Charlie, je ne vois pas ce que tu me reproches. Quand on se fait traiter de machine à brasser le vent, la réponse appropriée est de demander à l’intéressé d’où il parle et quelles sont ses références pour lancer ce genre d’anathèmes. D’autant plus que je ne l’ai guère vu sur mes trois discussions savantes actuellement en cours et qui se déroulent de manière tout à fait courtoise, mais serrée tout de même. Par ailleurs, je n’ai pas dit de mettre tous les liens vers mes diatribes mais seulement ceux qui concernent des coups de gueule récents. Il faut lire le texte en entier ma chère.
Sinon, je pense que John78 a dit des choses sensées. Je ne vais pas dire que c’est la vérité parce que je vais me faire brocarder. Disons que nous avons une vision comparable du problème. Prendre du temps et du recul, quitter le guidon et tenter d’aller vers des champs théoriques, c’est ce que j’ai fait pour ma part quand j’étais thésard mais cela suppose qu’on fasse beaucoup de biblio. Je n’ai jamais prétendu que l’imagination innovante en science consiste à regarder des heures pendant la fenêtre et attendre le coup d’illumination. Non ! Les éclairs certes se produisent mais il faut un long travail de préparation, de renseignement, de tentatives de synthèse, de lectures intenses. Lorsque Poincaré eut la solution d’un problème mathématique lors d’un moment d’inattention, ce n’est pas le problème qui lui a été révélé mais la solution. Le problème, il l’avait construit au prix d’un intense labeur intellectuel.
Pour finir un mot sur les patrons de recherche qui n’encouragent pas vraiment les recherches bibliographiques. Voici deux anecdotes que l’on raconte. Un laboratoire de Nice (Sophia maintenant), L. un patron nobélisable, spécialiste des communications cellulaires. Dans son laboratoire, les thésards n’ont pas accès à la bibliothèque en semaine. C’est paillasse pour tout le monde, et biblio le samedi ! Autre laboratoire chez un nobélisable de Strasbourg dans le domaine de la génétique ; C. Les post-doc sont très prisé chez ce grand scientifique, notamment pour alimenter son CV d’une publi dans PNAS ou Nature, ça se refuse pas. Ce qu’il faut faire, arriver tôt le matin, lire la feuille de route (le protocole) et s’exécuter jusqu’au soir et ne pas se plaindre parce la devise est, si tu ne veux pas jouer la règle, le lendemain, ta place sera occupée par un autre.
Mon avis sur tout ça est plus nuancé. Je pense que les grands scientifiques méritent d’avoir un personnel qualifié de chercheurs pour foncer. Tous les biologistes savent qu’un certain Numa avait toujours une longueur d’avance pour publier les séquences de gènes codant pour les protéines des membranes. Son secret, un armée de 50 fantassins de la paillasse. Ici en France, on veut que tout le monde ait le même statut. C’est idiot. On devrait recruter deux ou trois ingénieurs et techniciens pour un chercheur, voire même faire passer des chercheurs d’un corps à un autre sans que ce soit perçu comme une sanction ou un échec. Ce faisant, les patrons mettaient moins la pression sur les thésards qu’ils considèrent comme des petites mains de la paillasse et non pas comme des futurs Einstein en puissance.
Prière de faire glisser ces propositions aux personnes habilitées à réfléchir sur les états généraux de la recherche en France
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