Les asymptomatiques

[Anathorn]

Bonjour,

Leur statut est de moins en moins clair pour moi.
Mais ce que je commence à croire comprendre, c'est qu'il y aurait quand même des différences significatives de contagiosité entre eux.
Certains seraient bien plus contagieux que d'autres, alors qu'ils ne développent pourtant aucun symptôme ni les uns ni les autres.

Les dernières études montrent que les enfants, lorsqu'ils présentent des symptômes, peuvent être des super-contaminateurs.
Sauf que très peu d'enfants contaminés développent la Covid (plus faible proportion de malades de toutes les tranches d'âges), leur organisme la tue rapidement et silencieusement.
Et pendant cette période avant la guérison, ces enfants ne seraient pas contagieux ?
Le virus n'aura pas pu se dupliquer suffisamment afin de produire une concentration suffisante dans les fluides du gamin pour qu'il soit contaminant ?

Y a-t-il des adultes asymptomatiques plus contagieux que d'autres à votre connaissance ?
J'ai vraiment "l'impression" de plus en plus que ça semble être le cas mais rien qui soit clair en ce sens.

Merci pour vos réponses.
Le flou qui entoure les super-contaminateurs pose de très sérieux problèmes pour vouloir être efficace face à la propagation de la Covid...
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[invite9dc7b526]

bonjour,

je sais peu de choses sur le covid mais comme je suis un peu épidémiologiste je connais bien les notions d'asymptômatique et de super-spreader.

En général on ne sait pas bien pourquoi les gens sont asymptômatiques. Ca peut être parce qu'ils sont infectés par une souche peu virulente, ça peut être parce qu'ils ont un système immunitaire plus compétent que la moyenne. La question se pose de savoir s'ils transmettent plus ou moins que les symptômatiques. Il y a deux facteurs antagonistes: ils peuvent avoir des charges parasitaires (au sens large, ici charge virale) plus faibles, et donc a priori seraient moins transmetteurs. Mais d'un autre côté n'ayant pas de symptômes ils ne prennent pas de précautions et ne restent pas confinés chez eux ou à l'hôpital, donc pourraient transmettre plus longtemps. Il y a des cas où la transmission nécessite des symptômes. Le cas d'école est celui de la coqueluche: la bactérie est logée profondément dans les bronches et il faut que le patient tousse pour qu'elle soit expulsée, le fait d'expirer de l'air ne suffit pas. Mais il y a des cas où la transmission se fait en l'absence de symptômes (VIH par exemple).

Pour les super-transmetteurs, je connais bien le cas du VIH sur lequel j'ai travaillé. C'est un effet purement comportemental, ce sont des gens qui ont plus de contacts sexuels que la moyenne. Dans le cas du covid, il y a sans-doute aussi un effet comportemental. Est-ce qu'il y a un effet "biologique"? En tout cas le seul comportement peut expliquer que les enfants transmettent plus le virus, puisqu'ils se touchent facilement.

[Nicophil]

Bonjour,

https://www.lapresse.ca/actualites/sciences/2020-08-06/les-asymptomatiques-ont-autant-de-coronavirus-en-eux-que-les-symptomatiques.php?utm_source= dlvr.it&utm_medium=twitter

L’enseignement principal est que les concentrations de virus chez les asymptomatiques étaient «similaires à celles des patients symptomatiques», rapportent les auteurs.

Mais trouver des particules virales résiduelles dans le nez, la gorge ou les poumons ne signifie pas forcément que ces gens étaient contagieux. «Il est important de souligner que la détection d’ARN viral n’est pas synonyme de présence d’un virus infectieux et transmissible», avertissent les auteurs de l’étude.

[yves95210]

Grillé... Je venais de tomber sur la même actu dans un autre journal en ligne et m'apprêtais à répondre.

Mais pour plus de précision, voici l'étude coréenne fraîchement publiée sur le sujet, et ses résultats (traduction automatique par deepl) :

Sur les 303 patients atteints d'une infection par le CoV-2 du SRAS, l'âge médian (intervalle interquartile) était de 25 (22-36) ans, et 201 (66,3 %) étaient des femmes. Seuls 12 (3,9 %) patients présentaient des comorbidités (10 avaient de l'hypertension, 1 avait un cancer et 1 était asthmatique). Parmi les 303 patients atteints d'une infection par le SRAS-CoV-2, 193 (63,7 %) étaient symptomatiques au moment de l'isolement. Sur les 110 (36,3 %) patients asymptomatiques, 21 (19,1 %) ont développé des symptômes pendant l'isolement. L'intervalle de temps médian (intervalle interquartile) entre la détection du CoV-2 du SRAS et l'apparition des symptômes chez les patients présymptomatiques était de 15 (13-20) jours. Les proportions de participants présentant une conversion négative au 14e et au 21e jour après le diagnostic étaient respectivement de 33,7 % et 75,2 % chez les patients asymptomatiques et de 29,6 % et 69,9 % chez les patients symptomatiques (y compris les patients présymptomatiques). Le délai médian (SE) entre le diagnostic et la première conversion négative était de 17 (1,07) jours pour les patients asymptomatiques et de 19,5 (0,63) jours pour les patients symptomatiques (y compris présymptomatiques) (P = 0,07). Les valeurs de Ct pour le gène de l'enveloppe (env) provenant d'échantillons des voies respiratoires inférieures ont montré que les charges virales des patients asymptomatiques entre le diagnostic et la sortie de l'hôpital avaient tendance à diminuer plus lentement dans la tendance d'interaction temporelle que celles des patients symptomatiques (y compris présymptomatiques) (β = -0,065 [SE, 0,023] ; P = 0,005).

Je précise qu'il s'agissait de patients mis à l'isolement suite à un test PCR+ à l'occasion de l'investigation sur le cluster de Daegu en mars dernier.

[A voir en vidéo sur Futura]

[Anathorn]

Merci pour toutes ces précisions.

Sur 303 personnes, 89 n’ont jamais développé de symptômes, soit une proportion de 29 %.

Jusque là, j'avais cru comprendre que les asymptomatiques représentaient la majorité des cas.
Alors qu'en fait c'est seulement entre 1/3 et 1/4 des contaminés !
La majorité des asymptomatiques sont en fait des pré-symptomatiques : il finissent bien par exposer des symptômes, au bout du compte, avant de se débarrasser de la Covid.

De nombreuses études, en ne testant les patients qu’une fois, peuvent confondre cas pré-et asymptomatiques.

J'ai comme l'impression, effectivement...

[yves95210]

Jusque là, j'avais cru comprendre que les asymptomatiques représentaient la majorité des cas.
Alors qu'en fait c'est seulement entre 1/3 et 1/4 des contaminés !

Attention, c'est un échantillon particulier (jeune mais pas de moins de 20 ans). Il est possible qu'il y ait plus d'asymptomatiques parmi les plus jeunes.
D'autre part, rien ne dit que la proportion d'asymptomatiques est la même dans tous les pays - par exemple dans l'hypothèse où ils le seraient grâce à une immunité croisée.

La majorité des asymptomatiques sont en fait des pré-symptomatiques

Pas dans l'échantillon étudié : seuls 19% des 110 des patients qui étaient asymptomatiques lors du début de l'étude ont eu des symptômes par la suite. Il y a donc bien 29% de vrais asymptomatiques dans l'échantillon (36% moins 19% de 36%).

En revanche je suis très surpris par le délai élevé (entre 13 et 20 jours) entre la détection du virus et l'apparition des symptômes chez ces patients.

[Anathorn]

par exemple dans l'hypothèse où ils le seraient grâce à une immunité croisée.

Ou a cause de leur mode de vie.
C'est pas pareil lorsque la majorité de la population passe plus ou moins de temps dans les espaces clos.
Encore a l'instant, sur "c'est dans l'air" (que je regarde pour une fois...) les épidémiologistes (dont Peloux) confirment que la probabilité de contagion en extérieur est vraiment très faible, anecdotique.
Il y a quand même consensus de ces épidémiologistes sur ce fait.
C'est pas par hasard que les épidémies de grippe se diffusent plus facilement à partir de l'automne : on passe alors plus de temps en espace clos qu'en été.

...Pas dans l'échantillon étudié...

D'accord, merci pour la précision.

De toute façon, ce genre d'étude devrait porter sur plusieurs milliers voir dizaines de milliers d'individus pour donner de vrais indicateurs à mon sens.
Parce qu'il est de plus en plus évident que la covid regroupe un très large panel de réactions différentes selon les individus.
Sans même parler des nombreux et fréquents problèmes qui affectent ceux qui ont eu la covid et qui ont guéri.
Ça, c'est vraiment effrayant, car on se rend compte qu'on ne se remet pas de la covid comme on se remet d'une grippe, et loin s'en faut.
Je ne suis pas rassuré sur les chiffres de morbidité qu'on aura à année +2 ou +3 de ceux qui ont eu la Covid... j'ai même bien peur qu'ils soient bien pires que le chiffre des morts pendant qu'ils développaient la maladie...
Quelle saloperie

[FabiFlam]

De toute façon, ce genre d'étude devrait porter sur plusieurs milliers voir dizaines de milliers d'individus pour donner de vrais indicateurs à mon sens

Anathorn,

C'est surtout qu'il faudrait faire des efforts pour éliminer les facteurs de confusion, comme ceux induits par le mode de vie en effet.

En l'absence d'études plus approfondies, le mieux c'est de se référer à ce qui semble établi et rappelé par Minushabens: les virus respiratoires se transmettent davantage en milieu clos. Pour plein de raisons sans doute.

En tout cas je pense que les a-pré-symptomatiques ne diffusent pas leurs miasmes très loin puisqu'ils n'éternuent ni ne toussent, j'imagine que ces individus contaminent peu en extérieur.

FabiFlam

[JPL]

Rappel pour divers participants à cette discussion : les citations doivent obligatoirement être faites en utilisant les balises [Quote]...[/Quote].

[FabiFlam]

Yes JPL, j'ai juste eu un petit souci technique avec mon smartphone, et j'ai trouvé plus simple de faire copier/coller.
Désolée, je le f'rai pu !

[JPL]

Oui, les smartphones c’est parfois la galère pour les pages web.