Bonjour,
Je ne suis pas spécialiste, mais en l'absence de traces écrites, toute hypothèse sur la vie sociale des communautés humaines des VIe et Ve millénaires avant notre ère en Europe me paraît fortement spéculative et subjective dans ce domaine. Il s'agit d'une lecture intéressante cela dit (bien que relativement courte).Envoyé par gunthiern
Merci ! De quoi occuper les longues soirées d'hiver.
Bonjour à tous,
Rapide synthèse – j’espère la plus objective – de ce colloque sur le paléolithique supérieur :
(1) L’archéologie ne permet pas de déterminer l’existence d’une hiérarchisation sociale, fondée sur la richesse de biens (de subsistance ou de prestige) au paléolithique – Il y a des éléments qui néanmoins interrogent : des parures produites en nombres, une sorte de (semi-)sédentarisation en Europe orientale … qui pourraient évoquer l’existence d’une élite sociale.
(2) Il y a eu vraisemblablement des activités de stockage alimentaire – mais ce stockage de subsistance reste très (trop) limité pour assurer la domination d’individu sur d’autres.
(3) Il y a eu des experts « artistes », qui avaient un accès privilégié aux parois des grottes et il y a des styles artistiques qu’on retrouve sur de grands espaces géographiques - pour autant, on ne peut pas dire que ces experts vivaient exclusivement de leur talent et qu’ils travaillaient pour une élite sociale.
Ce que je retiens de ce colloque c’est surtout une réflexion conceptuelle sur les notions d’égalité, d’inégalité, de hiérarchie et de richesse (cf. (2) https://www.youtube.com/watch?v=BRlxvRviJHA & (16) https://www.youtube.com/watch?v=OEj3ZJwze6c)
Mon avis personnel :
(1) Le mot « égalité » associé aux premières sociétés humaines (puis évolution vers des sociétés « inégalitaires » - approche évolutive progressive et linéaire) n’est pas approprié : d’abord, les inégalités sont intrinsèques aux rapports humains (plus courageux, plus intelligent, plus dominant … je renvoie à mon propos #6)
(2) Au mot « égalité » (qui se réfère plus à notre perception conceptuelle politique contemporaine), il faudrait plutôt utiliser l’expression « frein communautaire » : le poids de la communauté s’exerce fortement sur des groupes humains limités et ne permet pas à l’individu de s’émanciper en tant que personne pleinement singulière (d’où le sentiment d’un égalitarisme au sein de ces sociétés).
Autre : au sein d’un groupe social, il peut exister des inégalités d’âge très importantes (avec des rites de passages initiatiques fondamentaux pour évoluer au sein de la hiérarchie sociale du groupe –ce qui dépasse une hiérarchisation fondée sur l’accumulation de biens).
Enfin : la spécificité de nos société contemporaines dites civilisées c’est l’émancipation de l’individu par rapport à un certain poids communautaire ET au positionnement social de cet individu par la maîtrise et l’exhibition de biens matériels (poids spectaculaire du consumérisme comme marqueur social)
(3) Qu’au paléolithique supérieur des hiérarchisations différentes des périodes précédentes soient apparues c’est probable : le succès de l’expansion d’homo sapiens pourrait s’expliquer par trois raisons : d’abord, une émergence de l’individualisme (singularisation par la parure vestimentaire et autres) ; ensuite, une organisation sociale fondée sur une extension de la parentèle par l’exogamie ; enfin, par un accroissement démographique (lié notamment par une organisation sociale nouvelle)
Précision : l’exogamie a aussi existée chez les Néanderthaliens et Dénisoviens. Mais les groupes humains semblent avoir été très éparpillés.
Autre : Il semblerait que des mythes de création (unifiant la communauté humaine) aient émergé avec homo sapiens (cf. la discussion https://forums.futura-sciences.com/p...superieur.html) – favorisant l’émergence de parentèle inter-groupe. Néanmoins, le cas Bruniquel (171 000 ans) ne doit pas être oublié …
(4) Le paléolithique supérieur européen pourrait avoir connu une évolution vers une hiérarchisation sociale en raison d’une possible évolution de l’organisation de la parentèle : passage d’un groupe familial limité à une extension communautaire d’appartenance par des alliances matrimoniales (exogamie) – de la parentèle familiale directe à une parentèle familiale indirecte (clanique). La conséquence de cette extension de la parentèle pourrait être l’attribution d’un poids plus grand pris par les chefs de familles (et leur descendants) qui assurent la cohésion de cette liaisons inter-groupes et par des alliances matrimoniales privilégiées. L’existence des grottes ornées pourrait être des lieux fédérateurs pour ces parentèles.
(5) Ces alliances matrimoniales (privilégiant certains membres des familles) pourraient impliquer des dons et contre-dons qui assurent (a) une diffusion d’objets utilitaires et de prestiges – ce qui est constatés archéologiquement ; (b) une mise en place d’une certaine forme « richesse » de prestige (et pas matérielle telle que nous l’entendons communément).
Bref, rien de décisif …
Cordialement
merci bien pour ta synthèse.
j'avoue que la grande liste des liens proposés plus haut m'avait indirectement renvoyé à une future lecture.
Bonjour à tous,
Ajout des 3 interventions manquantes (pour les longues soirées d'hiver) :
(4) https://www.youtube.com/watch?v=7eChWE3xBRU
(10) https://www.youtube.com/watch?v=Oz3ccZz6hy4
(15) https://www.youtube.com/watch?v=pfK3wtxJDA8
Cordialement
Bonjour ,
Ou cette inégalité parait flagrante,
c'est par exemple le tumulus saint michel de carnac, une sépulture hors norme , pour une personne au debut? une communauté?
Bonsoir à tous,
Les écrits des intervenants du colloque « Une aristocratie préhistorique ? » ont été publiés dans une revue et ils sont en accès libre sur le net : https://journals.openedition.org/paleo/6452
On peut aussi les lire en format PDF : http://www.lahuttedesclasses.net/202...ique-hors.html
Rappel : ce colloque de 2019 (cf. les vidéos précitées) a été organisé par Christophe Darmangeat et Emmanuel Guy.
Cordialement
