Hello
je lance un sujet un peu transversal à partir de réflexions que je me fais face au traitement social de plusieurs "crises", en particulier la crise du Covid et la crise dite "écologique". Comme toutes les crises, ces crises amènent des peurs pour le futur, et des incitations à l'action. Le problème est de savoir quelles actions prendre, et pourquoi.
Ce qui est commun dans ces crises, c'est que le traitement n'est pas simple car il est clair que les "actions" à entreprendre peuvent aussi avoir des conséquences négatives. Par exemple lutter contre la pollution, l'emploi de pesticides, la déforestation, la production de CO2, peuvent aussi avoir des conséquences sur l'économie et la vie des gens. C'est la même chose pour la lutte contre la propagation du virus : on sait en théorie ce qu'il faut faire mais on sait aussi que ça peut avoir des inconvénients, parfois graves (par exemple fermer les écoles).
En théorie, c'est un problème d'optimisation bénéfices-risques, sur lequel on pourrait travailler en se mettant d'accord sur une fonction à optimiser : il y a une vraie question de savoir quoi mettre dans cette fonction, et en particulier les poids relatifs des couts vont etre importants, et déterminer ensuite la valeur de l'optimum. Ce n'est pas un problème simple, il y a souvent une (grande) part de subjectivité dans les choix (comparer par exemple le risque de raccourcir la vie de quelqu'un de 90 ans de un an ou de handicaper les études de quelqu'un de 20 ans). Ou comparer le cout de diminuer la population d'abeilles à diminuer la récolte de betteraves à sucre ... Mais bon en théorie c'est ce qu'il faut faire.
Or ce qui me frappe, c'est qu'on ne le fait jamais. On agite des arguments dans tous les sens "oui mais ça va faire ci, oui mais ça va faire ça", mais on n'arrive pas (et en général on n'essaie meme pas ) de formaliser un peu ce qu'on cherche à optimiser. Du coup on voit surtout se développer des discours "dans le vide" , sur "ce qu'il faudrait faire" (on sait pas pourquoi), suivi de lamentations de "on l'a pas fait" et de dénonciations de coupables ("on l'a pas fait à cause des méchants -en général financiers et capitalistes- qui nous ont empêché de le faire"). Mais en fait on n'a jamais pris la peine de préciser ce qu'on voulait faire exactement et pourquoi on voulait le faire.
De fait , il y a toujours quelque chose qui se passe, quoi qu'on fasse. Donc la situation réelle , probablement, est bien le résultat de l'équilibre entre forces contraires qui s'opposent, et donc un genre d'optimisation se fait de facto , mais sans être formalisée. Par exemple il est clair que le traitement de la crise Covid en France a été proche de celui qu'on aurait fait si on s'était fixé "le maximum de contaminations possibles compatible avec les capacité de soin des services de réanimation" - mais personne a ma connaissance n'a présenté ça comme un objectif explicite. De même la transition écologique montre à l'évidence que l'économie prime encore et toujours sur les préoccupations écologiques et que la stratégie optimale me semble proche de "assurer quand même la croissance maximale de l'économie mais en produisant le maximum de discours et de gestes symboliques possibles, pour calmer les écologistes les plus agités" , mais là encore personne n'osera formuler ça comme ça.
Est ce vraiment la seule possibilité "humaine" d'agir ?
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