Bonjour à tous,
Chercheur en géographie et curieux par nature certainement trop, au gout de certains, pas assez pour d'autres ; sachant qu'il s'agit avant d'un point de vue : celui de l'historien ou celui du physicien ou du mathématicien.
Petite question de base, avant d'amorcer un réel débat : la géographie est-elle une science? Ce forum suppose le contraire...
Alors dans ce cas qu'est-ce science?
Les philosophes diraient très certainement : des concepts, des méthodes et des outils
Alors dans ce cas est-ce une science dure ou une science molle?
On parle de science molle (science humaine = science molle ce qui suggère des sciences inhumaines)
Seulement voila le PB :
qui dit science dure dit théorème ou loi donc démonstration (mais attention démonstration mathématique)
Alors dans ce cas qu'est-ce qu'une loi??
En fait, le philosophe dira un loi ou un théorème dérive d'une loi selon une logique purement formelle.
Bon alors le PB le est résolu pas de loi en géographie donc pas de science dure.
OUI mais si on va piocher du côté des physiciens ou des mathématiciens : c'est des lois, des vraies celles là.
Alors, on peut raisonner mathématiquement.
Pour une science, on parle de concept : Pas de pb géographie = science (molle ou non) de l'homme et de l'espace
Donc on a notre noyau dur. Poursuivons les méthodes jusqu'à présent purement inductif. Je m'explique :
1) On part des exemples et on généralise (raisonnement discursif)
2) Il existe des raisonnements supposés déductifs : I) Le modèle II Application du modèle. Le pb, le déductif est un leurre...c'est du faux déductif. Un modèle mathématique n'a jamais rien démontré s'il ne repose pas sur une théorie. Il n'est qu'un outil statistique car construit sur l'observation du monde. Toutes démonstrations y compris mathématiques qui serait faites à partir de ces modèles statistiques seraient vaines : le résultat ne s'apparente toujours pas à une loi. LE COEUR DU RAISONNEMENT RESTE LITTERAIRE, la formule est assujetie au texte (en exagérant 95% des raisonnements des quantitativistes de la géographie) .
Dans ce cas, on a bien dans une logique de science molle (le maximum d'abstraction est statistique)
Maintenant renversons le raisonnement :
1) partons d'une loi de la physique,
2) procédons à une analogie (transposition des termes de la loi de la physique en termes de géographie)
3) Démontrons un résultat
4) Vérifions empiriquement le résultat
5) faisons découler d'autres lois de ce résultat
6) Mettons en place une spécificité géographique au sein des raisonnements mathématiques : la cartographie formelle (une formule (démontrée) qui est donc elle même une loi, à géométrie variable aboutissant à une application à tous les espaces (appui n dimensions). Une formule = une carte
Bon alors comme on a rater le coche au XVII, on va reprendre la modernité : Newton : gravitation universelle + 2nde loi de Newton = gravitation des populations autour des villes = déformation de l'espace-temps Rien de bien compliqué bien sûr mais il faut commencer par quelque chose
Continuons, y a du boulot, essayons d'accéler un peu, la géographie c'est l'espace et l'homme OK,
mathématiquement, il existe des théories mathématiques intéressantes : les fractals : application au bâti (loi) => démonstration => concept de dilution du bâti
On peut compliquer la chose : une fractale incluse dans une fractale
(nom possible N-fractal) pour la ville à n centres. Jusque là, il n'y a que la ville qui est théorisée
Maintenant, que se passe-t-il si on courbe l'espace et le temps? Ca devient très interessant, on introduit alors une nouvelle métrique spécifique à la géographie (une métrique relativiste). cette dernière a des implications psychologiques et phénoménologique (Egels 1815)
et sociologique (carte mentale de bon élève et du mauvaise élève)
L'espace courbé est un espace perçu tout à fait à fait en adéquation avec l'ensemble des structures géographiques.
Avec cette courbure, plus de rupture, plus de discontinuité, plus d'amendement en périphérie des villes, des limites naturelles aux villes...Bref, un espace géographique entièrement nouveau.
On peut encore continuer : revision de Newton avec la courbure....
Alors la question est donc la suivante, quand on a une métrique spécifique, des lois propres, des concepts propres (par exemple l'espace), des outils (modèles statistiques), des méthodes (l'analyse spatiale), des techniques particulières (SIG, multi-agents, système experts, systémique, automate cellulaire), Bref un noyau dur, n'est-on pas une science dure?
Attention qd même bc, bc, bc de géographes très littéraires (rapport de force actuel (70/30 (quantitativiste)). Ensuite gros pb des historiens : enchainement et assujetissement de la géographie à l'histoire en tout cas dans le 2nd degré (80% de prof d'histoire-geo qui sont historiens de formation).
Autre question? Quand on a une métrique relativiste en géographie, est-ce qu'on a encore des choses en commun avec les historiens? Notre pater à tous (pour les géographes) est le très connu Vidal de la Blache : un historien qui s'est dit un jour que ce serait bien de faire deux trois herbiers. Je sais bien qu'un paricide est toujours un crime mais en même temps l'histoire existe depuis le Vième siècle avant notre ère et les seuls progrès ont été un jour de noel la Bible (le plus grand roman historique de l'histoire de l'humanité encore aujoud'hui Bestseller) et puis ensuite ...je sais pas bien...je connais pas de nom...A oui George Duby.
deux Ecoles de pensée : l'histoire evenementielle et l'histoire particulière (je précise que le moindre quantitativiste de l'histoire est systématiquement éliminé (en gros celui qui a le malheur de faire des régressions (attention linéaire pas plus)...exemple le plus marquant le courant de Lepetit qui est devenu depuis géographe).
La tendance très en vogue en histoire en ce moment est l'histoire individuel : on prend un invidividu totalement inconnu dont on a le journal intime, on examine son cas sous tous les aspects possibles et inimaginables...On en déduit bc, enormément de choses sur l'histoire de l'époque (il me semble difficile de savoir comment vivait un notable ou un noble en scrutant les carnets d'un paysan). En admettant même que l'on prenne 10 voire 100 voire 10000 invididus, une poignée d'exemple n'a jamais démontré quoi que ce soit.
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