Ce qui est comparable (jusqu'à un certain point) c'est la dynamique de l'épidémie entre un t0 dépendant de chaque région ou pays concerné, défini par un critère commun (par exemple à partir de N hospitalisations par million d'habitants, avec N assez grand pour que l'évolution ne soit plus trop chaotique), et la date ti de l'"intervention" (en France, les mesures prises autour de la mi-mai à l'échelle nationale, aboutissant au confinement).
Par exemple en France, si le critère définissant le t0 local n'a été atteint que peu avant la mi-mars dans le Sud-Ouest (voire n'était pas encore atteint), alors qu'il l'était depuis deux semaines dans l'Est ou en région parisienne, c'est normal (et heureux) que l'épidémie n'y ait pas suivi le même cours.
Il faut comparer les courbes, soit des admissions dans les hôpitaux (ou des admissions en réa), soit des décès, en tenant compte du délai entre une contamination et une hospitalisation, ou entre une contamination et un décès. Par exemple, regarder les hospitalisations avant ti+10 ou 12 (en France, avant le 30 mars). Et évidemment le confinement n'a pas le même effet dans une région où il n'y avait que quelques dizaines de patients hospitalisés (et 30 fois plus d'infectés) que dans une autre où il y avait déjà plus de 1000 patients hospitalisés (et 30 fois plus d'infectés, dont seule une partie ont étaient confinés).
Je n'ai pas fait l'exercice pour les régions en France, mais pour celles dont le t0 est suffisamment antérieur à ti pour qu'on puisse dégager une tendance sur une période assez longue, ça m'étonnerait qu'on constate de grosses différences dans la progression de l'épidémie (autrement dit de grosses différence entre les Ro dans chacune de ces régions) avant l'effet de l'intervention.
Je peux regarder ça de plus près, mais par exemple le Sud-Ouest ne rentrera pas peut-être dans les critères (il n'y avait eu qu'une cinquantaine d'hospitalisations, moins de 10 par million d'habitants dans la région Nouvelle Aquitaine avant le 18 mars, première date figurant dans les fichiers de données mis en ligne par le gouvernement). L'intervention y a sans-doute été assez précoce pour éviter une progression exponentielle assez longue, contrairement à l'Ile-de-France ou au Grand-Est.
Donc effectivement ça n'a pas de sens de comparer les mortalités (ou les nombres d'admissions à l'hôpital et en réa) entre ces régions pour en déduire un succès ou un échec à l'échelle de chaque région de la stratégie nationale. C'est juste que certaines ont eu plus de chance que d'autres, simplement parce qu'elles n'ont pas hébergé les premiers foyers d'infection.
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