Asthme physiopathologie
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Asthme physiopathologie



  1. #1
    Pakaa

    Asthme physiopathologie


    ------

    Bonjour,

    J’ai une question qui porte sur la physiopathologie de l’asthme : De ce que j’ai compris, C’est une maladie inflammatoire chronique qui mène un remodelage constructif de muqueuse bronchique. En cas d’asthme allergique, on a une crise d’asthme en cas de présence de l’allergène et pour les asthmes non allergiques cela peut se faire sans stimuli.
    Cependant, ce que je cherche à comprendre c’est l’état des muqueuses en temps normal donc sans exposition à quoi que ce soit. Y a t-il un peu d’inflammation en permanence ?
    Et aussi, pour l’asthme allergique, il est écrit dans mon cours que la cigarette peut être un des stimuli déclencheur, peut on alors considérer la fumée de cigarette comme un allergène ?

    Merci d avance

    -----

  2. #2
    Pterygoidien
    Animateur Biologie

    Re : Asthme physiopathologie

    Chez le sujet asthmatique, les points clés à retenir sont l'hyperréactivité bronchique et l'inflammation, dans l'asthme atopique comme dans l'asthme non atopique. Il y aura donc une réponse anormale des bronches envers des agressions, qui se soldent par une bronchoconstriction (bronchospasme) et une hypersécrétion muqueuse, qui dresse un tableau obstructif chez le sujet atteint. L'élément causal (étiopathogénique) d'une crise peut être alors médié par un allergène (par dégranulation mastocytaire), mais aussi par des non-allergènes qui sont agresseurs dans le cas de l'asthme non atopique (notamment des infections virales, l'exposition à certains médicaments chez un sujet prédisposé ou des métaux et des poussières organiques ou industrielles, ou encore des produits chimiques dans le cas de l'asthme professionnel).

    Sur le plan anatomopathologique, on retrouvera une hypertrophie et hyperplasie des glandes muqueuses, une augmentation des cellules caliciformes dans l'épithélium bronchique cilié, ainsi qu'une hyperplasie avec sensibilité accrue du muscle lisse bronchique. C'est l'état basal, même en dehors des crises, du à un remodelage, qui prédispose alors à ces crises. Pendant les crises, on retrouvera en plus une desquamation de l'épithélium bronchique par plage. A terme, on peut également observer un épaississement de la membrane basale et une fibrose sous-épithéliale.

    Du point de vue de l'inflammation, on retrouve de nombreux types de cellules et de médiateurs qui rentrent en jeu, et la nature des relations varie selon qu'il s'agit d'un asthme allergique (extrinsèque) ou non-allergique, mais il y a des interactions qui sont encore mal élucidées. Un modèle assez ancien pour l'asthme atopique repose sur un déséquilibre entre la réponse des lymphocytes Th2 (CD4+) et Th1(CD8+), déséquilibre qui est mis en avant par "l'hypothèse hygiénique" (les infections dans la petite enfance protègerait le sujet de l'asthme en favorisant une réponse vers un phénotype Th1). On sait aujourd'hui que ce modèle est insuffisant, puisqu'il fait intervenir d'autres types de lymphocytes T, notamment les Treg et les Th17. Quoi qu'il en soit, la primo-exposition chez la personne prédisposée envers un allergène va provoquer une réponse immunitaire impliquant des lymphocytes Th2 et des lymphocytes B naïfs, et l'activation des lymphocytes B en plasmocytes s'accompagne, en fonction du terrain inflammatoire et des cytokines (IL-4, IL-5, IL-13, IL-17A, etc) en jeu, de la sécrétions d'IgE qui vont se fixer aux récepteurs des fractions Fc des mastocytes recrutés : c'est la réaction de sensibilisation. On retrouvera en plus de cela un recrutement éosinophilique (IL-5), qui est un marqueur diagnostic important dans la cytologie d'expectorations induites.

    En dehors des crises, on retrouvera donc surtout un remodelage permanent qui sensibilise les voies respiratoires à une réponse exagérée, mais le sujet est tout à fait asymptomatique et l'inflammation est assez faible. On notera toutefois la présence augmentée en tout temps de cellules inflammatoires, notamment d'éosinophiles et de mastocytes. C'est lors des crises que cette inflammation va prendre un terrain important dans les manifestations cliniques : on retrouvera d'une part une paroi qui est hyperréactive, et donc va donner des réponses de bronchoconstriction et de sécrétions muqueuses exagérées, et d'une autre part, une inflammation dérégulée qui entrainera une bronchoconstriction importante (notamment via les leucotriènes, mais aussi en stimulant des fibres nerveuses de type C avec déclenchement de bronchoconstriction réflexe), une hypersécrétion muqueuse, ainsi qu'un oedème sous-épithélial qui participe à l'obstruction (avec congestion et hyperémie). L'hypersécrétion muqueuse va former des bouchons de mucus épais lors des crises, contenant également des amas d'épithélium desquamés (corps spiralés de Curshmann).

    Lorsque l'asthme chronique s'empire, il peut évoluer vers une bronchite chronique et/ou une hypertension artérielle pulmonaire avec un risque de cœur pulmonaire chronique, du fait de la postcharge ventriculaire droite élevée. Une crise aiguë en elle même peut être dangereuse et aboutir à un état de choc.
    Dernière modification par Pterygoidien ; 09/04/2021 à 03h58.
    Bonjour et merci sont deux formules de politesse à la portée de tout le monde !

  3. #3
    Pakaa

    Re : Asthme physiopathologie

    Bonjour, votre message m'a été d'une grande utilité.

    Dans votre premier paragraphe, où vous parlez des différences entre les sujets allergiques ou non, j'ai des questions qui me surviennent :
    Des sujets qui ont un asthme non allergique vont-ils avoir les mêmes mécanismes physiopathologiques que les sujets qui ont un asthme allergiques ? J'entends par là le remodelage chronique, la faible inflammation chronique et in fine la bronchoconstriction excessive (suite au desquamage) en situation de crise ? La seule différence réside dans le fait que chez les non allergiques cela est provoqué par des éléments non allergènes ? Mais la définition même du mot allergique ne réside t-elle pas dans la stimulation du système immunologique
    causant la clinique ?
    Et aussi, si j'ai bien compris, l'atopie ne préjuge en rien du caractère allergique ou non de l'asthme, elle ne préjuge juste de la prédisposition héréditaire à produire des manifestations d'hypersensibilités c'est ça ?

    Désolé pour ces questions qui peuvent sembler farfelu, mais j'ai beaucoup comprendre et apprendre les détails des mécanismes, je sens que il y a des liens qui me manquent dans le base physiopathologiques.

    En attendant votre réponse,
    Cordialement,
    Pakaa

  4. #4
    Pakaa

    Re : Asthme physiopathologie

    Une réponse me serait vraiment utile..

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    Pterygoidien
    Animateur Biologie

    Re : Asthme physiopathologie

    Toutes ont en commun trois caractéristiques : hyperréactivité bronchique, inflammation et hypersécrétion de mucus. En revanche, elles diffèrent sur les médiateurs impliqués dans les réponses, et la sensibilité des bronches. Dès lors, leurs réponses aux traitements varient également.

    Comme vous le mentionnez, l'atopie signifie bien une prédisposition (génétique) à développer des allergies : mais lorsqu'on parle d'asthme atopique, on mentionne en fait l'asthme allergique, où l'on retrouve une réponse d'hypersensibilité de type I (dégranulation mastocytaire médiée par IgE, hyperéosinophilie).

    Dans l'asthme non-atopique, on pourra retrouver des remodelages chroniques en fonction de la fréquence des crises : elles ne sont pas liées à l'exposition d'un allergène particulier, mais on retrouve une hypersensibilité généralisée des bronches envers tout type d'agents agresseurs qui peuvent déclencher des crises soutenues d'asthme (infections virales, froid intense, voire même un effort). Les crises peuvent être plus sévères chez ces individus, et la physiopathologie n'est pas clairement élucidée. Chez ces mêmes individus, les tests d'allergie cutanée reviennent généralement négatifs, et il peut ne pas exister d'autres cas d'asthme dans la famille : il semblerait que des maladies virales lors de l'enfance prédisposent ces individus à une telle hyperréactivité, et impliquerait d'autres cytokines inflammatoires dans la pathogénie de cette maladie, mais les mécanismes in fine seraient plus ou moins les même : on retrouvera une réaction immunitaire à médiation humorale et une inflammation exagérées lors des crises.
    Bonjour et merci sont deux formules de politesse à la portée de tout le monde !

  7. #6
    Pakaa

    Re : Asthme physiopathologie

    Merci bcp, vraiment !

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