Bonjour,
le message de olivemal du 15/09, m'a impressionné ( je trouve qu'il remarquablement géré la situation )et me donne envie de raconter une expérience traumatisante pour moi.
J'ai 48 ans,je suis secouriste depuis des années et jamais je n'ai eu à intervenir sur des cas graves (seuls quelques malaises tout à fait bénins) jusqu'à l'année dernière ( le 31/05 )où je me suis arrêtée sur un accident de la route.
Face à face entre 2 véhicules.
des personnes présentes avaient déjà organiser l'arrêt de la circulation dans les 2 sens.
Je n'ai jamais perdu mon sang froid mais mon coeur battait très vite et fort.J'ai d'abord été choquée par l'attitude des gens qui parlaient tranquillement de l'accident à proximité des gens blessés gravement.
Dans la 1ère voiture, la conductrice non attachée avait été projetée dans la vitre droite côté passagé.
dans la 2ème voiture, le couple était incarcéré dans de la tôle effroyablement déformée; la maman hurlait qu'elle voulait mourir, elle avait son bras derrière le siège du papa; le papa était transpercé par de la tôle et une fracture ouverte au bras, il était extrèmment pâle, incapable de parler, sur le point de perdre conscience.
j'ai pu constaté que la première femme, pour moi, était décédée, je n'ai pas trouvé son pouls, elle était froide et marbrée.
j'ai " choisi" si on peut dire çà, de m'occuper du couple , j'ai d'abord pu constaté qu'il n'y avait plus d'enfant dans le siège enfant à l'arrière alors que la ceinture était toujours attachée.
j'ai cherché par tous les moyens de trouver l'enfant dans cet amas de tole , la voiture était en équilibre sur une barre de sécurité,l'arrière en hauteur. j'ai abandonné ma recherche car je risquais fortement de déséquilibrer le véhicule. J'étais consciente que le papa allait mourir alors je lui ai parlé , parlé, parlé tout en caressant ses cheveux. Chaque fois que je parlais , il ouvrait les yeux, il souffrait horriblement , j'essayais de calmer la maman qui avait certainement compris que son enfant allait mal.
malheureusement tous ces gestes de secourisme que l'on nous apprend , je ne pouvais les mettre en oeuvre, je me sentais démunie et seule.
j'ai réussi à maintenir la conscience du papa jusqu'à l'arrivée du samu.Ils ont mis la 1ère femme dans un sac, pendant qu'une équipe s'occupait de désincarcérer le couple tout en injectant sans doute des calmants.
Et là j'ai craqué, mes jambes flageolaient, j'ai vomi,pleuré tout en retournant dans ma voiture.
j'ai pleuré toute la journée, je pensais au couple tout le temps, j'ai appelé l'hopital dans l'après midi pour savoir comment ils allaient.
dans un premier temps on m'a répondu qu'on ne pouvait rien me dire, puis devant mon désarroi intense un médecin m'a pris en ligne. il m' expliqué qu'on s'occupait du couple et que leur vie était en danger.
Je lui ai dit que je me suis sentie tellement inutile devant cette atrocité que je m'en voulais énormément. Il m'a expliqué que devant une telle situation, personne ne peut rien faire sans matériel et que le fait que je maintienne la conscience du papa avait déjà permis de la maintenir en vie.enfin je me raccroche à cette idée.
j'ai appris plus tard que l'enfant était décédé sur le coup, ainsi que la femme. .
J'ai de nouveau appelé l'hopital plus tard , j'avais besoin d'avoir des nouvelles, j'ai su qu'ils étaient toujours en réanimation mais que leurs vies n'étaient plus en danger.
J'ai eu mon recyclage secourisme cette semaine et enfin j'ai pu en parler, en pleurant beaucoup, mais un énorme sentiment de culpabilité est toujours là.
n'aurais je pas dû masser cette femme que j'ai " déclarée " décedée ?
les questions restent et la hantise de devoir un jour de nouveau intervenir. Je tiens à rester secouriste mais je suis fragilisée.
voilà je voulais exprimer tous ces doutes.
-----