus qu'il ajoute (Ethique) que "la vérité est la norme et de la vérité même et du faux"....
    La norme, brrrrrrrrrr

    Mais en vous lisant tous, ici, je me dis que Nietzsche avait bien raison , lui qui a osé poser la question radicale du caractère moral de l'exigence de vérité. Vaut-elle elle même tant d'être recherchée?.............Si la vérité est un choix , nous pouvons peutêtre préférer autre chose que la vérité... Et j'en reviens à Hamlet... (Oeudipe je connais moins)
    Et j'en reviens à tous ceux qui parlent de vrai, faux, etc...
    Pour finir (pardon de toutes ces digressions messieurs les modérateurs), il me semble, Nietzsche à l'appui, , que le problème de la vérité n'est pas seulement de la définir, ou d'en énoncer les conditions, mais relève avant tout de notre liberté....

    Et ne me demandez pas qu'est ce que la liberté.....
    Je crois vaguement me souvenir que pour Spinoza, l'idée vraie est l'idée qui, dans l'ordre de la substance pensée, correspond adéquatement au mode de la substance étendue ; sa connaissance est celle de la cause prochaine ("traité de la réforme de l'entendement" ?). Je crois également qu'il ajoutait que la liberté réside dans la connaissance de ce qui nous détermine, idée qui avait séduit Freud.

    En effet, nous pouvons désirer autre chose que la vérité (objective ) et c'est d'ailleurs pour celà qu'il n'y a pas de sens, en analyse, à se demander si un patient ment ou pas; la révélation brutale de la vérité objective, opposée à l'expression "mensongère", révélant par la même une vérité intime, peut produire des effets désastreux.

    Oui, je vous suit lorsque vous associez la question de la vérité intime à celle de la liberté. Le terme de "liberté" utilisé par les philosophes correspond parfois à ce que nous pointons du terme "subjectivité"; et c'est bien à cette dernière que colle la question de la vérité.
    Je préfère insister encore sur ce point: le sujet étant divisé, sa "vérité"ne saurait que se "mi-dire", ne pas être dite "toute".
    Un savoir "objectif" sur cette "vérité" intime est impossible (on ne peut objectiver le sujet de la psychanalyse: il n'est pas une substance comme le pense Descartes).

    -----

  2. #32
    invite7863222222222
    Invité

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par karlp Voir le message
    Un savoir "objectif" sur cette "vérité" intime est impossible (on ne peut objectiver le sujet de la psychanalyse: il n'est pas une substance comme le pense Descartes).
    Vous faites allusion au savoir objectif pour dire qu'il est impossible, ce sur quoi je pense que l'on ait d'accord. Mais je dirais que la question ne se pose pas pour quelqu'un qui pense que la recherche de la vérité subjective elle-même n'a pas de sens.

    J'aimerais donc que vous en disiez plus sur la notion de savoir "subjectif", et à quoi il correspond.

    En attendant impatiemment votre réponse.

  3. #33
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    je vous suis parfaitement, et vous sais gré, , de faire les liens entre philosophie et psychanalyse, sachant que je n'ai qu'une connaissance partielle, et partiale de cette dernière.
    Votre analyse de Spinoza et de ce qu'il défend comme doctrine de vérité me parait ne pas le trahir, et toute en finesse de votre part...
    Et que vous reliez vérité, substance et connaissance est du pur délice intellectuel pour moi, mais tel n'est pas l'objet de ce forum je crois
    A bientôt, je vais réfléchir avant de vous répondre plus avant...

  4. #34
    karlp

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par Nymphéa53 Voir le message
    Et que vous reliez vérité, substance et connaissance est du pur délice intellectuel pour moi, mais tel n'est pas l'objet de ce forum je crois
    .
    Détrompez vous: nous ne sommes pas hors sujet. Comme vous pouvez l'observer la question de la "vérité" est au coeur de cette question difficile proposée par Créon.

  5. #35
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    avant de partir affronter embouteillages et blocages à la pompe, juste une question:
    pourriez-vous me dire en quelques mots simples ce que Lacan a dit d la vérité?
    Et pourriez-vous m'indiquer des séminaire ou es livres écrits par lui sur ce sujet?
    Ainsi, je pourrais me joindre à vous sur cette discussion passionnante....
    Merci à vous, à bientôt

  6. #36
    karlp

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Très difficile de vous donner une référence suffisemment synthétique (peut-être Créon a t'il ça à sa disposition ?).
    Voici toutefois un tout petit extrait de Serge André (psychanalyste lacanien) qui a le grand mérite d'être simple et clair: "la notion de vérité que l'expérience analytique met en oeuvre n'est pas celle qui comporte le contrôle de la véracité objective d'un dire, mais plutôt celle de ce qui est vrai pour le sujet, d'une vérité de discours par conséquent, qui peut mentir, certes, et même qui ment tout le temps, mais qui ne ment que parce que le discours vise un impossible à dire" (in "l'imposture perverse")

    Nous sommes très proche de Nietzsche.

    Cordialement

  7. #37
    inviteddcbe35f

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Bonjour,

    Dans le réel, il y a une seule vérité. Par exemple, l'attraction de la pesanteur, les pommes tombent toujours au sol et ne montent jamais sur la branche du dessus.

    Dans le signifiant, même tous les mensonges sont des vérités.

    La vérité, c'est:
    1) Le père d'Hamlet a été assassiné par l'oncle de celui-ci, qui a épousé sa mère
    2) Laïos et Jocaste sont les parents biologiques d'Oedipe

    Mais:
    1) Savoir la vérité n'aide pas Hamlet, ça l'inhibe plutôt (inhibition...angoisse). Il voudrait une vérité qui lui plaise mieux, d'où les ratiocinations du phobique.
    2) Oedipe a une autre vérité que la vraie, et il n'en doute pas. Ses parents sont Polybe et Mérope. Le vieillard rencontré est un emm...eur et il le tue. La reine Jocaste le prend pour époux. Même quand la peste arrive, il se met lui-même à la recherche de l'assassin du roi Laïos.

  8. #38
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    merci Karlp et créon, je comprends mieux signifiant et vérité...
    y a t-il un concept qui relierait les deux? comme les deux aspects d'une même substance? (cf étendue et pensée chez Spinoza), la vérité pouvant être l'étendue, le signifiant la pensée , les deux intervenant en meme temps oups, je me lance dans une hypothèse interprétative

  9. #39
    karlp

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par Nymphéa53 Voir le message
    merci Karlp et créon, je comprends mieux signifiant et vérité...
    y a t-il un concept qui relierait les deux? comme les deux aspects d'une même substance? (cf étendue et pensée chez Spinoza), la vérité pouvant être l'étendue, le signifiant la pensée , les deux intervenant en meme temps oups, je me lance dans une hypothèse interprétative
    Si je file votre analogie, je dirai que c'est en partie sur ce point que Lacan rectifie Freud. Ce dernier semblait penser parfois que toute la vérité du sujet pouvait être exhibée. Cette croyance a eu quelques effets négatifs sur l'homme aux rats (d'autant qu'il avait tendance à confondre la vérité du sujet et la vérité historique).
    La vérité du sujet serait plutôt ce qui se lit dans la "petite musique" des signifiants; lesquels ne méritent véritablement cette appellation que s'ils permettent la représentation du sujet. Mais cette vérité ne peut (le sujet n'ek-sistant que représenté; ce pourquoi Lacan l'écrit S barré) être dite dans sa totalité (pour Spinoza "Tout" peut être dit).

    Par ailleurs, les mots ne jouent plus leur rôle de "signifiants" (au sens lacanien) s'ils sont employés de façon strictement convenue: certains individus ne parlent que par expressions toutes faites; celles ci cachent le sujet, voire visent à l'étouffer. Je crois que c'est là l'attitude de l'obsessionel, mais peut-être que Créon l'attribuerait plutôt au phobique (Qu'en dîtes vous Créon ?)

  10. #40
    invite7863222222222
    Invité

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Vous allez rire mais je cherche toujours à me faire une idée de ce qu'est le signifiant :

    Citation Envoyé par creon31 Voir le message
    Dans le signifiant, même tous les mensonges sont des vérités.
    et je vais peut être finir par comprendre ce c'est : est ce que si je dis que le signifiant est toutes les images que l'on peut exprimer, donc indépendamment du fait qu'il s'agit de fait avérés ou non, je me fais une image correcte du signifiant ?

  11. #41
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    pourquoi la petite musique des signifiants ne pourrait-elle pas être "toute" dite? Si justement on accordait aux mots le sens qui serait propre à celui qui s'exprime, et non plus forcément le sens conventionnel, chacun pourrait "dire", et le problème serait alors déplacé, puisque ce ne serait plus une incapacité à dire, mais une incapacité à être entendu...
    Je me trompe peut-être, étant plus linguiste que lacanienne...

  12. #42
    Zozo_MP

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Bonjour Nymphéa

    Si justement on accordait aux mots le sens qui serait propre à celui qui s'exprime, et non plus forcément le sens conventionnel,
    Nous ne sommes pas dans le même ordre de registre j'allais dire malheureusement.
    Quand on parle de petite musique il faut ce rappeler que l'on différencie le signifiants linguistiques du sens commun et celui dont on parle en psychanalyse qui est l'image acoustique du signifiant.
    Je dirais même des bribes ou des séquences acoustique d'un même mot.

    Souvent l'image acoustique est elle même scindée (séquencées comme des brins dADN) et répartie dans des groupes de signifiants hors contexte et banaux.

    C'est donc par le regroupement de réalité homologues que le patient fini par reconstruire plus ou moins le puzzle.
    Le message ré-émis par le sujet ne dit donc pas toujours ce qu'il veut dire dans le sens apparent ou commun.
    Je prend un petit exemple d'un femme qui se plaint de faire toujours le même rêve angoissant donc on lui fait raconter plusieurs fois le même rêve ou elle tombait en panne juste devant des garages qui avaient comme point commun d'avoir tous une citerne de Butagaz devant.
    Finalement l'affaire enfin révélée ""devant les gars je rage et suis en but aux gars"" en l'occurence c'était le triumvirat de son fils, du père, et son oncle qui n'était pas simple d'esprit.

    Or ici c'est un cas simple car tout est condensé dans un seul rêve avec peu de conséquences, mais quelques fois ces réalités homologues ne le sont pas du tout.

    chacun pourrait "dire", et le problème serait alors déplacé, puisque ce ne serait plus une incapacité à dire, mais une incapacité à être entendu...
    Ce n'est pas tellement l'incapacité de dire puisque le problème est déjà précisément déplacé et n'apparaît que subrepticement au sujet au travers des réalités homologues.
    C'est que le sujet ne c'est pas quoi dire puisque le sens de ce qu'il aurait à dire ne lui est pas accessible. Le sujet dit beaucoup au parloir, mais sans vraiment rien dire de ce qui est crypté et en plus placé dans une crypte bien obscure.

    Lacan conseillait d'ailleurs de faire beaucoup mais vraiment beaucoup de mots croisés et on peut comprendre le double sens de son message. Un mot est à poser dans une grille mais que l'on doit déjà être décrypté dans la définition puis le placer au bon endroit dans la grille (ou sur le grill dans le cas de l'analysant) où sa position révèlera d'autres mots dans les autres lignes et colonnes.
    Ainsi pour faire une hamlette il faut savoir quels œufs casser ; ce qui amène à ce dire à dire "will the message be decrypted or not : thats the answer".

    Ainsi pour pour hamlet
    Savoir la vérité n'aide pas Hamlet, ça l'inhibe plutôt (inhibition...angoisse).
    il sait comment faire l'omelette mais il la rate quand même d'angoisse.


    Cordialement




    il sait comment faire l'omelette mais il la rate quand même d'angoisse : inventant ainsi les oeufs brouillés comme l'écoute du même nom.

  13. #43
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    je conçois très bien ce qu'est le signifiant "acoustique", certains m'ayant donné l'explication, et nous sommes donc bien dans le même registre...à savoir que l'on peut toujours s'exprimer acoustiquement , le problème n'étant pas, à mon avis, dans la capacité ou non à le faire, mais dans la capacité à le décrypter, ce qui n'est pas la mpême chose...
    Ton Homelette me fait penser à ce que l'on dit toujours: regarde où tu marches, alors qu'il est mille fois préférable(neurosciences obligent) de dire vas où tu regardes... Tout est une question, comme tu dis, de savoir quel angle de vue prendre... donc de connaissance, isn't it?

  14. #44
    invite7863222222222
    Invité

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Bonjour,

    Citation Envoyé par Zozo_MP Voir le message
    Or ici c'est un cas simple car tout est condensé dans un seul rêve avec peu de conséquences, mais quelques fois ces réalités homologues ne le sont pas du tout.
    Vous êtes vous déjà demandé, comment expliquer ce phénomène ?

    Pour faire simple, je prends les deux extrêmes : il pourrait y avoir une sorte d'entité inconsciente auquel le discours serait complètement soumis en transformant les non-dits en discours incorporant de manière cachée ces non-dits, ou alors à l'autre extrême à l'origine du discours, il y a la volonté d'exprimer un sens commun qui est altérée par des pensées inconscientes pour finir par contenir un sens caché.

    Dans le premier cas, le discours pourrait être considéré comme le reflet de l'entité inconsciente, dans le second cas, il garderait son sens commun : expression libre de l'individu (en interférence avec l'inconscient), mais je ne sais pas si je suis très clair.

  15. #45
    karlp

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par Nymphéa53 Voir le message
    pourquoi la petite musique des signifiants ne pourrait-elle pas être "toute" dite? Si justement on accordait aux mots le sens qui serait propre à celui qui s'exprime, et non plus forcément le sens conventionnel, chacun pourrait "dire", et le problème serait alors déplacé, puisque ce ne serait plus une incapacité à dire, mais une incapacité à être entendu...
    Je me trompe peut-être, étant plus linguiste que lacanienne...
    Bonsoir

    Je ne me suis pas exprimé de façon suffisamment claire.

    C'est la vérité du sujet qui ne peut être dite dans sa totalité.

    Pour que cela fut possible, il aurait fallu que le sujet soit (réductible à) une substance, ou un comportement, ou une machine à calculer, etc.

    Dit autrement, il faudrait que le sujet constitue une "identité" (quelque chose qui ne ferait qu'un avec soi-même).

    Mais si le sujet est lui -même divisé (n'existant que représenté et non substanciellement) il ne saurait être une "unité", ce qu'implique l'idée de totalité. Voilà pourquoi cette vérité du sujet ne peut que se mi- dire (ne pas se dire toute).

  16. #46
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    merci de toutes ces précisions! dois je comprendre que vous considéerez que le sujet n'est jamais une unité????? Nous sommes alors effectivement aux antipodes de Spinoza Qu'est ce qui permet d'affirmer que le sujet n'est que représenté?

  17. #47
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    vous êtes très clair, mais d'où tirez-vous ces tentatives d'explication?

  18. #48
    inviteddcbe35f

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par karlp Voir le message
    Par ailleurs, les mots ne jouent plus leur rôle de "signifiants" (au sens lacanien) s'ils sont employés de façon strictement convenue: certains individus ne parlent que par expressions toutes faites; celles ci cachent le sujet, voire visent à l'étouffer. Je crois que c'est là l'attitude de l'obsessionel, mais peut-être que Créon l'attribuerait plutôt au phobique (Qu'en dîtes vous Créon ?)
    "La façon de l'obsessionnel si particulière de traiter le signifiant, de savoir le mettre en doute, de l'astiquer, de l'effacer, de le triturer, de le mettre en miettes" Séminaire 10 p77

  19. #49
    invite7863222222222
    Invité

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Créon31, pourriez vous répondre à ma question que j'ai posé plus haut sur le signifiant, la vérité et les mensonges ?

  20. #50
    karlp

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par Nymphéa53 Voir le message
    merci de toutes ces précisions! dois je comprendre que vous considéerez que le sujet n'est jamais une unité????? Nous sommes alors effectivement aux antipodes de Spinoza Qu'est ce qui permet d'affirmer que le sujet n'est que représenté?
    C'est exact, le sujet sur lequel opère l'analyse n'est pas "un".

    Le sujet dont il est ici question est, en quelque sorte, l'effet de l'inscription dans le langage, inscription qui ne se fait évidemment pas sur le mode de l'apprentissage d'un "dictionnaire".
    C'est par la parole de l'Autre (en premier lieu la mère, dont le désir est déterminant; puis le père, dont la loi a pour visée d'introduire l'individu à l'ordre symbolique) que nous sommes "entrés" dans le langage.
    La parole que j'énonce "renvoie à" et "constitue" un sujet de l'énoncé, que nous appelons le "moi" et qui coïncide avec la (les) personnalité (s), les divers masques que nous ne pouvons pas ne pas porter, et qui assume(nt) une partie des fonctions conscientes.

    Cette parole "renvoie à" et "constitue" également le sujet de l'énonciation, qui est l'effet du signifiant .

    C'est au travers de l'énonciation (la "petite musique"), et tout particulièrement de certaines contradictions, que se repère le sujet, dont le désir est l'insigne: mon énonciation porte la marque de mon désir et de ma subjectivité (vous remarquerez que certaines personnes, souffrant d'une incertitude quant à leur "être", d'une sorte de "manque à être", ne cessent de parler et, au travers de leur parole, de quêter auprès de l'autre quelque chose qui leur garantirait cet "être". On appelle ça communément un "besoin de reconnaissance").
    Toutefois le sujet n'est pas un signifiant: il n'est que représenté par celui ci. C'est pourquoi, à la façon d'Héraclite d'Ephèse (dit "l'obscur") nous pouvons dire qu'il est et n'est pas: en dehors du signifiant, il n'y a pas de sujet, mais par le signifiant il n'acquiert aucune substancialité. C'est pourquoi nous le disons "divisé".

    Du fait de cette division fondamentale, rien n'est plus éloigné de la visée d'une analyse que la découverte de son identité propre; l'effet d'une analyse serait plutôt de rendre insignifainte cette question qui torture tant les individus ( c'est cette "torture" qui porte les individus vers ce que Amin Maalouf appelle "l'identité meurtrière").


    La question que je me pose, s'agissant de Spinoza, c'est: que peut-il dire de plus une fois qu'il a écrit l"Ethique"? (si l'ouvrage atteint son but, il n'a plus rien à dire; s'il continue de parler , c'est que l'"Ethique" n'a pas "tout" dit, que quelque chose à échappé à cette entreprise, qu'un "reste" demeure).
    De façon analogue, Hegel n'a plus rien à dire une fois qu'il a achevé son système: ne reste plus, nous dit Georges Bataille, que "l'horreur d'être devenu dieu" - Il veut dire notamment que Hegel a tué son désir, sa subjectivité s'est évanouie. Hegel a effectivement cru devenir fou à ce moment là.

  21. #51
    karlp

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par Nymphéa53 Voir le message
    vous êtes très clair, mais d'où tirez-vous ces tentatives d'explication?
    Je suis très touché par votre compliment.

    Pouvez vous préciser votre question ?

  22. #52
    karlp

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par creon31 Voir le message
    "La façon de l'obsessionnel si particulière de traiter le signifiant, de savoir le mettre en doute, de l'astiquer, de l'effacer, de le triturer, de le mettre en miettes" Séminaire 10 p77
    Je peux comprendre cette formule de diverses façons (l'éthique de Lacan impliquait qu'il ménage , au lieu de l'Autre, une place pour le sujet). Il faut que je remette celle ci dans son contexte. Merci pour la référence.

  23. #53
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Karlp, je me demandais juste comment vous connaissiez philosophie et psychanalyse... mais je ne veux pas être indiscrète!
    Disons que j'apprécie la façon dont vous me répondez...

  24. #54
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Réponse pour Karlp
    Spinoza , en écrivant son éthique, a ouvert la voie vers une persistance dans l'être (je ne partage pas tout à fait l'analyse qu'en fait Robert Misrahi , notamment le bonheur...). Donc non seulement ce n'était pas une question d'avoir quelque chose à dire, mais son éthique est une éthique d'action, c'est le philosophe de l'être, et donc si on le lit, et si on le comprend, c'est la porte ouverte, et non pas fermée, vers la plénitude de l'être.......
    D'ailleurs, Hegel, que vous citez, et Bergson, n'ont -ils pas dit que tout philosophe a deux philosophies: celle de Spinoza et la sienne...

    Pour le reste de votre réponse, merci beaucoup, je vais la décortiquer pour essayer de bien la comptrendre et ne pas faire de contre sens...

  25. #55
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    pour Karlp, suite
    Spinioza décrit le Désir comme d'abord "l'effort pour perséverer dans l'être". L'effort pour perséverer dans l'être s'exprime concrètement en l'homme comme effort et dynamisme visant à l'accroissement de la puissance d'exister, qui est la même que la puissance d'agir. Le Désir n'est donc pas une simple force, ni un instinct, il est un dynamisme significatif qui vise à l'accroissement de sa propre puissance.(puissance intérieure de la conscience, et non pouvoir que cette puissance aurait à exercer sur autrui)
    Qu'en pensez-vous, Karlp, et comment répondrait Lacan?....

  26. #56
    inviteddcbe35f

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Bonjour,

    A chaque détour, la lecture de Lacan nous apporte d'heureuses surprises. Ainsi: "Un Socrate hystérique avoué de ce qu'il dit ne s'y connaître qu'en affaire de désir", dans Radiophonie, Autres Ecrits p436

    Socrate est bien en effet un exemple de personnalité hystérique, totalement identifié au signifiant qui le représente, détaché autant que faire se peut des contingences corporelles de l'objet petit a qui est la cause du désir.

  27. #57
    invite53c1d763

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Bonsoir Créon
    comment Lacan peut il dire que Socrate est une personnalité hystérique?
    sur quoi fonde-t-il ce jugement lapidaire?

  28. #58
    invite7863222222222
    Invité

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par creon31 Voir le message
    Bonjour,

    A chaque détour, la lecture de Lacan nous apporte d'heureuses surprises. Ainsi: "Un Socrate hystérique avoué de ce qu'il dit ne s'y connaître qu'en affaire de désir", dans Radiophonie, Autres Ecrits p436

    Socrate est bien en effet un exemple de personnalité hystérique, totalement identifié au signifiant qui le représente, détaché autant que faire se peut des contingences corporelles de l'objet petit a qui est la cause du désir.
    Bonjour, je comprends pas cette intervention (et d'ailleurs je constate à nouveau que vous ne voulez vraiment pas répondre à mes questions), pourquoi parlez vous de cela (d'ailleurs pourquoi Socrate hystérique, d'un autre coté, ca ne m'étonne plus de Lacan d'étiqueter les philosophes qui sont en rupture à un autre courant limite idéologique tel que le platonisme) ?
    Dernière modification par invite7863222222222 ; 23/10/2010 à 08h03.

  29. #59
    mh34
    Responsable des forums

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Je reconnais que lire que Socrate était hystérique me fait sursauter à moi aussi.
    Ou alors, Creon, il va falloir nous expliquer ce que vous entendez ( enfin pas vous mais Lacan) par là...
    D'autant qu'on ne connait de Socrate que ce qui a été écrit par Platon ; juger de l'état névrotique de quelqu'un simplement par l'intermédiaire de ce qui est laissé par un autre me semble pour le moins hasardeux...et pas très "scientifique".
    Un Socrate hystérique avoué de ce qu'il dit ne s'y connaître qu'en affaire de désir
    je ne comprends absolument pas la construction grammaticale de cette phrase...
    "mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde". Albert Camus

  30. #60
    karlp

    Re : Le signifiant lacanien et les trois grandes névroses

    Citation Envoyé par Nymphéa53 Voir le message
    Réponse pour Karlp
    Spinoza , en écrivant son éthique, a ouvert la voie vers une persistance dans l'être (je ne partage pas tout à fait l'analyse qu'en fait Robert Misrahi , notamment le bonheur...). Donc non seulement ce n'était pas une question d'avoir quelque chose à dire, mais son éthique est une éthique d'action, c'est le philosophe de l'être, et donc si on le lit, et si on le comprend, c'est la porte ouverte, et non pas fermée, vers la plénitude de l'être.......
    D'ailleurs, Hegel, que vous citez, et Bergson, n'ont -ils pas dit que tout philosophe a deux philosophies: celle de Spinoza et la sienne...

    Pour le reste de votre réponse, merci beaucoup, je vais la décortiquer pour essayer de bien la comptrendre et ne pas faire de contre sens...
    Bonjour Nymphéa

    (pour votre précédente question: la lecture de certains textes de Lacan reste impossible sans une relative connaissance de divers philosophes. Platon, Aristote,St Augustin, St Thomas d'Aquin, Descartes, Spinoza, Kant, Hegel, Heidegger, Frege, Popper, Deleuze, Sartre, Russell, et quelques autres encore )

    Votre remarque sur Spinoza est parfaitement juste (Spinoza ajoutait qu'il n'y avait rien de plus étranger au philosophe que la pensée de la mort; ceci corrobore votre remarque relative à la persistance dans l'être - Je ne connais Misrahi que de nom). Freud lui-même avouait avoir abandonné la lecture de ce grand monsieur, faut de quoi son attrait pour le spinozisme l'aurait empêché de fonder la psychanalyse.
    La lecture que nous faisant des philosophes dans le champ de la psychanalyse peut être dite "subversive" : nous ne nous attachons pas (exclusivement) à leur intention consciente. Il en va de même d'ailleurs avec les textes de Freud et de Lacan (de là découlent des divergences avec ceux qui privilégient une lecture "religieuse" ou dogmatique).
    Il y a, pouvons nous dire, "incommensurabilité" entre ces deux formes de lecture. Mais cela ne signifie pas "incompatibilité".

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