en retournant le problème de la lutte de RC par tous les bouts, je suis arrivé à une conclusion étrange et paradoxale (et gênante pour toutes les politiques de lutte contre le RC).
Nous partirons du principe que le CO2 devient un problème à partir d'un certain seuil (même si personne n'a jamais été capable de dire nulle part quel était exactement l'ampleur du problème en fonction de la concentration, mais on va supposer qu'on en a une idée).
Inversement, si on propose de renoncer purement et simplement à toute exploitation de fossiles (y a qu'à dire qu'il est illégal d'extraire du charbon, du gaz et du pétrole et de condamner à mort tous ceux qui le font pour crime contre l'humanité !), ça parait totalement ubuesque et personne n'est prêt à ça ("il ne s'agit pas de retourner au Moyen age" est l'expression couramment entendue).
Mettons ensemble ces deux évidences , la conclusion serait donc qu'il existe un optimum pour la consommation de fossiles : l'en faut, mais pas trop.
Bien évidemment, l'humanité cherchant quand même à vivre le mieux possible , on a tout interêt à optimiser son mode de vie dans les limites de la consommation autorisée. Fort logiquement, toutes les entreprises de "décarbonation" , "lutte contre le CO2", cherchent à minimiser la production de CO2 par service ou unité de richesse produite, et donc inversement à maximiser la richesse produite par unité de CO2.
(Je note au passage d'ailleurs que cet effort serait justifié même si le CO2 n'avait pas d'effet, ne seriat ce que pour profiter au maximum des ressources finies, et d'ailleurs la société industrielle a toujours essayé d'optimiser les coûts, cette stratégie n'a donc rien de très nouveau, c'est juste l'ampleur de l'effort à faire qui est inhabituel).
Donc basiquement, on peut dire que tous les efforts de lutte contre le CO2 reviennent à maximiser la richesse produite par unité de carbone, en espérant que ça suffira pour vivre bien sans RC catastrophique.
Jusque là, j'espère que ça parait normal à tout le monde et que tout le monde partage cet avis. Mais j'en viens au paradoxe.
La question qui se pose , c'est au juste quel est l'optimum ? on pourrait penser qu'il est lorsque les inconvénients de produire une unité de plus de CO2 deviennent supérieur aux avantages, c'est à dire quand le coût marginal devient supérieur à la rentabilité marginale.
Il y a une difficulté pratique qui est que pour déterminer ce point, il faut savoir quantifier exactement le coût du CO2. N. Stern a essayé de faire ça, mais bon on ne peut pas dire que les estimations soient très solides et acceptées de façon générales. Ce n'est cependant pas le point que je veux discuter, donc je vais ADMETTRE qu'on sait quantifier le coût du CO2, assez du moins pour cerner en bonne approximation l'optimum.
Dans ce cas, on va le trouver en comparant avantages et inconvénients de produire du CO2. Or, voilà le paradoxe :
plus on décarbone l'économie, plus on crée de richesse par unité de carbone, et plus l'avantage créé par la consommation de carbone est grand, donc plus y renoncer coûte cher !!!
et la conséquence en est
plus on décarbone l'économie, plus la solution optimale est de consommer plus de CO2 pour produire encore plus de richesse
En effet dans l'équation qui détermine l'optimum = inconvénient = avantage, le fait de produire plus de richesses par CO2 produit AUGMENTE l'avantage d'en produire une unité de plus , et donc DEPLACE l'optimum vers plus de consommation !!
C'est totalement paradoxal, mais explicable si on réfléchit un peu. Le fait de décarboner l'économie rend l'utilisation des fossiles plus efficaces, et donc y renoncer coute plus cher qu'avec une économie qui gaspille des fossiles. Les raisonnements actuels suppose que la richesse produite est un paramètre constant, et veulent diminuer le CO2 à richesse constante, mais rien dans les mécanismes économiques ne limite a priori la richesse produite, et tout pousse à en produire le maximum ! or rendre les systèmes plus efficaces permet de produire plus de richesse à consommation d'énergie constante, et on a tout interêt à produire ces richesses qui seront comparativement de plus en plus intéressantes par rapport au coût du CO2 (qui lui a priori ne bouge pas).
En plus, produire plus de richesse pourrait même diminuer le coût du CO2. Typiquement , permettre au bengalis de construire des maisons en du,r un peu plus loin de leur champ (ils iraient en tracteur), va diminuer le coût d'une inondation par rapport à les laisser habiter dans une cabane en zone inondable : les pays consommateurs de fossiles sont beaucoup moins sensibles aux changement climatique que les pays pauvres ! ça déplace encore plus l'optimum vers plus de CO2.
Surprenant, non ?
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