Les gens biens, comédiens et sportifs, portent une compassionnelle attention envers ceux qui souffrent de ne pouvoir commander leurs muscles et je ne vois rien à redire. Pour les aider, 3637, là on pourrait mettre notre grain de sel. Il y a quelque chose de gênant à entendre tous ces gens implorer ces quatre chiffres comme s’il s’agissait une formule cabalistique capable de faire des miracles, mais bon, on se dira que l’objectif vaut bien ces moyens un peu infantiles. Cent millions d’euros, belle somme. Mais pourquoi l’Etat ne la donne pas ? Disons que si tel était le cas, l’affaire serait moins médiatisée et qu’en fin de compte, le Téléthon sert surtout à ne pas oublier ceux qui souffrent. Je propose qu’on fasse aussi le chôméthon pour ceux qui n’ont pas d’emploi…
Le principal ressort reste la science avec ses promesses au moins d’essais car de guérison, nul ne se hasarderait à promettre quoi que ce soit. Ce que les médias taisent, c’est que la thérapie génique s’est révélée être un échec. Pas seulement en France. Aux Etats-Unis, le recul est suffisant pour conclure à l’inefficacité de l’introduction de gènes sains par des vecteurs viraux bricolés. Une ou deux exceptions portent sur des cellules sanguines mais là, on pourrait dire que le milieu sanguin est proche de la situation des expérimentations in vitro. Par contre, introduire un gène dans un tissu, le faire s’exprimer au bon endroit, au moment voulu, tout ceci ne se commande pas. Comme si l’organisme se comportait à l’image d’un PC dont il suffit de changer une carte mère ou un logiciel pour que tout se remette à fonctionner. Les cellules des organismes obéissent à des contraintes systémiques. Le tout agit sur les parties, mais les scientifiques ne savent pas de quelle manière. L’échec des thérapies géniques s’inscrit dans une toute récente mise en cause du modèle réductionniste, depuis trois ans.
L’enjeu théorique est de connaître ce qui détermine et commande l’ensemble des processus moléculaires à l’échelle d’un organe, d’un tissu, d’un organisme. On n’introduit pas un gène comme si au bout de la manipulation, celui-ci s’exprimait pour réaliser une opération de chirurgie moléculaire sur commande. L’organisme est un tout. Introduire un gène c’est faire entrer une rustine, un système de collage, un bistouri, une aiguille, le tout sous une forme moléculaire (ADN, ARN, protéines). Mais la chirurgie moléculaire doit être ordonnée et décidée par le chirurgien qui commande l’organisme. Et justement, il se peut bien que l’organisme n’ait pas les moyens de décider de son auto-thérapie. La pharmacologie génétique tape au centre supérieur de régulation du système, contrairement à la pharmacologie moléculaire qui elle, vise pour la très grande majorité soit des enzymes (cas de l’aspirine) soit des récepteurs situés sur les membranes, et donc aux interface (cas de la plupart des thérapies, cardiologie, neurologie etc…). La cancérologie est à part. la cible des antitumoraux est l’ADN mais il s’agit de détruire les cellules cancéreuses sans flinguer le patient.
Donc, l’obstacle de la thérapie génique réside, selon moi, en partie au niveau systémique. Il faut savoir qui coordonne l’organisme, autrement dit, où se situe la carte mère, ou les cartes mères. Et sur ce point, je pense que la science est très éloignée de la solution. De mon côté, j’ai développé la thèse du champ transcendantal, champ métaphysique efficace selon un processus de supersynthèse des informations cellulaires et des données génomiques. Si on veut qu’un organisme se répare, lui donner la trousse du chirurgien moléculaire ne suffit pas. Il faut aussi l’informer qu’il est malade et qu’il doit procéder à une exécution des opérations nécessaires. Voilà ce que je pense. Mais rien ne dit qu’en puissant procéder ainsi cela fonctionne. Ce sont peut-être là de sacrée limites posées par la Nature.
Pourtant, la Nature dispose de tas de processus régulateurs basés sur le principe de la chirurgie moléculaire. Des erreurs de l’ADN peuvent être corrigées par un système sophistiqué de réparation, avec des enzymes comme les réparases qui opèrent dès le règne procaryote, chez la bactérie, c’est dire si la copie de l’information est indispensable au Vivant. L’organisme sait aussi détruire des envahisseurs avec son système immunitaire, ainsi que des cellules qui prolifèrent de manière anarchique. Bien des cancers sont en effet stoppés par l’organisme qui est informé du dysfonctionnement et déploie alors la réplique adaptées, avec notamment des cellules tueuses. J’en avais discuté avec un médecin du coin s’intéressant à la machine Prioré. D’après lui, les ondes électromagnétiques serviraient à informer l’organisme et lui permettre de voir la tumeur. S’en suivrait alors la riposte appropriée. Ainsi s’expliquerait l’effet Prioré pour autant qu’il soit avéré. Mais rien que ce dispositif paradigmatique non conventionnel mériterait que l’on pousse les recherches dans ce sens, dans une orientation plus fondamentale que le fondamental.
Maintenant, un coup de gueule contre l’intervention du chercheur Luis Garcia à propos de la technique du saut d’exon. Je rappelle le principe. Il s’agit d’intervenir au niveau du processus d’épissage. Un ARN est transcrit à partir du gène mais il contient des parties codantes, exons, et d’autres non codantes, les introns. La protéine est synthétisée sur la base des informations exoniques, autrement dit sur l’ARN prêt à traduire, expurgé des introns. La myopathie de Duchenne est due à une erreur dans l’un des 79 exons codant pour la dystrophine, protéine d’agencement du tissu musculaire dont le gène est le plus long de tout l’organisme (14000 bases, 3600 acides aminés). Source : ICI
Dans le modèle animal, la situation est éloignée de l’homme car la dystrophine n’est pas dans le muscle, mais elle produit chez la souris mdx une forme atténuée de myopathie. l’erreur porte sur un codon CAA de l‘exon 23, codant pour la glutamine, transformé en TAA qui est un codon de terminaison signifiant au dispositif de synthèse protéique que l’opération est achevée. C’est donc une dystrophine complètement tronquée qui est produite. Le saut d’exon consiste alors à intervenir au moment de l’épissage et à sauter l’exon défectueux, ce qui a pour effet de produire une dystrophine plus complète où il ne manque qu’un faible pourcentages d’acides aminés, ceux de l’exon 23 en l’occurrence. C’est le tour de force qu’à réussi l’équipe de Luis Garcia et que l’on a mis sur le devant de la scène avec un reportage bien documenté.
Le problème, c’est que la situation de la souris et de l’homme est très différente, et qu’on ne peut escompter des chances raisonnables de succès chez l’homme. Mais il y a pire. C’est que la technique du saut d’exon, si elle opère avec succès, changera la myopathie de Duchenne en myopathie de Becker qui, bien que moins handicapante, pose tout de même de nombreux problèmes, surtout à l’âge adulte. Et donc, toute cette publicité autour de prétendues avancées me semble relever d’une arnaque et je ne suis pas sûr qu’avec ce type de méthode la science en sortira grandie, quant aux médias, ils ne sont pas experts, alors on ne peut rien leur reprocher. D’après ce que j’ai pu lire sur le site de l’AFM, le saut d’exon sert surtout de technique de communication pour vanter les succès d’une recherche qui se cherche.
Cela dit, je maintiens qu’avec un effort théorique, on pourra mieux cerner ce qu’est la Vie et que sans théorie, je ne vois pas d’avancées majeures dans la thérapies de ces maladies très lourdes, cancer inclus, et même Sida car la trithérapie est loin d’être une sinécure.
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