Questions sur l'impact du réchauffement climatique sur les centrales nucléaires

[sunyata]

Bonjour,

Nous espérons favoriser la transition énergétiques en augmentant la taille du parc nucléaire. Mais le réchauffement climatique ne va-t-il pas poser
de gros problèmes liés aux sources froides ?
D'abord il devrait y avoir des pertes de rendement si la température de la source de refroidissement augmente, c'est d'ailleurs valable pour tous les types de moteurs que nous utilisons.
Mais par ailleurs comme nous nous dirigeons vers le pire des scénarios c'est à dire le "business as usual" nous devrons faire face à la baisse du niveau des cours d'eau, voir
à leur assèchement un peu comme ce qui se passe cette année dans les gorges du Verdon.
Bref cela ne devrait pas être problématique pour les centrales refroidies à l'eau de mer, mais quid de toutes celles situées à l'intérieur des terres, refroidies par l'eau
des rivières ?????

Si certains ont des infos sur ce sujet, cela m'intéresse.

Cordialement
-----

[XK150]

Bonjour ,

Vous trouverez des développements sur Internet .
Ce site ( inconnu ) tient la route : https://bonpote.com/les-centrales-nu...C3%A9es%201990).

[f6bes]

Bjr,
Bel article, encore faudra t il avoir le "liquide de refroidissement en quantité nécessaire.
Centrale en état de marche...ne manque que du liquide .
Bonne journée

[yves95210]

Bonjour,

Je cite, parce que tout le monde n'aura pas le courage de lire l'article complet :

Les pertes de production liées au changement climatique : état actuel

Avant de se projeter sur les impacts du climat futur, regardons les pertes de production qui sont dès aujourd’hui liées à des arrêts pour canicule ou sécheresse.

D’après RTE, le gestionnaire du réseau de transport électrique, elles sont en moyenne de 1,4 TWh/an, c’est-à-dire moins de 0,4% de la production nucléaire annuelle. En puissance, ces arrêts peuvent être ponctuellement conséquents, avec un pic de 6GW (10% de la capacité installée) atteint lors de la canicule de juillet 2019.

Quelles sont les centrales nucléaires concernées ?

La grande majorité des pertes viennent de trois centrales : Bugey, Saint-Alban et Chooz. Comment expliquer cette particularité ?

Les deux premières sont en bord de rivière et sans tours aéroréfrigérantes (concerne deux des quatre réacteurs du Bugey) et sont donc plus sensibles aux sécheresses et aux canicules. A noter que cette combinaison “bord de rivière sans tours aéroréfrigérantes” n’est pas suffisante pour dire qu’une centrale est sensible aux sécheresses/canicules. Ainsi, Tricastin, qui a la même configuration mais est située plus en aval du Rhône, n’est que peu impactée.

Concernant Chooz, c’est un cas particulier car la centrale fait l’objet d’un accord spécifique entre la France et la Belgique (qui est en aval) sur le partage de l’eau, ce qui limite ses capacités de prélèvement.

On remarque au passage qu’aucune centrale en bord de mer, qui n’ont pourtant pas de tours aéroréfrigérantes comme on l’a vu, n’est touchée. En effet, la mer, par sa taille, a un pouvoir de dilution thermique très important, ce qui met ce type de centrales quasiment à l’abri des problèmes de canicule/sécheresse sur cet aspect.

Quant au futur (estimations basées sur les scénarios du GIEC),

D’après RTE, pour les centrales en bord de mer, le réchauffement climatique ne devrait pas induire de dépassement des seuils environnementaux pouvant conduire à des arrêts, que ce soit pour le scénario RCP4.5 ou le RCP8.5.

En revanche, à réglementation et technologie constantes, pour les réacteurs installés en bord de rivière, les pertes de production devraient être deux à trois fois plus importantes. On constate que la grande majorité des pertes sont situées sur les mêmes centrales qu’aujourd’hui, à savoir Chooz (accord France-Belgique), Bugey et Saint-Alban (pas de tours aéroréfrigérantes). Viennent ensuite Cattenom et Golfech, qui ont bien des tours aéroréfrigérantes mais qui ont le désavantage d’être situées sur des rivières plus petites, entraînant des problématiques de débit (la Moselle pour Cattenom) ou de température (la Garonne pour Golfech).

Ainsi, une centrale comme Cruas, située en bord de rivière avec un débit assez important et ayant des tours aéroréfrigérantes ne subira à priori quasiment aucune perte liée aux canicules et sécheresses, et ce même dans le scénario du GIEC le plus défavorable.

Au global, la perte de production moyenne, en tenant compte de la fermeture de certains réacteurs et de l’ouverture de nouveaux, sera faible à environ 1-2 TWh/an avec un maximum à 10 TWh sur une année très défavorable (environ 3% de la production annuelle).

En résumé : sans nier l'existence du problème, c'en est un qui peut être géré sans trop de difficultés, en particulier en France (cf. la suite de l'article), en choisissant au mieux l'implantation des éventuels nouveaux réacteurs (bord de mer ou rivière à débit suffisant), et en imposant des tours aéroréfrigérantes pour ceux en bord de rivière.

Quant aux projections à l'échelle internationale,

Au niveau mondial, une étude récente publiée dans Nature Energy estime que les pertes liées au changement climatique sur l’ensemble des centrales nucléaires devraient être situées entre 1,4% et 2,4% par an à la fin du siècle (vs 0,2% par an dans les années 1990).

D'autre part, ce n'est

Pas la principale source de tension pour le réseau électrique

Point important dans ce rapport, même si les indisponibilités nucléaires l’été sont un sujet, ce n’est pas ce type d’aléa météo qui va être à l’origine des plus grosses tensions sur le système électrique. En effet, RTE précise : “En 2050, les configurations les plus à risque correspondent ainsi à des situations de manque de vent conjugué à une température froide, en particulier sur l’ensemble de l’Europe”.

Ce type de configurations réside dans la combinaison entre une forte consommation électrique (en période froide) et un fort développement de l’éolien, qui est pourtant indispensable à l’atteinte des objectifs de neutralité carbone de la France et de l’Europe.

et ça, c'est un problème autrement difficile à résoudre... Les capacités de stockage que cela demanderait dans un scénario sans nucléaire (éolien + solaire) sont de l'ordre d'une dizaine de TWh à l'échelle de la France et une centaine à l'échelle de l'Europe (si ce type d'évènement météo concerne simultanément une grande partie du continent); à défaut le gaz et le charbon ont de beaux jours devant eux.

[A voir en vidéo sur Futura]

[Mickey-l.ange]

Bonjour,

Je ne saisis pas bien un calcul.

en circuit dit « fermé », le volume d’eau prélevé est faible (2-4m3/s par réacteur) mais, au lieu d’être rejetée à la source, cette eau est refroidie en s’évaporant en partie (...) puis retourne ensuite dans la centrale. Au global, c’est 40% de l’eau prélevée qui sera évaporée.

A l’heure actuelle, en France, 14 réacteurs sont en circuit ouvert en bord de mer, 10 sont en circuit ouvert en bord de rivière et 32 sont en circuit fermé (donc avec tours aéroréfrigérantes) en bord de rivière.

(...) Ainsi, en moyenne sur le parc nucléaire français, 98% de l’eau prélevée par les centrales nucléaires est retournée à la source (donc seulement 2% de l’eau prélevée est « consommée » par évaporation).
https://bonpote.com/les-centrales-nu...C3%A9es%201990

Si :
- un réacteur en circuit dit « fermé » évapore 40% de l’eau prélevée
- plus de la moitié des réacteurs (32 sur 56) sont en circuit « fermé » donc évaporent 40% de l'eau prélevée
alors comment au total on n'a que 2% d'eau évaporée ?

[yves95210]

Si :
- un réacteur en circuit dit « fermé » évapore 40% de l’eau prélevée
- plus de la moitié des réacteurs (32 sur 56) sont en circuit « fermé » donc évaporent 40% de l'eau prélevée
alors comment au total on n'a que 2% d'eau évaporée ?

En gros ces réacteurs prélèvent ~20 fois moins d'eau que ceux en circuit ouvert (2 à 4 m³/s vs. 50 m³/s).
Même si 40% de l'eau qu'ils prélèvent s'évaporent, il ne s'agit que de 40% des 64 à 128 m³/s prélevés au total par les 32 réacteurs en circuit fermé, soit 25 à 50 m³/s, alors que volume total d'eau prélevé est ~1300 m³ (24x50 par les réacteurs en circuit ouvert plus ~100 par les autres).

[Mickey-l.ange]

D'accord, merci.