La mondialisation de l'information est accomplie, celle de l'économie avance à grands pas, celle politique progresse cahin-caha, mais la culturelle paraît bloquée. Il est légitime et même nécessaire de se poser la question du pourquoi de ce blocage qui conduit à des conflits entre groupes humains d'une fréquence et d'une gravité croissantes. Il faut aussi réfléchir sur les moyens humainement acceptables pour réduire leur fréquence et leur gravité.
Les conflits entre groupes d'animaux de la même espèce existent aussi bien chez les insectes (guerres de fourmis) que chez les animaux supérieurs proches des hommes (chimpanzés), nous ne constituons donc pas une exception, mais nos capacités intellectuelles et culturelles et notre fractionnement en groupes homogènes mais morphologiquement et culturellement différents rendent les conflits plus fréquents et allant des plus anodins aux plus graves.
Si l'on veut comprendre le processus, parallèle à l'histoire de l'espèce humaine, qui a conduit à cette situation, il faut analyser d'une part la façon dont l'humanité s'est diversifiée morphologiquement et culturellement et d'autre part la naissance des conflits au moment où les différentes ethnies nées de cette différentiation se sont, à cause de leur prolifération et de l'amélioration de leur mobilité, progressivement côtoyées.
On connaît maintenant assez bien, surtout par l'investigation portant sur les filiations génétiques, les chemins empruntés par les différentes branches humaines qui les ont conduites de leur origine commune, l'Afrique, jusqu'aux endroits les plus éloignées de la Terre, par leur migration lente mais obstinée. La chronologie de ces migrations commence également à être connue par les trop rares vestiges qu'elles ont laissés sur leur chemin. En partant de ces renseignements de moins en moins fragmentaires on doit pouvoir déduire les ressorts de leur évolution morphologique et culturelle divergente.
Il est maintenant établi que l'évolution morphologique (par la sélection naturelle) est beaucoup plus lente que l'évolution culturelle, dont la rapidité augmente avec le développement des capacités intellectuelles. C'est ce fait qui explique que deux groupes humains, relativement peu différents morphologiquement aient des caractéristiques culturelles très différentes.
La différenciation des groupes humains est due, aussi bien pour l'évolution morphologique que culturelle à l'influence de l'environnement subi au cours de leur migration et à l'endroit de leur établissement. En plus, étant séparés des autres groupes, certaines caractéristiques peuvent se modifier par une simple dérive particulière du groupe, différente des autres.
Les problèmes commencent quand deux groupes humains différenciés se rencontrent, par migration ou par prolifération. Leurs différences créent une certaine méfiance et répulsion réciproques, ce qui se traduit par une difficulté de s'interpénétrer et de réaliser un métissage souhaitable. Chaque ethnie tient à ses coutumes et à ses mentalités et voit d'un mauvais œil celles des autres. Les couples mixtes sont mal considérés de part et d'autre. Cette situation peut durer des siècles.
Pour que la mondialisation, qui est inéluctable, puisse se faire dans de bonnes conditions, il faudrait que les tensions entre groupes humains qui conduisent aux conflits de plus en plus fréquents et cruels s'atténuent progressivement. La condition de cette atténuation semble être en quelque sorte l'homogénéisation de l'espèce humaine, une sorte de "melting pot" universel, qui ferait faire à l'espèce humaine le chemin inverse qui l'a conduite à sa différenciation. Il est illusoire de croire que ce chemin puisse être parcouru rapidement, tellement les répulsions entre groupes sont fortes et bien ancrées. Les idées de tolérance et d'acceptation mutuelle font leur chemin, mais seulement dans une mince couche de population convaincue de leur nécessité et affranchie de la phobie du "différent".
Il faut donc accepter l'idée que des groupe hétérogènes d'humanité continueront à se côtoyer longtemps avant de se mélanger, se homogénéiser. Alors, il faut trouver une solution d'attente, tout en agissant de son mieux pour supprimer les barrières psychologiques entre groupes. Remplacer ces barrières par ce qu'on appelle gentiment les "forces d'interposition" ne mène pas loin, semble plutôt envenimer les situations et, de toute façon, demanderait trop de forces militaires et trop longtemps.
Une solution relativement rapide semble être le développement d'une véritable justice internationale sous l'égide des Nations Unies, disposant de tous les composantes indispensables pour rendre une justice sereine et capable de mettre en cause non seulement les vaincus mais aussi les vainqueurs s'il y a lieu. Cette solution impliquerait la pénalisation des action des dirigeants qui se laisseraient aller à contrevenir à un code pénal international, quel que soit leur niveau de responsabilité, clanique, ethnique, religieux ou national. L'inconvénient de cette solution est sa nature répressive, qui pourrait être assimilée à une domination des occidentaux sur le tiers monde et âprement combattue par celui-ci.
Il y a peut-être d'autres solutions, mais je n'arrive pas à en trouver, sauf des inhumaines. Avez-vous des idées?
Amicalement paulb.
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