Démographie et chiffres - Page 2
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Démographie et chiffres



  1. #31
    ThM55

    Re : Démographie et chiffres


    ------

    J'ai lu l'article sur France Info et je ne crois pas qu'il y ait une arnaque ni une intention frauduleuse dans le chef de Gilles Pison. Evidemment, le fait que le taux d'accroissement diminue n'est pas forcément une indication suffisante pour être optimiste puisqu'à accroissement absolu constant, il doit diminuer. Je suis d'accord que la formulation du titre est malheureuse, c'est d'ailleurs souvent le cas dans la presse avec les titres. Mais il est clair d'après le texte qu'il table sur une diminution d'une ampleur supérieure dans le futur, puisqu'il parle d'une prévision de stabilisation à 10 milliards vers 2080.

    Il dit bien que le taux d'accroissement relatif va encore diminuer et devrait tendre vers zéro. Il me semble que cela ne résulte pas d'une simple extrapolation statistique à partir de la tendance actuelle mais qu'il fait intervenir d'autres considérations comme l'évolution des comportements. Je ne sais pas si c'est vrai ni comment il le déduit, je n'ai absolument aucune compétence en démographie, mais en tout cas ce n'est pas l'arnaque dénoncée dans ce message.

    -----

  2. #32
    ThM55

    Re : Démographie et chiffres

    De plus je ne le crois pas assez fou pour se satisfaire d'un taux d'accroissement tendant vers zéro grâce à une population tendant vers l'infini.

  3. #33
    mr green genes

    Re : Démographie et chiffres

    J'avoue que je ne vois pas où est l'arnaque ici. Le titre est foireux, je crois que tout le monde est d'accord là dessus. Mais sur le contenu il n'y a pas d'escroquerie intellectuelle. L'auteur du topic fait remarquer que la population continue d'augmenter malgré la "décélération de la croissance" annoncée dans l'article. Mais l'accroissement de la population n'est pas ignorée par le démographe. Bien au contraire ! cela fait partie de son constat de départ. Tout le propos de l'article est justement de montrer que malgré cet accroissement, des phénomènes démographiques sous-jacents sont à l’œuvre qui devraient conduire à terme à la stabilisation de la population.

    Pour ceux qui se lancent des des calculs sans trop avoir été confrontés à la démographie, n'oubliez pas que le taux de fécondité n'est pas le seul paramètre qui influe sur la croissance de la population, il faut aussi prendre en compte la structure de la population (c'est à dire la forme de sa pyramide des âges) et donc le nombre de femmes en âge d'avoir des enfants. A iso taux de fécondité et taux de mortalité, une population qui a proportionnellement moins de femmes en âge d'avoir des enfants aura un accroissement plus faible qu'une autre qui en a proportionnellement beaucoup. Cet effet de structure donne une certaine inertie au système.

    Un bon lien :
    https://ourworldindata.org/world-population-growth

  4. #34
    Bounoume

    Re : Démographie et chiffres

    question de base: la fertilité' des individus.... médicalement, ça diminue... encore et encore... et partout.....
    https://francais.medscape.com/voirar...565&faf=1#vp_2
    d'abord les mâles, mais aussi les femelles.....
    l'espèce homo va peiner à devenir plus nombreuse....... voire imploser ou disparaître?
    la 'pollution' aurait-elle un effet de bord finalement vertueux?
    rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant.... (Pierre Dac...)

  5. #35
    Bounoume

    Re : Démographie et chiffres

    https://ourworldindata.org/world-population-growth
    projections très démonstratives!
    facile de distinguer les valeurs absolues de leur accroissement (dérivée première) et parmi les facteurs de variation, le taux de fécondité et son évolution....
    remarque: ils ne considèrent que le résultat final, le nombre de produits viables, alors que celui-ci dépend non seulement du nombre d'ovules fécondables, mais aussi des messieurs qui sont censés apporter des spermatozoïdes efficaces.....
    rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant.... (Pierre Dac...)

  6. #36
    curiossss

    Re : Démographie et chiffres

    Ce qui serait intéressant ce serait d'analyser la courbe "Consommation de ressources fossiles"/ "Ressources fossiles restantes" année par année.
    Et d'extrapoler avec plusieurs scénarios d'évolution démographique quelle sera la quotité disponible par habitant dans les siècles à venir...
    Histoire d'avoir un peu honte de nous qui dévorons toutes les ressources en à peine quelques générations.

    Et après ? Nada, que dalle, même plus de métaux disponibles, la pointe des lances et des flèches pour chasser sera à nouveau en silex... "Forcément ça va moins bien marcher" ^^
    Science n'est pas mysticisme et mysticisme n'est pas science. Mais on mélange les deux ?!

  7. #37
    Amanuensis

    Re : Démographie et chiffres

    Ce que je trouve notable sur les données dans

    https://ourworldindata.org/world-population-growth

    C'est "How long did it take for the world population to increase by one billion?". Cette donnée concerne bien l'accroissement absolue.

    Pour la dernière moitié (les quatre derniers milliards), c'est quasiment stable, (entre 12 et 14 ans).

    Une prédiction au premier degré des valeurs suivantes donne évidement la constance (ce qui correspond à un taux de croissance diminuant).

    Il faut donc un argumentaire assez serré pour proposer une autre prédiction, prenant des arguments en dehors des données démographiques elles-mêmes.

    La page prédit 14 ans à relativement court terme. Pas trop risqué! Mais prédit l'optimiste valeur de 21 ans pour la suivante, à plus long terme, donc plus incertaine. Mais même alors, si ça diminue si lentement, ça va faire quand même du monde en, disons, 2100. Prenons 21, puis 28, puis 35, ah zut, j'ai déjà dépassé 2100...

    Mais bien pire, la mention du pic à 10,4 millions implique que les valeurs postérieures à 21 sont passées brutalement à ... l'infini.

    Désolé, mais toute annonce laissant penser, même sur ces bases pourtant très optimistes (sous réserve d'inventaire de l'argumentation sur laquelle se base la prédiction), que la question démographique n'est pas un problème, est une arnaque intellectuelle, du genre de celui qui s'est jeté dans le vide du haut d'un gratte-ciel et qui à chaque étage se dit que "jusque là tout va bien".
    Dernière modification par Amanuensis ; 27/03/2023 à 14h29.
    Pour toute question, il y a une réponse simple, évidente, et fausse.

  8. #38
    Amanuensis

    Re : Démographie et chiffres

    Je ne crois pas trop aux arguments avancés.

    Mon opinion (et ce n'est qu'une opinion) est que le facteur dominant (et au fond, le seul) est "idéologique", c'est l'importance que se donnent les gens, chacun indépendamment, d'avoir des enfants et combien.

    Le "droit à l'enfant" est, selon une interprétation possible (pas vraiment contestée!), inscrit dans la déclaration des droits de l'homme de 1948 (article 16).

    Pour la stabilisation, il faut qu'à l'échelle mondiale la volonté moyenne d'exercer ce "droit" ne dépasse pas, en descendance finale, 2,05 enfants par femme (allez, disons 2, pour éviter une "discrimination" officialisée).

    Tous les problèmes de fertilité, etc., sont vus actuellement (du moins en occident) comme des obstacles à ce droit, et en conséquence amène à chercher à les résoudre par des solutions techniques (PMA...).

    Il faut supposer (pour prédire un pic à 10 milliards) un changement de mentalité sans précédent dans l'histoire amenant si ce n'est à abandonner ce droit, au minimum à le réguler de manière qu'il soit "utilisé" de manière "juste". Difficilement imaginable...
    Dernière modification par Amanuensis ; 27/03/2023 à 14h57.
    Pour toute question, il y a une réponse simple, évidente, et fausse.

  9. #39
    pm42

    Re : Démographie et chiffres

    Citation Envoyé par Amanuensis Voir le message
    Il faut donc un argumentaire assez serré pour proposer une autre prédiction, prenant des arguments en dehors des données démographiques elles-mêmes.

    Désolé, mais toute annonce laissant penser, même sur ces bases pourtant très optimistes (sous réserve d'inventaire de l'argumentation sur laquelle se base la prédiction), que la question démographique n'est pas un problème, est une arnaque intellectuelle, du genre de celui qui s'est jeté dans le vide du haut d'un gratte-ciel et qui à chaque étage se dit que "jusque là tout va bien".
    Tu as lu ce genre de choses ?

    https://www.pourlascience.fr/sd/demo...pres-24360.php

    Et toutes les prédictions des gens dont c'est le métier qui donnent divers scénarios basés sur les courbes par région, les moments d'inflexion, des études plus détaillées sur les continents où la fin de la croissance démographique n'a pas encore eu lieu, etc ?

  10. #40
    yves95210

    Re : Démographie et chiffres

    Bonjour,

    Citation Envoyé par Amanuensis Voir le message
    La page prédit 14 ans à relativement court terme. Pas trop risqué! Mais prédit l'optimiste valeur de 21 ans pour la suivante, à plus long terme, donc plus incertaine. Mais même alors, si ça diminue si lentement, ça va faire quand même du monde en, disons, 2100. Prenons 21, puis 28, puis 35, ah zut, j'ai déjà dépassé 2100...
    On peut aussi être plus optimiste : la durée nécessaire pour que la population augmente d'un milliard étant restée constante (12 ans) alors que la population passait de 5 à 8 milliards, cela correspond déjà à une baisse progressive du taux moyen d'accroissement annuel (1/60, 1/72, 1/84). La valeur 14 ans prédite à court terme, pour une population passant de 8 à 9 milliards, correspondrait à un taux moyen d'accroissement annuel de 1/112, et la valeur 21 ans prédite pour le milliard suivant, à un taux annuel d'environ 1/200 (avec une incertitude encore pas trop élevée, car la plus grande partie de la population qui vivra autour de 2050 est déjà née, on connaît à peu près son espérance de vie, sauf cataclysme, et, en tendance, l'évolution du taux de natalité sur au moins la prochaine décennie).

    Ces baisses prédites sont donc de plus en plus rapides, et il est peu probable que la progression de la durée nécessaire pour un accroissement d'un milliard soit arithmétique comme tu sembles le supposer. On pourrait aussi bien imaginer (deux points, ça laisse libre cours à l'imagination...) par exemple qu'il s'agit du début d'une progression géométrique et que les valeurs suivantes de cette durée soient environ 31,5, puis 47. Voire même être encore plus optimiste.

    Mais bien pire, la mention du pic à 10,4 millions implique que les valeurs postérieures à 21 sont passées brutalement à ... l'infini.
    Et pourquoi pas, puisqu'il s'agit de la valeur inverse d'un taux qui peut s'annuler (avant de devenir négatif) ?

    En supposant l'espérance de vie constante ou même si (ce qui est souhaitable) celle des pays défavorisés rattrape celle des plus favorisés, si le taux de fécondité tombe en-dessous de 2 (*), la population finira par diminuer au bout de quelques décennies. Disons un demi-siècle si l'espérance de vie stagne en moyenne mondiale, quelques décennies de plus si la moyenne mondiale augmente jusqu'à atteindre l'espérance de vie actuelle des pays avancés.

    (*) il vaut ~2,3 aujourd'hui, mais c'est essentiellement dû à celui de l'Afrique, encore élevé mais en forte baisse. Les autres continents (même l'Asie, où le taux de fécondité de l'Inde est tombé à 2) ont un taux de fécondité proche de 2 ou inférieur.

  11. #41
    Amanuensis

    Re : Démographie et chiffres

    Bien sûr; "Pourquoi pas?". On parle de prédictions et "Pourquoi pas?" n'est peut-être pas une bonne question.

    Imaginons un un article scientifique expliquant que la série de valeurs suivante a été observée, 14, 12, 12, 12 ; et que l'auteur prédit comme trois valeurs suivantes 14, 21, infini, un lecteur va demander de bonnes explications! Et il sait bien que cela serait a priori possible, et donc que "pourquoi pas?" n'est pas la bonne question. Il attend une argumentation causale serrée, non?

    Ce qu'il faut discuter c'est l'argumentation, et non pas défendre un "pourquoi pas ?" basé sur des transformations réversibles des valeurs.

    Je ne dis pas que la prédiction est improbable (et encore moins impossible, car le "pourquoi pas?" cache une astuce rhétorique usuelle, ici faire croire que ma thèse serait que c'est impossible). Je dis juste qu'il faut de solides arguments pour prédire une infinité. Et surtout que présenter la baisse du taux de croissance est trompeuse, elle amène à penser que cela va nécessairement atteindre 0 en temps fini. D'autres hypothèses sont l'atteindre en durée infini (c'est le cas si la cause de la décroissance du taux est la seule augmentation en absolu), ou atteindre un nouvel état de valeur stable non nulle (argument vaguement soutenu par le fait qu'un état "stable"--la valeur 12-- a existé jusqu'à récemment). (Et une autre réponse est qu'on a pas d'éléments suffisant pour prédire correctement.)

    Bref, arrêtons la myopie sur les chiffres, et étudions les arguments pour une baisse de la descendance féminine finale par femme, moyennée sur toute l'humanité et par date, qui ferait passer en dessous de 1.

    Et une bonne question est: pourquoi les gens veulent-il avoir des enfants?


    (*) il vaut ~2,3 aujourd'hui, mais c'est essentiellement dû à celui de l'Afrique, encore élevé mais en forte baisse. Les autres continents (même l'Asie, où le taux de fécondité de l'Inde est tombé à 2) ont un taux de fécondité proche de 2 ou inférieur
    Oui et non, car nous ne parlons pas de la même chose. Le taux de remplacement du moment (le 2.3) n'est pas la descendance finale.. C'est biaisé par la courbe de mortalité des femmes. Et un autre biais est la sélection du sexe avant la naissance. Ces biais se corrigent en prenant la descendance finale féminine (naissance de filles) par naissance féminine. Et pour cette valeur, l'équilibre est assez évidemment 1.

    Beaucoup d'agrégats statistiques cités couramment en démographie sont difficiles à bien analyser, surtout quand ils portent sur des valeurs "du moment". C'est le cas de l'espérance de vie.

    La descendance finale est peu utilisée, simplement parce qu'elle n'est connue qu'avec quelques cinquante ans de retard, comparé aux données "du moment". Mais cela ne change pas le fait que c'est la valeur pertinente pour l'évolution de la population. On se contente d'approximations....
    Pour toute question, il y a une réponse simple, évidente, et fausse.

  12. #42
    Amanuensis

    Re : Démographie et chiffres

    PS

    Citation Envoyé par Amanuensis Voir le message

    Oui et non, car nous ne parlons pas de la même chose. Le taux de remplacement du moment (le 2.3) n'est pas la descendance finale.. C'est biaisé par la courbe de mortalité des femmes.
    C'est pourquoi le taux de remplacement (la valeur du taux de fécondité amenant à l'a stabilité) peut différer entre pays même avec un sexe ratio identique (disons 1,05). Sinon comment expliquer une valeur autre que 2,05 ?
    Pour toute question, il y a une réponse simple, évidente, et fausse.

  13. #43
    yves95210

    Re : Démographie et chiffres

    Citation Envoyé par Amanuensis Voir le message
    Bien sûr; "Pourquoi pas?". On parle de prédictions et "Pourquoi pas?" n'est peut-être pas une bonne question.

    Imaginons un un article scientifique expliquant que la série de valeurs suivante a été observée, 14, 12, 12, 12 ; et que l'auteur prédit comme trois valeurs suivantes 14, 21, infini, un lecteur va demander de bonnes explications!
    Sauf que cette manière de présenter l'évolution de la population est trompeuse, ce que le lecteur attentif et se rappelant de ses cours de maths du secondaire ne manquera pas de remarquer : 12, 12, 12 correspondent à un taux de croissance décroissant, puisque le dénominateur (la population) augmente.
    Et le fait que ça passe (très probablement) à 14 puis (assez probablement) à 21 dans les prochaines décennies, indique que cette décroissance s'accélère.

    Bref, arrêtons la myopie sur les chiffres, et étudions les arguments pour une baisse de la descendance féminine finale par femme, moyennée sur toute l'humanité et par date, qui ferait passer en dessous de 1.
    Je suis d'accord, c'est le bon indicateur. Mais si le taux de fécondité moyen de l'humanité est aujourd'hui de 2,3 (alors qu'il était de 5 il y a une soixantaine d'années, et encore de 3 il y a une trentaine d'années), on peut supposer(*) que la descendance finale sera au maximum de 2,3, et la descendance féminine finale par femme au maximum d'environ 1,2.
    (*) Je ne vois pas ce qui permettrait de supposer que la tendance à la décroissance, encore très marquée dans les pays à forte fécondité, va s'interrompre brutalement, et encore moins s'inverser.

    Et une bonne question est: pourquoi les gens veulent-il avoir des enfants?
    Mais tous ne veulent pas en avoir...

    Et beaucoup ne veulent pas en avoir "trop". Pas parce qu'ils sont préoccupés par l'avenir de l'humanité ou de la planète, mais simplement parce qu'une partie de plus en plus importante de la population mondiale vit dans des sociétés où ça coûte cher d'avoir des enfants, les loger, les nourrir, les habiller, les faire garder quand on travaille, les envoyer à l'école au moins jusqu'à l'âge imposé par les normes sociales. Et dans lesquels les moyens d'éviter de faire des enfants se sont répandus (et le fait de les utiliser pour n'avoir que le nombre d'enfants qu'on souhaite est plus ou moins devenu la norme).

    Et une partie de plus en plus faible de la population mondiale vit dans des sociétés où le fait d'avoir des enfants assez nombreux pour être à peu près certain que plusieurs survivront jusqu'à l'âge adulte(*), dont au moins un pourra rester auprès de ses parents, est un moyen d'espérer bénéficier d'une main d'œuvre bon marché pour cultiver son champ ou élever son bétail, et subvenir aux besoins des parents si ceux-ci ont la chance (?) de vivre assez vieux pour ne plus pouvoir travailler.
    Même dans notre beau pays, l'époque où un des enfants devenu adulte restait féquemment (par injonction plus ou moins déguisée) chez ses parents pour s'occuper d'eux à temps plein n'est pas si lointaine (j'en ai des exemples dans les familles de mes deux parents, pourtant de milieux très différents, il y a à peine un siècle, concernant des enfants nés vers 1900 de parents nés vers 1870).

    Ce n'est pas un hasard si la région du monde où le taux de mortalité infantile est le plus élevé (environ 10% au début des années 2010), l'Afrique subsaharienne, est aussi celle où le taux de fécondité est de très loin le plus élevé (environ 5 à la même époque).

    Mais il faut sans-doute plusieurs décennies (une ou deux générations ?) pour que les mentalités évoluent et que la baisse de la mortalité infantile ou, plus généralement, les progrès sociaux résultent dans une baisse de l'injonction à faire des enfants. Et comme, en général, cette baisse de la mortalité infantile va de pair avec une augmentation de l'espérance de vie des adultes, il faut encore plusieurs décennies pour que la baisse de la natalité conduise à un ralentissement de la croissance démographique, voire pour qu'une décroissance s'amorce (comme c'est déjà le cas en Europe, en Amérique du Nord ou au Japon).

    (*) au passage ça me fait penser que, pour que la descendance féminine finale par femme soit un bon indicateur, il faudrait aussi tenir compte de la mortalité (des filles) avant l'âge de la fécondité. Elle est aujourd'hui beaucoup plus faible qu'il y a un siècle, mais quand la descendance féminine finale se rapproche de 1 elle peut faire la différence (entre un peu supérieur à 1 ou un peu inférieur).

    Beaucoup d'agrégats statistiques cités couramment en démographie sont difficiles à bien analyser, surtout quand ils portent sur des valeurs "du moment". C'est le cas de l'espérance de vie.

    La descendance finale est peu utilisée, simplement parce qu'elle n'est connue qu'avec quelques cinquante ans de retard, comparé aux données "du moment".
    Effectivement on ne peut pas savoir exactement combien d'enfants les femmes nées après 1975 ou 1980 auront fait en moyenne lorsqu'elles auront atteint 50 ans, et encore moins celles nées après 2000...

    Mais cela ne change pas le fait que c'est la valeur pertinente pour l'évolution de la population. On se contente d'approximations....
    ... et on est bien obligé de raisonner à partir de simples tendances, d'où des incertitudes d'autant plus grandes que les projections sont lointaines(**).
    D'autant plus que ces projections sont faites "toutes choses égales par ailleurs", sans tenir compte d'éventuels bouleversements sociaux causés par des crises.

    Mais l'intervalle de prédiction à 95% sur la population mondiale estimée en 2100 par l'ONU est à peu près 9 - 12,5 milliards(*), avec une valeur la plus probable d'environ 10,5. C'est bien loin d'être présenté comme une certitude qu'un pic (10,4 mds) sera atteint avant 2100...

    (**) C'est un peu comme pour le climat, mais avec moins de données scientifiques à l'appui... Et les deux sujets ne sont pas indépendants l'un de l'autre, d'où la remarque qui suit.

  14. #44
    Amanuensis

    Re : Démographie et chiffres

    Citation Envoyé par yves95210 Voir le message
    Sauf que cette manière de présenter l'évolution de la population est trompeuse
    Pas plus pas moins que l'autre, c'est subjectif ; l'information est la même. Le choix est fait justement pour l'effet "psychologique" obtenu, et c'est ça que je critique.



    Mais tous ne veulent pas en avoir...
    Certes, et d'autres ne peuvent pas. Maintenant on ne parle pas de la différence entre 0 et plus que 0, mais d'un nombre moyen. Pour "compenser" une femme qui ne veut pas d'enfant, il suffit d'une qui en veut deux!

    Et beaucoup ne veulent pas en avoir "trop". Pas parce qu'ils sont préoccupés par l'avenir de l'humanité ou de la planète, mais simplement parce qu'une partie de plus en plus importante de la population mondiale vit dans des sociétés où ça coûte cher d'avoir des enfants, les loger, les nourrir, les habiller, les faire garder quand on travaille, les envoyer à l'école au moins jusqu'à l'âge imposé par les normes sociales. Et dans lesquels les moyens d'éviter de faire des enfants se sont répandus (et le fait de les utiliser pour n'avoir que le nombre d'enfants qu'on souhaite est plus ou moins devenu la norme).
    Exactement. Et c'est cela qu'il faut étudier, en prédire l'évolution. Alors que la qualité de sperme est sans grand intérêt (par exemple)
    Ce n'est pas un hasard si la région du monde où le taux de mortalité infantile est le plus élevé (environ 10% au début des années 2010), l'Afrique subsaharienne, est aussi celle où le taux de fécondité est de très loin le plus élevé (environ 5 à la même époque).
    Ben oui. Excellent exemple que le critère de choix est le nombre d'enfants survivant, et pas la natalité...

    Mais il faut sans-doute plusieurs décennies (une ou deux générations ?) pour que les mentalités évoluent
    Exactement. D'où la difficulté à prédire le futur, et (mon opinion) pourquoi on ne s'occupe pas assez de ce facteur, et qu'on parle d'autres "causes". Mon point est que "les mentalités" sont la cause principale, maintenant, de l'évolution de la population mondiale...

    et que la baisse de la mortalité infantile ou, plus généralement, les progrès sociaux résultent dans une baisse de l'injonction à faire des enfants.
    Je ne pense pas. C'est à prouver. La baisse de la mortalité infantile est compensée par moins de naissances, mais cela ne prédit rien sur le plancher quand la mortalité infantile tend vers 0.

    Et comme, en général, cette baisse de la mortalité infantile va de pair avec une augmentation de l'espérance de vie des adultes
    C'est un effet mathématique trivial. L'espérance de vie à la naissance "du moment" n'est pas un bon indicateur de la "longévité" (une notion mal définie), justement à causse du biais introduit par la mortalité infantile. Des indicateurs comme la pyramide des âges sont bien plus "parlants".

    , il faut encore plusieurs décennies pour que la baisse de la natalité conduise à un ralentissement de la croissance démographique, voire pour qu'une décroissance s'amorce
    C'est assez évident, cela se compte en durée de génération, et au moins une ! (Environ 30 ans, en définissant la durée de génération comme l'âge moyen de la mère à la naissance (celle des enfants, pas de la mère!).


    au passage ça me fait penser que, pour que la descendance féminine finale par femme soit un bon indicateur, il faudrait aussi tenir compte de la mortalité (des filles) avant l'âge de la fécondité.
    Oui. Elles pèsent automatiquement pour 0 enfant!!! A contrario, la mortalité après la ménopause n'a aucun effet...

    ... et on est bien obligé de raisonner à partir de simples tendances, d'où des incertitudes d'autant plus grandes que les projections sont lointaines(**).
    D'autant plus que ces projections sont faites "toutes choses égales par ailleurs", sans tenir compte d'éventuels bouleversements sociaux causés par des crises.
    C'est bien là le problème, npn?

    Mais l'intervalle de prédiction à 95% sur la population mondiale estimée en 2100 par l'ONU est à peu près 9 - 12,5 milliards(*), avec une valeur la plus probable d'environ 10,5. C'est bien loin d'être présenté comme une certitude qu'un pic (10,4 mds) sera atteint avant 2100...
    Question : quelle était l'intervalle de prédiction à 95% de la population en 2023 éstimé en 1950 ? Et bien, curieusement, en prenant la durée pour chaque milliard on avait à peu près la bonne valeur !!!
    Dernière modification par Amanuensis ; 31/03/2023 à 17h24.
    Pour toute question, il y a une réponse simple, évidente, et fausse.

  15. #45
    Amanuensis

    Re : Démographie et chiffres

    Tiens, pour "rigoler". L'analyse en descendance féminine finale donne une manière intéressante de limiter la croissance démographique: limiter à une naissance féminine au plus par femme.

    Cela pourrait être bien plus efficace et mieux toléré que jouer sur le nombre d'enfants. Par exemple cela gère mieux le cas des remariages: le nouveau mari n'est pas (trop) bridé par le passé reproductif de sa femme... du moins s'il préfère avoir des fils!!!

    On peut même mettre une sorte de marché du "droit d'avoir une fille"!

    Bien sûr cela à quelques conséquences peut-être "génantes", à juger...
    Pour toute question, il y a une réponse simple, évidente, et fausse.

  16. #46
    yves95210

    Re : Démographie et chiffres

    Citation Envoyé par Amanuensis Voir le message
    Question : quelle était l'intervalle de prédiction à 95% de la population en 2023 éstimé en 1950 ? Et bien, curieusement, en prenant la durée pour chaque milliard on avait à peu près la bonne valeur !!!
    Evidemment, puisque cette durée est restée à peu près stable durant les 60 dernières années.

    Mais, à moins que les prédictions pour les deux prochaines périodes d'augmentation d'un milliard soient très fausses (ce qui serait très étonnant pour la première parce qu'elle se base forcément sur une baisse constatée de la natalité plus rapide qu'auparavant puisque l'espérance de vie des adultes n'a pas baissé, et encore assez étonnant pour la seconde, à moins que la tendance s'inverse dans la prochaine décennie - autrement dit, que les mentalités évoluent brutalement, car on parle de gens qui sont déjà ou seront bientôt en âge de procréer), cette "loi" ne tient plus pour la période 2020-2060.

    Bien sûr il y a une incertitude croissante, mais elle est affichée (à part sur ourworldindata) : pour 2060, l'intervalle de prédiction à 95% de l'ONU est déjà assez large (+/- 0,5 ou 0,6 milliard autour d'une valeur probable ~10 milliards). A condition d'en tenir compte et de ne pas présenter comme une certitude le fait que la population mondiale sera de 10 milliards en 2060, ni qu'elle atteindra un pic dans les décennies suivantes, la présentation qui en est faite ne me choque pas.

    De toute façon, au-delà de 2050 ou 2060 il y a bien trop d'incertitudes sur les facteurs qui pourraient faire évoluer les mentalités (pour les naissances) ou réduire brutalement la population (par des décès en masse bien avant l'espérance de vie calculée aujourd'hui) pour baser une politique sur une prédiction de ce genre (pic à 10,5 milliards avant la fin du siècle) - à moins d'être prêt à imposer par la force au monde entier (et en premier lieu aux continents dont le taux de fécondité resterait élevé ou augmenterait à nouveau) les conditions de cette politique (limiter les naissances si elles s'écartent de la "prédiction")...

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  3. Probabilité d'avoir 2 chiffres identiques dans 3 codes à 4 chiffres
    Par invite6c14da10 dans le forum Mathématiques du collège et du lycée
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    Dernier message: 13/02/2017, 19h44
  4. entier aleatoire à 4 chiffres à condition que chacun des chiffres n'y figure qu'une fois, en Java :(
    Par invite0da6e6b6 dans le forum Programmation et langages, Algorithmique
    Réponses: 5
    Dernier message: 17/04/2011, 21h18