La vulgarisation de la science
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La vulgarisation de la science



  1. #1
    invite57990ea7

    La vulgarisation de la science


    ------

    Bonjour,
    je ne sais pas si ce sujet a sa place ici, mais je ne voyais pas vraiment où le mettre.

    En me balladant sur le forum, j'ai constaté que ce mot (vulgarisation)revenait pas mal notamment dans la rubrique"lectures scientifiques". Quelle définition précise lui donneriez vous?
    Je voudrais savoir ce que vous pensez de la vulgarisation de la science et plus précisement où commence et où s'arrete-t-elle.

    Parce ce qu'en somme, toute approche de la science (donc l'enseignement) est une "simplification" donc une vulgarisation puisqu'elle permet la compréhension de personnes n'étant pas "spécialisées".
    Par là si seuls les gens "spécialisés" ont accès à de la "vraie" science alors je suis une scientifique très vulgarisée...

    -----

  2. #2
    deep_turtle

    Re : La vulgarisation de la science

    C'est une question difficile. Pour moi, la "vulgarisation" consiste à essayer de transmettre certains éléments de la connaissance scientifique sans essayer de transmettre le bagage technique nécessaire pour comprendre comment cette connaissance s'est formée. C'est ce qui la distingue de l'enseignement.
    « D'avoir rejeté le néant, j'ai découvert le vide» -- Yves Klein

  3. #3
    invite5d273677

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par deep_turtle
    C'est une question difficile. Pour moi, la "vulgarisation" consiste à essayer de transmettre certains éléments de la connaissance scientifique sans essayer de transmettre le bagage technique nécessaire pour comprendre comment cette connaissance s'est formée. C'est ce qui la distingue de l'enseignement.
    la vulgarisation, telle que tu la décris, semble être une tentative louable. Mais je tiens à souligner les dangers auxquels sa recherche d'une présentation simplifiée des choses l'expose:
    - raccourcis de raisonnement
    - analogies ou recours à l'image déformateurs et ne rendant pas compte des subtilités qui nécessitent un effort de réflexion.
    C'est pourquoi il faut accompagner la vulgarisation par la démarche pédagogique qui consiste à susciter en chaque occasion l'effort de la réflexion expérimentale.
    Je pense aussi que s'appuyer sur l'historique d'une découverte que l'on veut présenter permet de la replacer dans un contexte où se définissent ses limites, ses difficultés, ses subtilités.

  4. #4
    Cécile

    Re : La vulgarisation de la science

    Bonjour,

    Pour moi, la vulgarisation n'a rien à voir avec l'enseignement, car l'enseignement a un but "utilitaire" (obtenir un diplôme, en vue d'un métier) alors que la vulgarisation a un but de culture, de plaisir, ou la simple envie de comprendre.
    Sinon, je ne suis pas d'accord avec Frêle idée. La plupart des opposants à la vulgarisation l'accusent de déformer les choses à force de trop les simplifier. Mais l'enseignement aussi les déforme, et même notre vision actuelle des sciences est déformée (quel scientifique irait affirmer qu'il a une vision non déformée de la réalité ?). Même les prix Nobel font des racourcis de raisonnement. Même eux ont recours à des racourcis et des images qui déforment la réalité.
    Il ne faut surtout pas alourdir la vulgarisation avec des démarches "pédagogiques" sous peine de faire fuir les personnes intéressées (qui deviennent de plus en plus rares, faut-il le rappeler ?). Sinon, notre pays deviendra un désert scientifique (il l'est peut-être déjà) avec quelques experts hyperspécialisés par ci par là, qui ne connaîtront même pas les disciplines voisines car nul n'aura pris la peine de vulgariser la bio pour les physiciens et vice versa.

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    deep_turtle

    Re : La vulgarisation de la science

    Juste pour réagir sur un point :
    Citation Envoyé par FRELE IDEE
    Mais je tiens à souligner les dangers auxquels sa recherche d'une présentation simplifiée des choses l'expose:
    Je n'ai pas parlé de "simplification", j'ai parlé de détacher la connaissance scientifique de son aspect technique. Parfois, c'est bien plus compliqué de faire ça que d'écrire une équation ! Et la vulgarisation n'interdit pas de s'attaquer à certaines subtilités de la physique, mais je ne pense pas (et jeme base sur ma propre expérience) qu'on puisse aller très loin dans ces subtilités sans un minimum de technique, malheureusement. Il suffit de voir sur ce forum comment la moindre discussion sur les ondes se heurte à plusieurs obstacles techniques... (qu'est-ce qu'une amplitude, qu'est-ce qu'une fréquence, qu'est-ce qui se propage dans une onde, etc...).
    « D'avoir rejeté le néant, j'ai découvert le vide» -- Yves Klein

  7. #6
    invite5d273677

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Cécile
    Pour moi, la vulgarisation n'a rien à voir avec l'enseignement, car l'enseignement a un but "utilitaire" (obtenir un diplôme, en vue d'un métier) alors que la vulgarisation a un but de culture, de plaisir, ou la simple envie de comprendre.
    pas d'accord, il existe des contre-exemples: certaines personnes suivent une formation, un enseignement théorique ou pratique, pour acquérir un savoir faire ou assouvir leurs curiosités, par plaisir, pour se cultiver ou pour satisfaire leurs hobbies
    Citation Envoyé par Cécile
    Sinon, je ne suis pas d'accord avec Frêle idée. La plupart des opposants à la vulgarisation l'accusent de déformer les choses à force de trop les simplifier. Mais l'enseignement aussi les déforme, et même notre vision actuelle des sciences est déformée (quel scientifique irait affirmer qu'il a une vision non déformée de la réalité ?).
    je n'ai jamais dit que j'étais contre la vulgarisation, j'ai identifié les précautions que je considère devoir l'accompagner (relire mon message).
    S'agissant de la "déformation" je crois que tu mélanges:
    - d'une part la déformation de l'explication des choses par rapport à celle qui correspond au modèle scientifique le plus complet du moment ("notre vision actuelle des sciences est déformée")
    - et d'autre part la déformation de la "réalité", chose qui me semble fondamentalement incontournable dans l'aptitude de la science à rendre compte du réel, et qui fait encore aujourd'hui l'objet de questions épistémologiques ("une vision non déformée de la réalité")

    Citation Envoyé par Cécile
    Il ne faut surtout pas alourdir la vulgarisation avec des démarches "pédagogiques" sous peine de faire fuir les personnes intéressées
    Et pourquoi pas? La vulgarisation peut porter une valeur pédagogique pour celui qui veut s'en donner la peine; ça peut être l'occasion, en allant progressivement du plus "simple", imagé, analogique, concret jusqu'au plus "compliqué", subtil, abstrait, hypothético-déductif, inductif, de présenter aux personnes qui se posent des questions les subtilités et les richesses du raisonnement expérimental.
    Ou bien veut-on que les gens s'intéressent seulement aux résultats de la science, présentés plus ou moins fidèlement, et non aux processus et méthodes qui en gouvernent l'obtention, ceux-ci étant à tout jamais réservés à un vortex d'initiés, en-dehors duquel on reste à la merci de toutes les dérives pseudoscientifiques ou irrationnelles?

    cordialement

  8. #7
    deep_turtle

    Re : La vulgarisation de la science

    Si je puis me permettre, j'ai l'impression que vous n'êtes pas vraiment en désaccord, si on admet (?) que l'activité de "vulgarisation" puisse se décliner sous diverses formes, pour des publics très divers, non ?
    « D'avoir rejeté le néant, j'ai découvert le vide» -- Yves Klein

  9. #8
    invite5d273677

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par deep_turtle
    Juste pour réagir sur un point :

    Je n'ai pas parlé de "simplification", j'ai parlé de détacher la connaissance scientifique de son aspect technique. Parfois, c'est bien plus compliqué de faire ça que d'écrire une équation ! Et la vulgarisation n'interdit pas de s'attaquer à certaines subtilités de la physique, mais je ne pense pas (et jeme base sur ma propre expérience) qu'on puisse aller très loin dans ces subtilités sans un minimum de technique, malheureusement.
    Je te suis complètement quand tu dis qu'il est souvent plus difficile d'expliquer, avec du sens physique, un phénomène, que de le décrire à coup d'équations. J'ai moi-même constaté que des physiciens qui manipulaient à merveille ces outils mathématiques restaient hésitants quand on leur demande des explications plus "physiques" (causes, effets, leurs importances relatives, leur observabilité, leur mesurabilité, ce qui change si on modifie ceci ou cela...).
    Si l'on veut aller plus loin dans les explicationsphysiques dans une vulgarisation il arrive un seuil à partir duquel un grand nombre de prérequis (notions, définitions, etc) doit être utilisé. Et si l'on en fait l'impasse, les explications tombent nécessairement dans l'approximatif, ce que j'ai voulu dire par "simplifications".
    Il est vrai que, très souvent, un article scientifique de vulgarisation, lorsqu'il est bien fait (selon moi) prend d'abord la peine de présenter les prérequis qui seront nécessaires à la compréhension de l'objet principal de l'article, et j'ai constaté que les proportions d'occupation dans l'article pouvaient aller jusqu'à 90% pour les prérequis et 10% pour le sujet central.

    cordialement

  10. #9
    Cécile

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par FRELE IDEE
    pas d'accord, il existe des contre-exemples: certaines personnes suivent une formation, un enseignement théorique ou pratique, pour acquérir un savoir faire ou assouvir leurs curiosités, par plaisir, pour se cultiver ou pour satisfaire leurs hobbies
    Le cas n'est vraiment pas fréquent, et c'est une des rares fois où l'enseignement sert de vulgarisation

    je n'ai jamais dit que j'étais contre la vulgarisation, j'ai identifié les précautions que je considère devoir l'accompagner (relire mon message).
    Non, mais je te sens quand même réticent. Du moins à une vulgarisation tout public.


    S'agissant de la "déformation" je crois que tu mélanges:
    - d'une part la déformation de l'explication des choses par rapport à celle qui correspond au modèle scientifique le plus complet du moment ("notre vision actuelle des sciences est déformée")
    - et d'autre part la déformation de la "réalité", chose qui me semble fondamentalement incontournable dans l'aptitude de la science à rendre compte du réel, et qui fait encore aujourd'hui l'objet de questions épistémologiques ("une vision non déformée de la réalité")
    Je ne mélange pas. Simplement, refuser la déformation de l'explication ne me paraît pas très cohérent lorsqu'on sait que notre vision même de la réalité est déformée. Bien sûr il faut minimiser les déformations, mais ça se fait trop souvent au prix d'un refus de vulgarisation.

    Et pourquoi pas? La vulgarisation peut porter une valeur pédagogique pour celui qui veut s'en donner la peine;
    Oui, mais il ne faut pas que ce soit l'unique vulgarisation qu'on propose (du genre "on vous en montre un peu, mais il faut vous cogner les difficultés sinon vous ne comprendrez rien"). Je pense qu'il faut essayer de toucher le plus de monde possible, donc faire aussi bien la vulgarisation que tu décris que la vulgarisation très simple, envers des gens dont on sait qu'ils n'iront probablement pas voir plus loin.

    ça peut être l'occasion, en allant progressivement du plus "simple", imagé, analogique, concret jusqu'au plus "compliqué", subtil, abstrait, hypothético-déductif, inductif, de présenter aux personnes qui se posent des questions les subtilités et les richesses du raisonnement expérimental.
    Oui, mais en n'ayant tendance à ne faire que ça, on dégoûte beaucoup de monde de la science.

    Ou bien veut-on que les gens s'intéressent seulement aux résultats de la science, présentés plus ou moins fidèlement, et non aux processus et méthodes qui en gouvernent l'obtention, ceux-ci étant à tout jamais réservés à un vortex d'initiés, en-dehors duquel on reste à la merci de toutes les dérives pseudoscientifiques ou irrationnelles?
    Veut-on une élite qui s'intéresse à la vulgarisation haute de gamme et une grande majorité de la population qui ne connaît rien de rien ? C'est ce qu'on risque en refusant la vulgarisation très grand public.
    Je ne vois pas le rapport avec les dérives pseudo-scinetifiques : rien ne prouve que celles-ci soient dues au manque de culture scientifique des gens.

  11. #10
    invite5d273677

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Cécile
    Non, mais je te sens quand même réticent. Du moins à une vulgarisation tout public.
    décidément, on ne se comprend pas.
    tu interprètes mes propos comme un refus de "descendre" au niveau d'un public que tu juges sans aptitude au progrès. Je dis seulement qu'il faut chercher à tirer vers le haut cette partie du public. Chaque individu doit pouvoir avoir le droit d'améliorer sa compréhension des choses limitées à une élite. Le scientifique, et le journaliste scientifique qui en est le relais, doivent avoir confiance en cette aptitude au progrès.


    Citation Envoyé par Cécile
    Oui, mais il ne faut pas que ce soit l'unique vulgarisation qu'on propose (du genre "on vous en montre un peu, mais il faut vous cogner les difficultés sinon vous ne comprendrez rien"). Je pense qu'il faut essayer de toucher le plus de monde possible, donc faire aussi bien la vulgarisation que tu décris que la vulgarisation très simple, envers des gens dont on sait qu'ils n'iront probablement pas voir plus loin.
    je n'ai jamais dit le contraire! c'est une question d'ordre, de degré, dans la façon de présenter les connaissances. Penses-tu que je sois assez débile pour croire qu'on peut expliquer la physique quantique telle quelle à un enfant de sixième?
    Pour l'avoir pratiqué, je sais qu'il y a des étapes de maturité à suivre pour expliquer des choses compliquées. Et même très compliquées. Que ce soit avec des jeunes élèves, des étudiants, des cadres ou ingénieurs en reconversion, des collègues de travail, et même mes enfants, chaque fois que je leur ai expliqué des choses compliquées, c'est en prenant le temps de partir de ce qu'ils savaient pour arriver à ce qu'ils voulaient connaître. Mais à chaque fois, personne n'est partie avec le sentiment que, ça y-est, elle connaissait tout de la question et pouvait s'endormir sur un savoir complet; bien au contraire, chacune de ces personnes avait pris conscience que, tout en comprenant une partie des choses, elle devait aller plus loin, ouvrir plus d'horizon, pour améliorer cette connaissance et aborder des niveaux moins évidents. Chacune d'elle a pu comprendre qu'elle pouvait avoir envie de faire l'effort d'aller plus loin. Et cela peut susciter des vocations, voir le chemin à parcourir pour la connaissance scientifique.

    Je n'ai jamais eu la malhonnêteté de faire croire à chacun que le simple fait d'entrer dans le temple lui permettait de connaître la vérité, mais que cela montrait le chemin parfois long et difficile de s'y diriger. Rendre les gens autosatisfaits n'est pas mon truc.

    Citation Envoyé par Cécile
    Oui, mais en n'ayant tendance à ne faire que ça, on dégoûte beaucoup de monde de la science.
    je n'ai rien à rajouter à ce que je viens de dire.
    Beaucoup de gens ont appris à aimer la science et à découvrir l'effort qu'ils ont eu envie de faire pour avancer.
    Citation Envoyé par Cécile
    Veut-on une élite qui s'intéresse à la vulgarisation haute de gamme et une grande majorité de la population qui ne connaît rien de rien ? C'est ce qu'on risque en refusant la vulgarisation très grand public.
    une fois encore (et la dernière) je n'ai rien dit de tel.

    Citation Envoyé par Cécile
    Je ne vois pas le rapport avec les dérives pseudo-scinetifiques : rien ne prouve que celles-ci soient dues au manque de culture scientifique des gens.
    qu'est-ce que la science, ou plutôt l'esprit scientifique, alors, si ce n'est pas la manière de faire la part entre la connaissance objective et éprouvée et les "vérités" balancées au tout venant?
    Si les scientifiques n'appliquent plus l'esprit scientifique, on n'a plus qu'à partir en vacances !!!
    Dernière modification par deep_turtle ; 09/02/2006 à 19h45.

  12. #11
    Makalu

    Re : La vulgarisation de la science

    Bonsoir,

    L'enseignement peut aussi être une vulgarisation. Tout dépend des connaissances que l'on souhaite transmettre et du public concerné. Il n'y a pas de frontière très nette entre les deux.

  13. #12
    Cécile

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par FRELE IDEE
    Chaque individu doit pouvoir avoir le droit d'améliorer sa compréhension des choses limitées à une élite. Le scientifique, et le journaliste scientifique qui en est le relais, doivent avoir confiance en cette aptitude au progrès.
    Nous sommes d'accord sur le but, c'est sur les moyens que nous divergeons.

    Pour l'avoir pratiqué, je sais qu'il y a des étapes de maturité à suivre pour expliquer des choses compliquées. Et même très compliquées. Que ce soit avec des jeunes élèves, des étudiants, des cadres ou ingénieurs en reconversion, des collègues de travail, et même mes enfants, chaque fois que je leur ai expliqué des choses compliquées, c'est en prenant le temps de partir de ce qu'ils savaient pour arriver à ce qu'ils voulaient connaître.
    Tu parles uniquement de vulgarisation "en direct" où tu prends le temps d'expliquer, tu vois les réactions des gens (sourcil froncé = je ne comprends pas), etc. En plus, tu parles d'élèves, étudiants, ingénieurs en reconversion, c'està dire des gens très intéresssés à la base. C'est très bien, mais vu le nombre de scientifiques ayant l'envie et le temps de faire comme toi, on n'ira pas bien loin.
    Moi, je te parle vulgarisation d'un grand nombre de gens qui n'en ont rien à faire au départ de la science. Donc ça passe par des revues, des émissions...
    Evidemment qu'on ne se comprend pas, on ne parle pas de la même chose.

    Mais à chaque fois, personne n'est partie avec le sentiment que, ça y-est, elle connaissait tout de la question et pouvait s'endormir sur un savoir complet; bien au contraire, chacune de ces personnes avait pris conscience que, tout en comprenant une partie des choses, elle devait aller plus loin, ouvrir plus d'horizon, pour améliorer cette connaissance et aborder des niveaux moins évidents. Chacune d'elle a pu comprendre qu'elle pouvait avoir envie de faire l'effort d'aller plus loin. Et cela peut susciter des vocations, voir le chemin à parcourir pour la connaissance scientifique.
    Effort, volonté, chemin à parcourir, c'est très bien, pour les gens déjà motivés (ou que tu as le temps de motiver par ton discours). Moi, j'aimerais lire plus les mots "plaisir de la découverte", "curiosité", "joie d'en savoir plus", etc.
    C'est important de savoir qu'on n'a compris qu'un tout petit bout du sujet, mais ce n'est pas non plus le but de la vulgarisation.

    Je n'ai jamais eu la malhonnêteté de faire croire à chacun que le simple fait d'entrer dans le temple lui permettait de connaître la vérité, mais que cela montrait le chemin parfois long et difficile de s'y diriger.
    On retombe sur les mêmes mots : long, difficile, ...
    Oui, la science est difficile (mais pas forcément plus que d'autres disciplines), mais ce n'est pas en insistant là dessus que tu convaincras le grand public de s'y intéresser.


    Rendre les gens autosatisfaits n'est pas mon truc.
    Etre content d'avoir appris quelque chose n'est pas de l'autosatisfaction. Et même si la personne ne va pas plus loin, c'est déjà bien qu'elle ait acquis une minuscule connaissance.

    qu'est-ce que la science, ou plutôt l'esprit scientifique, alors, si ce n'est pas la manière de faire la part entre la connaissance objective et éprouvée et les "vérités" balancées au tout venant?
    Si les scientifiques n'appliquent plus l'esprit scientifique, on n'a plus qu'à partir en vacances !!!
    Tu ne réponds pas à ma question : est-il démontré scientifiquement que les personnes ayant le moins de culture scientifique sont les plus sensibles aux pseudo-sciences ? Je rappelle par exemple que certaines sectes (Raël... ) recrutent fort parmi les médecins, scientifiques...

  14. #13
    Cécile

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Makalu
    L'enseignement peut aussi être une vulgarisation. Tout dépend des connaissances que l'on souhaite transmettre et du public concerné. Il n'y a pas de frontière très nette entre les deux.
    Pour moi, au contraire, c'est assez différent.
    L'élève a un but utilitaire : obtenir son diplôme. Il est donc un peu "coincé" : même si le prof n'est pas bon, même si la matière ne lui plaît pas, il doit s'y coller. Et même si le prof est bon et la matière passionnante, l'élève garde toujours sa question de l'examen à réussir en arrière plan. Le prof, lui, a un programme à remplir, un examen à faire passer, il ne peut pas trop parler de tout, faire autant de disgressions qu'il souhaite, faire du "hors programme"
    Au contraire, la vulgarisation s'adresse à des gens pour un tout but plus désintéressé : plaisir de la connaissance, volonté de comprendre le monde autour de soi, ... Si le vulgarisateur (ou l'oeuvre de vulgarisation : conférence, livre, film, revue...K) est mauvais, la personne zappe. Il est donc beaucoup plus périlleux d'être vulgarisateur : on est obligé d'intéresser son public. En revanche, il est plus libre sur le contenu, la forme, la durée...

  15. #14
    Makalu

    Re : La vulgarisation de la science

    Bonsoir,

    Citation Envoyé par Cécile
    L'élève a un but utilitaire : obtenir son diplôme.
    C'est surtout vrai au niveau du bac du fait de la pression médiatique, familiale, etc. Je trouve que tu as une opinion très réductrice des élèves!


    Citation Envoyé par Cécile
    Au contraire, la vulgarisation s'adresse à des gens pour un tout but plus désintéressé : plaisir de la connaissance, volonté de comprendre le monde autour de soi, ...
    Je ne suis pas du tout d'accord avec toi. Tu sembles vouloir opposer l'enseignement et la vulgarisation. Pour moi, la différence tient seulement dans le public visé. Même si l'enseignant a un programme déterminé, cela ne l'empêche pas de rendre son cours passionnant. C'est justement tout l'art de l'enseignement!

    Citation Envoyé par Cécile
    Si le vulgarisateur (ou l'oeuvre de vulgarisation : conférence, livre, film, revue...K) est mauvais, la personne zappe. Il est donc beaucoup plus périlleux d'être vulgarisateur : on est obligé d'intéresser son public. En revanche, il est plus libre sur le contenu, la forme, la durée...
    Sauf que à trop vouloir adapter le contenu on finit par le déformer et à diffuser dans le public des idées fausses... Il faut savoir aussi fixer des limites dans la vulgarisation. Je ne pense pas qu'il faille réduire la vulgarisation à de la publicité. La science n'est pas à vendre! La connaissance a un prix.

  16. #15
    invite5d273677

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Cécile
    Nous sommes d'accord sur le but, c'est sur les moyens que nous divergeons.
    ... ou que nous nous complétons?

    Citation Envoyé par Cécile
    Moi, je te parle vulgarisation d'un grand nombre de gens qui n'en ont rien à faire au départ de la science. Donc ça passe par des revues, des émissions...
    Evidemment qu'on ne se comprend pas, on ne parle pas de la même chose.
    bien sûr que la vulgarisation commence par donner envie, soif de savoir, s'émerveiller, satisfaire la curiosité, donner la joie! Et qu'il faut le faire pour le plus grand nombre.
    Je ne sais pas quelle est ta profession, mais si c'est dans le domaine de l'information scientifique ou de cette vulgarisation scientifique telle que tu la décris, inutile de m'en faire l'apologie: c'est un très beau métier, avec une grande responsabilité sociale.
    Pour autant sa méthode ne s'oppose pas à ce que je dis, elle lui est avantageusement complémentaire.


    Citation Envoyé par Cécile
    On retombe sur les mêmes mots : long, difficile, ...
    Oui, la science est difficile (mais pas forcément plus que d'autres disciplines), mais ce n'est pas en insistant là dessus que tu convaincras le grand public de s'y intéresser.
    ce n'est pas sur la difficulté que j'ai voulu insister, mais sur la richesse, la profondeur du domaine, et l'esprit d'aventure qu'il faut avoir pour l'explorer à partir de l'envie que la vulgarisation selon ta description a suscitée au départ. Les difficultés s'aplanissent devant une forte motivation ainsi impulsée, mais il faut bien que les gens comprennent qu'il y a des tas de choses intéressantes au-delà de cette impulsion.


    Citation Envoyé par Cécile
    Tu ne réponds pas à ma question : est-il démontré scientifiquement que les personnes ayant le moins de culture scientifique sont les plus sensibles aux pseudo-sciences ? Je rappelle par exemple que certaines sectes (Raël... ) recrutent fort parmi les médecins, scientifiques...
    Et bien si des scientifiques acceptent de rejoindre ces sectes c'est qu'ils ont peut-être gardé le savoir scientifique tout en ayant surement perdu l'esprit scientifique. Ce qui prouverait que le savoir scientifique, fut-il vulgarisé, ne saurait suffire à se prémunir des dangers des pseudo-sciences: il faut d'une manière ou d'une autre faire comprendre dans la vulgarisation que les résultats présentés sont aussi le fruit d'une démarche scientifique, aussi "contraignante" soit-elle.

    Tu me demandes s'il y a eu une étude sur le rapport entre le niveau scientifique et la propension aux pseudo-sciences? Je n'en sais rien, mais je signalerai à toute fin utile une conclusion d'étude (sondage) assez paradoxale dans le bouquin de Broch et Charpak "devenez sorciers, devenez savants": une proportion non négligeable de personnes ayant fait des études scientifiques de niveau supérieur entretiennent des croyances dans le paranormal. Ce paradoxe est apparent: pour ceux qui le savent, la science a donné l'habitude d'aller au-delà du bon sens immédiat dans bien des domaines, donc certaines personnes qui croient aux phénomènes paranormaux pensent y trouver mieux des explications subtiles, et éloignées aussi du bon sens. Et c'est bien en cela que leur démarche est dangereuse: usant de concepts compliqués et éloignés du bon sens, cette démarche tente de faire accepter des faits extraordinaires au plus grand nombre de personnes tout en les maintenant éloignées de la méthode expérimentale et du nécessaire effort de se l'approprier.

  17. #16
    crataegus

    Re : La vulgarisation de la science

    Personnellement, je vois aussi un autre élément à ajouter.
    Que ce soit dans le domaine professionnel ou lors de mes études, j'ai toujours vu que pour être reconnu par ses paires, il faut utiliser le vocabulaire "hermétique" de la discipline. Allié a une volonté de précision (plus ou moins sincère) qui fait que l'on utilise certains termes spécifiques, ce phénomène pas toujours conscient, contribue à rendre compliquée une idée qui, expliquée simplement, serait accessible par beaucoup de ceux qui sont restés sur le carreau...

    Je ne dis pas qu'avec mon niveau de physique de seconde je pourrai comprendre un article d'astrophysique, simplement qu'un bon vulgarisateur me permettrait d'assimiler certains concepts qui me sont accessibles s'ils sont expliqués d'une certaine façon.

    Le pire étant le vulgarisateur qui essaye de simplifier sans se débarasser de cette volonté d'être reconnu comme un "homme de l'art" et cumule approximation et confusion.

    Une petite précision, comme pas mal de monde, j'utilise les forums de Futura comme moyens de vulgarisation interractifs. Dans le sens ou c'est moi qui incite ceux qui savent à se mettre à mon niveau, à m'expliquer pour que je comprenne. Si je continue à venir ici depuis plus d'un an, c'est que j'apprends beaucoup.

  18. #17
    Makalu

    Re : La vulgarisation de la science

    Bonjour,

    Citation Envoyé par crataegus.oxy
    Que ce soit dans le domaine professionnel ou lors de mes études, j'ai toujours vu que pour être reconnu par ses paires, il faut utiliser le vocabulaire "hermétique" de la discipline.
    Je suis d'accord. Parfois certains abusent d'un langage hermétique pour masquer des idées complètement creuses (affaire Sokal).

  19. #18
    Cécile

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Makalu
    Sauf que à trop vouloir adapter le contenu on finit par le déformer et à diffuser dans le public des idées fausses... Il faut savoir aussi fixer des limites dans la vulgarisation. Je ne pense pas qu'il faille réduire la vulgarisation à de la publicité. La science n'est pas à vendre! La connaissance a un prix.
    Là, je ne suis pas d'accord. C'est justement contre cet aspect "la science, ça se mérite" que je me bats. Parce que avec ce dogme, on dégoûte une bonne partie des gens de la science. Bien sûr, si on veut faire des études en sciences, c'est pas facile (mais je crois que c'est pareil dans toutes les disciplines). Mais on peut apprendre plein de choses, et aussi comprendre ce qu'est la démarche scientifique, sans avoir bac+5 et sans se prendre la tête des heures dans des bouquins complexes.
    Il ne s'agit pas bien sûr de publicité, ni de vente. Il s'agit juste de tenter d'intéresser les gens. Ca n'a rien à voir. Enfin, pour l'aspect "déformation", je rappelle quand même que le plus pointu des chercheurs a lui-même une vision très déformée de la réalité. Le physicien le plus calé en théorie ne pourra pas s'empêcher de se raccrocher à quelque image concrète et fausse. Le biologiste cellulaire voit le monde sous l'aspect cellulaire et en oublie parfois l'organisme dans son ensemble. On pourrait citer des tonnes d'exemples dans toutes les disciplines.
    Alors, certes, il faut tenter d'être le plus juste possible quand on vulgarise, mais je ne vais pas refuser de vulgariser sous prétexte que je rajoute une légère déformation là où il y en a déjà une grande. Sinon, on ne vulgarise plus rien.

    C'est surtout vrai au niveau du bac du fait de la pression médiatique, familiale, etc. Je trouve que tu as une opinion très réductrice des élèves!
    Tu sais, j'ai fait du soutien bénévole en fac... en dehors des révisions des examens, je ne voyais pas grand monde. S'ils étaient vraiment là pour le pur plaisir de la connaissance, ils auraient été présents uniformément pendant l'année.

  20. #19
    Cécile

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par FRELE IDEE
    ... ou que nous nous complétons?
    Peut-être.

    Je ne sais pas quelle est ta profession, mais si c'est dans le domaine de l'information scientifique ou de cette vulgarisation scientifique telle que tu la décris, inutile de m'en faire l'apologie: c'est un très beau métier, avec une grande responsabilité sociale.
    Je suis journaliste... c'est assez différent de la vulgarisation (mais ceci est un autre débat).

    mais il faut bien que les gens comprennent qu'il y a des tas de choses intéressantes au-delà de cette impulsion.
    Oui, je suis d'accord. Mais il faut aussi admettre que même s'ils ne vont pas voir au-delà, c'est quand même utile de leur avoir appris quelque chose.

    Citation Envoyé par crataegus
    Le pire étant le vulgarisateur qui essaye de simplifier sans se débarasser de cette volonté d'être reconnu comme un "homme de l'art" et cumule approximation et confusion.
    Oui, tout à fait. Souvent, les scientifiques commencent à bien vulgariser, et tout à coup ils se disent "oui, mais si je dis ça comme ça, je vais me faire allumer par mes collègues, car en fait, c'est plus compliqué", et hop, ils retombent dans leurs travers.

  21. #20
    deep_turtle

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Cécile
    Enfin, pour l'aspect "déformation", je rappelle quand même que le plus pointu des chercheurs a lui-même une vision très déformée de la réalité. Le physicien le plus calé en théorie ne pourra pas s'empêcher de se raccrocher à quelque image concrète et fausse.
    Je trouve cette remarque particulièrement intéressante. Je n'avais jamais vraiment vu ça comme ça, et pourtant c'est si vrai !
    « D'avoir rejeté le néant, j'ai découvert le vide» -- Yves Klein

  22. #21
    Rincevent

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Cécile
    Là, je ne suis pas d'accord. C'est justement contre cet aspect "la science, ça se mérite" que je me bats. Parce que avec ce dogme, on dégoûte une bonne partie des gens de la science.
    il me semble plutôt que le problème majeur actuel est qu'on est dans une culture qui valorise "la réussite sans effort" et donc donne inévitablement de fausses idées sur plein de choses. Or, la vulgarisation telle qu'elle est très souvent faite (je ne parle pas de celle qui devrait être) renforce cet état des faits en donnant le sentiment que tout est simple et sans insister assez sur des notions comme:

    - un modèle scientifique
    - les contraintes auxquelles doit résister un modèle pour être valable
    - la différence entre une "vague idée" et un modèle véritablement scientifique
    - le besoin de mettre les mains dans le cambouis pour pouvoir prétendre à une réelle compréhension

    Bien sûr, si on veut faire des études en sciences, c'est pas facile (mais je crois que c'est pareil dans toutes les disciplines).
    on est d'accord: ce n'est pas propre à la science.

    Le physicien le plus calé en théorie ne pourra pas s'empêcher de se raccrocher à quelque image concrète et fausse. (...) Alors, certes, il faut tenter d'être le plus juste possible quand on vulgarise, mais je ne vais pas refuser de vulgariser sous prétexte que je rajoute une légère déformation là où il y en a déjà une grande.
    bah là, je ne suis pas complètement d'accord. Y'a une très grande différence entre quelqu'un qui a une vision modélisée du monde ou d'un phénomène mais est conscient des approximations faites tout en sachant pertinemment que ce n'est qu'un modèle et quelqu'un qui fait des approximations supplémentaires sans savoir ce qu'elles sont ou bien quelqu'un qui lit des textes vulgarisés sans comprendre que ce n'est que la présentation d'un modèle et non l'explication de "La Vérité". Il s'agit ni plus ni moins de prendre conscience de ses a priori et quelqu'un avec une formation scientifique le fera beaucoup plus naturellement que quelqu'un sans formation.

    Pour ce qui est d'illustrer la différence entre le discours du sciientifique et celui du vulgarisateur et/ou du "profane", la cosmologie est pour moi un exemple flagrant: sur le forum, on passe un temps non-négligeable à corriger les fausses idées qu'ont certaines personnes et qui résultent de leurs lectures de mauvaise (mais répandue) vulgarisation. Des exemples concrets pour illustrer (qui ne parleront malheureusement qu'à ceux qui connaissent réellement les concepts): la différence entre effet Doppler-Fizeau et décalage vers le rouge cosmologique, le pourquoi l'Univers n'est pas né en un point (différent d'une explosion), la différence entre le Big Bang et l'expansion de l'Univers, etc...

    Tu sais, j'ai fait du soutien bénévole en fac... en dehors des révisions des examens, je ne voyais pas grand monde. S'ils étaient vraiment là pour le pur plaisir de la connaissance, ils auraient été présents uniformément pendant l'année.
    certes, mais c'est faut pas généraliser dans l'autre sens non plus. Le fait que la plupart des élèves/étudiants sont là pour un diplôme avant tout est une déviation du système provoquée par la politique, et je suis d'accord avec Makalu quand il dit

    Citation Envoyé par Makalu
    Tu sembles vouloir opposer l'enseignement et la vulgarisation. Pour moi, la différence tient seulement dans le public visé. Même si l'enseignant a un programme déterminé, cela ne l'empêche pas de rendre son cours passionnant. C'est justement tout l'art de l'enseignement!
    Ceux qui manquent de courage ont toujours une philosophie pour le justifier. A.C.

  23. #22
    Makalu

    Re : La vulgarisation de la science

    Bonjour,

    Citation Envoyé par Cécile
    C'est justement contre cet aspect "la science, ça se mérite" que je me bats. Parce que avec ce dogme, on dégoûte une bonne partie des gens de la science.
    Je rejoins ici Rincevent. La vulgarisation a trop tendance à vouloir masquer la réalité de la démarche scientifique. Il suffit de lire les discussions sur ce forum qui prétendent révolutionnner la science en ne s'appuyant que sur de vagues idées, sans aucune base rationnelle et sans connaissances des fondements...

    C'est un problème de société qui ne se réduit malheureusement pas à la science. Combien de personnes chaque année disparaissent sous les avalanches par imprudence. On ne devient pas alpiniste simplement avec des chaussures à crampons! Je pourrais citer d'autres exemples.


    Citation Envoyé par Cécile
    Enfin, pour l'aspect "déformation", je rappelle quand même que le plus pointu des chercheurs a lui-même une vision très déformée de la réalité. Le physicien le plus calé en théorie ne pourra pas s'empêcher de se raccrocher à quelque image concrète et fausse.
    Je crois que tu confonds un modèle scientifique avec la représentation mentale que les scientifiques peuvent en avoir et qui peut être très différente d'un individu à un autre...


    Citation Envoyé par Cécile
    Tu sais, j'ai fait du soutien bénévole en fac... en dehors des révisions des examens, je ne voyais pas grand monde. S'ils étaient vraiment là pour le pur plaisir de la connaissance, ils auraient été présents uniformément pendant l'année.
    Je me suis occupé de travaux dirigés pour des étudiants en première année de DEUG et c'est vrai que beaucoup d'étudiants se retrouvent en première année d'université parce qu'ils ne savent pas quoi faire. J'ai même eu le cas d'une étudiante qui est venue seulement le jour de l'examen signer la feuille de présence, uniquement pour bénéficier d'une bourse! Mais il y a aussi d'autres étudiants qui sont présents parce que la science les intéressent (et pas seulement pour obtenir un diplôme!).

  24. #23
    Cécile

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Rincevent
    Or, la vulgarisation telle qu'elle est très souvent faite (je ne parle pas de celle qui devrait être) renforce cet état des faits en donnant le sentiment que tout est simple et sans insister assez sur des notions comme:

    - un modèle scientifique
    - les contraintes auxquelles doit résister un modèle pour être valable
    - la différence entre une "vague idée" et un modèle véritablement scientifique
    - le besoin de mettre les mains dans le cambouis pour pouvoir prétendre à une réelle compréhension
    Ta vulgarisation "idéale" ne toucherait que 0,0...001 % de la population. Bien sûr qu'on aimerait tous que les gens aient la vision la plus juste possible des sciences. Mais la vulgarisation telle que tu la décris est une vulgarisation élitiste, que tu le veuilles ou non.
    Quant à moi, je préfère qu'il y ait quelques déformations de la réalité, mais que ça touche plus de monde.
    Tiens, c'est comme un modèle physique. Tu as le modèle de l'hydrogénoïde (un noyau + un électron) où tu peux calculer exactement la fonction d'onde. Et dès que tu as deux électrons ou plus, tu es obligé de faire des approximations. Celui qui ne veut que des choses exactes est obligé de se limiter à l'hydrogénoïde, ce qui n'est pas très utile en chimie. Celui qui veut mieux comprendre la chimie fait des approximations, même s'il sait qu'elles sont fausses.
    La vulgarisation telle que tu la souhaite me fait le même effet : être exact et toucher peu de monde, plutôt qu'accepter les erreurs et toucher davantage de monde.

    sur le forum, on passe un temps non-négligeable à corriger les fausses idées qu'ont certaines personnes et qui résultent de leurs lectures de mauvaise (mais répandue) vulgarisation. Des exemples concrets pour illustrer (qui ne parleront malheureusement qu'à ceux qui connaissent réellement les concepts): la différence entre effet Doppler-Fizeau et décalage vers le rouge cosmologique, le pourquoi l'Univers n'est pas né en un point (différent d'une explosion), la différence entre le Big Bang et l'expansion de l'Univers, etc...
    Mais il n'y aurait pas eu ces "idées fausses" (que j'appellerais plutôt approximations), tu ne discuterais même pas avec ces forumeurs, pour la bonne raison qu'ils n'auraient même pas entendu parler de l'effet Doppler (et encore moins du décalage vers le rouge) !

  25. #24
    invite5d273677

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Rincevent
    il me semble plutôt que le problème majeur actuel est qu'on est dans une culture qui valorise "la réussite sans effort" et donc donne inévitablement de fausses idées sur plein de choses. Or, la vulgarisation telle qu'elle est très souvent faite (je ne parle pas de celle qui devrait être) renforce cet état des faits en donnant le sentiment que tout est simple et sans insister assez sur des notions comme:

    - un modèle scientifique
    - les contraintes auxquelles doit résister un modèle pour être valable
    - la différence entre une "vague idée" et un modèle véritablement scientifique
    - le besoin de mettre les mains dans le cambouis pour pouvoir prétendre à une réelle compréhension
    Alors là, Rincevent, tu l'as dit beaucoup mieux que moi!

    Citation Envoyé par Rincevent
    bah là, je ne suis pas complètement d'accord. Y'a une très grande différence entre quelqu'un qui a une vision modélisée du monde ou d'un phénomène mais est conscient des approximations faites tout en sachant pertinemment que ce n'est qu'un modèle et quelqu'un qui fait des approximations supplémentaires sans savoir ce qu'elles sont ou bien quelqu'un qui lit des textes vulgarisés sans comprendre que ce n'est que la présentation d'un modèle et non l'explication de "La Vérité". Il s'agit ni plus ni moins de prendre conscience de ses a priori et quelqu'un avec une formation scientifique le fera beaucoup plus naturellement que quelqu'un sans formation.
    et encore !!!

  26. #25
    Makalu

    Re : La vulgarisation de la science

    Bonjour,

    Citation Envoyé par Cécile
    Ta vulgarisation "idéale" ne toucherait que 0,0...001 % de la population. Bien sûr qu'on aimerait tous que les gens aient la vision la plus juste possible des sciences. Mais la vulgarisation telle que tu la décris est une vulgarisation élitiste, que tu le veuilles ou non.
    Il est possible de faire de la vulgarisation sans être pour autant élitiste! Je crois que le problème de la vulgarisation c'est qu'elle n'insiste pas suffisament sur la démarche scientifique comme l'a déjà souligné Rincevent.

    Citation Envoyé par Cécile
    La vulgarisation telle que tu la souhaite me fait le même effet : être exact et toucher peu de monde, plutôt qu'accepter les erreurs et toucher davantage de monde.

    La vulgarisation ne consiste pas à présenter des approximations d'un modèle plutôt que le modèle "exact" mais à donner une certaine représentation de ce modèle et/ou de ces approximations qui soit compréhensible par le public visé. Le problème c'est que ces représentations sont souvent prises au pied de la lettre et donnent lieu à des idées fausses. Rincevent citait l'exemple du "big bang" qui laisse croire qu'il s'agit d'une explosion alors que ce n'est pas du tout le cas. L'expression avait été formulée par Hoyle pour tourner en ridicule cette théorie à laquelle il ne croyait pas mais malheureusement l'expression est restée.

  27. #26
    invite5d273677

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Cécile
    Mais la vulgarisation telle que tu la décris est une vulgarisation élitiste, que tu le veuilles ou non.
    Quant à moi, je préfère qu'il y ait quelques déformations de la réalité, mais que ça touche plus de monde.
    tu t'accroches avec obstination à une idée que tu réitères chaque fois "je préfère ceci... à cela...", et tu ne tiens pas compte des autres arguments échangés. En ce qui me concerne, j'ai également soulevé la question d'un progrès dans la connaissance scientifique impulsé chez le public. Je ne m'en tiens pas à une vision statique et pessimiste qui consiste à estimer que les gens sont globalement ignorants en science sans possibilité ni aptitude à s'y améliorer. Rincevent l'a bien dit je crois: la vulgarisation ça consiste aussi à faire comprendre aux gens qu'ils peuvent aller de l'avant en science en s'appropriant ce qui la sous-tend: la méthode scientifique. Et à mon avis ce n'est pas insurmontable: bien des personnes ont l'esprit d'un savant sans même avoir accumulé une masse d'informations et de résultats scientifiques. Il faut encourager cette possibilité.
    Citation Envoyé par Cécile
    Tiens, c'est comme un modèle physique. Tu as le modèle de l'hydrogénoïde (un noyau + un électron) où tu peux calculer exactement la fonction d'onde. Et dès que tu as deux électrons ou plus, tu es obligé de faire des approximations. Celui qui ne veut que des choses exactes est obligé de se limiter à l'hydrogénoïde, ce qui n'est pas très utile en chimie. Celui qui veut mieux comprendre la chimie fait des approximations, même s'il sait qu'elles sont fausses.
    La vulgarisation telle que tu la souhaite me fait le même effet : être exact et toucher peu de monde, plutôt qu'accepter les erreurs et toucher davantage de monde.
    L'analogie me semble déplacée. Présenter la science, dans une vulgarisation, non seulement par ses résultats, mais aussi par la pédagogie de sa méthode ce n'est pas comme apporter des précisions aux premiers par la seconde. C'est montrer que l'obtention des premiers nécessite la seconde.
    Citation Envoyé par Cécile
    Mais il n'y aurait pas eu ces "idées fausses" (que j'appellerais plutôt approximations), tu ne discuterais même pas avec ces forumeurs, pour la bonne raison qu'ils n'auraient même pas entendu parler de l'effet Doppler (et encore moins du décalage vers le rouge) !
    non, non et non: il n'y aurait pas d'idées fausses sur les forums si les gens, même s'ils connaissent vaguement l'effet Doppler, savaient qu'il existe une démarche scientifique pour le découvrir, le comprendre, l'appliquer, et le délimiter.

  28. #27
    Cécile

    Re : La vulgarisation de la science

    J'ai vraiment l'impression que vous appréhendez la vulgarisation sous la forme suivante : j'ai un interlocuteur entre quatre z'yeux, on a plusieurs heures devant nous pour que je lui explique les choses, il est vachement intéressé et ne demande qu'à apprendre, il a des a-prioris positifs sur les sciences et il sait bien raisonner. Dans ce cas là, d'accord avec vous.
    Mais dans la réalité, c'est rarement ça ! Les personnes ont parfois une heure, parfois dix minutes. Elles sont parfois fatiguées, dérangées, n'ont pas vraiment l'envie (ni même l'idée) d'apprendre des sciences. Et pourtant, une bonne émission (par exemple) doit savoir les accrocher, les intéresser, leur apporter quelque chose, même si elles ne deviennent pas tout à coup expertes en "raisonnement scientifique".

  29. #28
    invite5d273677

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Cécile
    J'ai vraiment l'impression que vous appréhendez la vulgarisation sous la forme suivante : j'ai un interlocuteur entre quatre z'yeux, on a plusieurs heures devant nous pour que je lui explique les choses, il est vachement intéressé et ne demande qu'à apprendre, il a des a-prioris positifs sur les sciences et il sait bien raisonner. Dans ce cas là, d'accord avec vous.
    Mais dans la réalité, c'est rarement ça ! Les personnes ont parfois une heure, parfois dix minutes. Elles sont parfois fatiguées, dérangées, n'ont pas vraiment l'envie (ni même l'idée) d'apprendre des sciences. Et pourtant, une bonne émission (par exemple) doit savoir les accrocher, les intéresser, leur apporter quelque chose, même si elles ne deviennent pas tout à coup expertes en "raisonnement scientifique".
    je ne sais pas pour les autres, mais moi je n'appréhende rien et le sujet me laisse serein.

    Pour rebondir sur ce que tu viens de dire à propos des gens pour lesquels il faut une vulgarisation même s'ils sont pressés ou qu'ils n'ont rien à faire de la science, c'est bon: remettons le compteur à zéro en s'interrogeant alors sur leurs attentes, lesquelles:
    - sont probablement aussi variées que les individus
    - ou bien consistent à s'informer SUR la science (mais dans ce cas ne pas confondre avec un début d'enseignement fût-il vulgarisé)
    - autres...

  30. #29
    Rincevent

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par Cécile
    Ta vulgarisation "idéale" ne toucherait que 0,0...001 % de la population.
    faux. Le problème n'est pas dans le public mais dans les vulgarisateurs. La vulgarisation n'est pas une chose facile à faire et c'est pour ça que beaucoup de scientifiques préfèrent ne "pas s'y risquer" alors que beaucoup de ceux qui s'y risquent ne prennent même pas le temps d'être certains de ce qu'ils racontent et préfèrent raconter des stupidités sous couverts de "rêves" ou "simplifications".

    Bien sûr qu'on aimerait tous que les gens aient la vision la plus juste possible des sciences. Mais la vulgarisation telle que tu la décris est une vulgarisation élitiste, que tu le veuilles ou non.
    y'a rien d'élitiste à vouloir que les gens aient une idée (même vague) de la réalité plutôt que des idées fausses de chimères. Il s'agit au contraire d'une popularisation/démocratisation de "l'état des connaissances". En plus, quand je parlais d'idées justes, ils ne s'agissaient pas de justesse de la totalité du contenu mais de justesse de la forme et de l'esprit de celui-ci. Dans la vulgarisation, on devrait se contrefoutre du quantitative pour se restreindre au qualitatif. Par exemple avoir compris les principes de base de la physique des particules est bien plus enrichissant que de connaître toutes les particules du modèle standard. Pourtant, quasiment tous les livres de vulgarisation insistent avant tout sur l'inventaire de ces particules. On choisit le quantitatif au détriment du qualitatif car il est facilement racontable, même si on n'apprend rien d'important à sa lecture. Encore une fois le problème n'est pas dans le public, mais bien dans les gens qui font la vulgarisation sans faire de réel effort.

    Quant à moi, je préfère qu'il y ait quelques déformations de la réalité, mais que ça touche plus de monde.
    Tiens, c'est comme un modèle physique. Tu as le modèle de l'hydrogénoïde (un noyau + un électron) où tu peux calculer exactement la fonction d'onde. Et dès que tu as deux électrons ou plus, tu es obligé de faire des approximations. Celui qui ne veut que des choses exactes est obligé de se limiter à l'hydrogénoïde, ce qui n'est pas très utile en chimie.
    ai-je dit qu'il fallait se contenter de choses exactes ? certainement pas. Je suis dans les premiers à utiliser des analogies (donc à dire des trucs inexacts) quand j'essaie d'expliquer des trucs sur ce forum. Mais, je préfère de très loin simplifier en passant sous silence certains aspects intéressants pour être précis sur ce qui est compréhensible plutôt que de donner une illusion de connaissance/compréhension en cherchant à/prétendant être exhaustif.

    Celui qui veut mieux comprendre la chimie fait des approximations, même s'il sait qu'elles sont fausses.
    La vulgarisation telle que tu la souhaite me fait le même effet : être exact et toucher peu de monde, plutôt qu'accepter les erreurs et toucher davantage de monde.
    tu n'as pas lu et/ou compris ce que j'ai écrit. Je n'ai absolument pas dit qu'il fallait ne pas faire d'approximations. Simplement il est crucial de dire quand on en fait (même sans dire ce qu'elles sont) et d'en avoir conscience.

    Mais il n'y aurait pas eu ces "idées fausses" (que j'appellerais plutôt approximations), tu ne discuterais même pas avec ces forumeurs, pour la bonne raison qu'ils n'auraient même pas entendu parler de l'effet Doppler (et encore moins du décalage vers le rouge) !
    faux. La différence entre les deux effets est très simple à expliquer et est qualitative. Parler d'effet Doppler pour la cosmologie n'est pas approximatif, c'est tout simplement faux. Prétendre le contraire, ça revient à approuver les trucs du genre "puisque les chaises ont souvent 4 pattes, on va considérer que ce sont des animaux. C'est une approximation, mais puisqu'on fait de la vulgarisation, c'est pas grave".

    Et justement, le fait que toi qui as sûrement déjà parlé de/écrit sur la cosmologie ne sembles pas savoir que ce n'est pas qu'une approximation est une bonne illustration des méfaits des tentatives de vulgarisation faites par des gens qui ne connaissent pas réellement ce dont ils parlent. Je ne critique en rien ce que tu écris, je dis juste que tu as appris en lisant des choses fausses si tu ne sais pas que redshift cosmologique et effet Doppler n'ont rien à voir.

    Les personnes ont parfois une heure, parfois dix minutes. Elles sont parfois fatiguées, dérangées, n'ont pas vraiment l'envie (ni même l'idée) d'apprendre des sciences. Et pourtant, une bonne émission (par exemple) doit savoir les accrocher, les intéresser, leur apporter quelque chose, même si elles ne deviennent pas tout à coup expertes en "raisonnement scientifique".
    sans chercher à former des "experts" (je n'ai strictement jamais utilisé ce mot) on peut quand même faire comprendre aux gens les principes de la réalité. Je parle pas de la réalité de la nature, mais de la réalité de la recherche/ de la science. On peut avoir conscience qu'un truc est complexe sans en être expert. Si la frontière entre science et science-fiction est si fine pour beaucoup de gens aujourd'hui, c'est avant tout la faute de cette pseudo-vulgarisation qui est avant tout un abrutissement. Désolé d'être aussi dur dans les mots (je précise toutefois que je ne te vise pas en disant ça), mais quand on voit partout des discussions sur les voyages dans le temps, sur les clones de mammouths et quasiment jamais sur les raisons pour lesquelles tout ceci n'est pas de la science (même si ça peut peut-être en devenir un jour) mais de la science-fiction, on ne peut pas prétendre qu'il s'agit d'un exercice d'information. Il s'agit de désinformation.
    Dernière modification par Rincevent ; 10/02/2006 à 15h26.
    Ceux qui manquent de courage ont toujours une philosophie pour le justifier. A.C.

  31. #30
    Cécile

    Re : La vulgarisation de la science

    Citation Envoyé par FRELE IDEE
    - ou bien consistent à s'informer SUR la science (mais dans ce cas ne pas confondre avec un début d'enseignement fût-il vulgarisé)
    On rejoint le sujet du début . Et je reviens à ce que j'ai dit : la vulgarisation et l'enseignement, ce sont deux choses bien différentes.

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