[Le cadre est la géométrie de Schwarzschild, qui décrit un espace-temps maximalement complet à quatre régions.]
Les messages de Mailou m'ont fait réaliser qu'ils révèlent une énorme incompréhension, peut-être partagée par beaucoup. C'est l'idée qu'en région I les mouvements sont "attirés" par le "trou noir", vu vraisemblablement comme "cachant" une masse centrale, elle-même peut-être confondue avec la singularité future.
Cette vision causale est totalement et gravement fausse puisque le "trou noir", au sens de la région II, n'a aucune influence causale sur la région I, gravitationnelle ou autre. C'en est quasiment la définition! Et la singularité future ne peut pas, étant futur "final", être une cause de quoi que ce soit. Penser autrement serait une sorte de "causalité finale", la singularité finale "attirant" les objets comme une lampe les insectes, avatar d'un finalisme bien humain mais pré-scientifique.
Le champ de courbure dans la géométrie de Schw., étant une solution du vide, ne peut avoir comme "cause" que les conditions aux limites à l'infini passé, ce qui inclut la singularité passée. La comparaison avec les métriques d'effondrement amène à l'idée, somme toute assez simple, que c'est la singularité passée qui est la "masse" qui détermine le champ de Weyl dans tout l'espace-temps, peut-être avec un effet de l'asymptotique espace-temps plat. Bref, que c'est le "trou blanc" qui "attire" le "contenu" de la région I, et qui est aussi à l'origine du trou noir (de la région dont on ne peut échapper). Cela ne pose aucun problème "causal", puisque pour tout événement de la région I, son cône passé contient une bonne partie de la singularité passée. (En fait tout événement de l'espace-temps, quelle que soit la région où il se trouve.)
----
Et l'incompréhension est la même que celle pour les TN suite à effondrement. I.e., penser le TN comme cause de la "gravitation", alors que cette cause est la masse qui s'effondre.
Tout cela est parfaitement lisible en coordonnées conformes.
---
Un autre point, proche, est que, si on parle d'un "trou noir primordial" ou "éternel", compris comme une géométrie de Schw. (ou de Kerr? je ne sais pas), la question "comment voit-on un trou blanc?" est exactement la même chose de "comment voit-on un trou noir?", ou presque. Parce que la manifestation observationnelle d'un TN éternel ne peut être que la manifestation observationnelle de la région IV (le "trou blanc" selon une acception du terme) pour les observateurs ne passant jamais l'horizon futur (celui entre I et II).
[Et comme indiqué ailleurs, cela amène à limiter la question de "comment voit-on un trou blanc?" au cas d'un "anti-effondrement", un effondrement pris avec une chronologie inverse, par exemple en changeant le signe de la coordonnée temporelle en partant d'un système de coordonnées 1+3.]
-----