Bonjour,
En 2018, des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles ont montré que la sensibilisation, une forme d’apprentissage non associative, peut être transférée par ARN d’une aplysia à une autre.
Je souhaitais savoir si cette expérience a été reproduite par d'autres équipes ? Aussi, pour aller plus loin, ce transfert de " mémoire" est-il transposable à l'être humain avec notamment les vaccins ARN ?
Merci
Jordan28
As-tu une référence précise pour cette information ?
Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant - Pierre Dac
C'est précisé, entre autres, dans cet article :
https://www-sciencesetavenir-fr.cdn....cargots_123957
C’est la resucée d’une vieille hypothèse qui faisait l’ARN détenteur des souvenirs (j’ai connu ça à l’époque). Cette stupidité a été finalement assez vite enterrée et je suis affligé de la voir ressurgir, en plus avec des fantasmes d’application à la maladie d’Alzheimer. Qu’il y ait quelque chose à contrôler dans l’expérience dont parle l’article est possible. À commencer par voir s’il n’y a pas des biais expérimentaux. Mais s’il s’avérait qu’il y a bien ce genre d’effet, à mon avis l’interprétation en est complètement foireuse.
Quant à l’article de S&A, j’en pense pis que pendre quand je lis :
C’est écrit par un journaliste qui n’a pas les bases élémentaires de biologie.Pour lui, les souvenirs sont stockés dans le noyau des neurones (où se trouve l'ARN)
Dernière modification par JPL ; 10/12/2022 à 19h13.
Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant - Pierre Dac
Les articles dans ce domaine parlent de "memory-like behaviour", il ne s'agit pas de mémoire au sens usuel.
Tu sais s’il y a eu des suites à ce travail, par l’auteur ou d’autres ? Je n’ai pas encore recherché la publi initiale mais si tu as des pistes cela me fera gagner du temps.
Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant - Pierre Dac
pas de référence précise mais j'ai déjà entendu parler de ça. Le principe n'est pas étonnant : tu stimules les escargots, ils réagissent et une partie de la réaction peut passer par la synthèse de molécules dans leur cerveau, probablement des neurotransmetteurs spécifiques, et donc leurs cellules nerveuses contiennent des ARN messagers spécifiques, lesquels s'ils sont injectés dans le cerveau d'un autre escargot permettent la synthèse des mêmes neurotransmetteurs et donc une réaction comportementale similaire. Par contre je m'attendrais à ce que cette "mémoire" ne dure pas plus que la vie des ARN messagers, alors que chez les escargots stimulés il devrait y avoir aussi un réarrangement plus permanent de certaines synapses.
on voit en tout cas qu'il n'y a pas de raisons de suspecter un tel effet de l'injection d'ARN messager des vaccins, puisque cet ARN n'est pas associé à des processus cérébraux.
Dernière modification par MissJenny ; 10/12/2022 à 20h02.
Tu as raison. J’avais oublié de répondre à la partie sur les vaccins. Pour le reste j’ai de gros doutes, comme toi, en raison de la très faible durée de vie des ARNm.
Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant - Pierre Dac
Merci pour vos réponses.
Cependant, dans l'expérience, l'ARN ne semble pas avoir été injecté dans le cerveau :
"this solution was then injected into the hemocoel of an animal via its neck".
Cette information est extraite de l'article suivant :
https://www.eneuro.org/content/5/3/ENEURO.0038-18.2018
Ah d'accord. De toutes façons je ne sais pas comment les molécules d'ARN entrent dans les cellules, ce qui est nécessaire si elles doivent être traduites en protéines susceptibles d'intervenir dans la synthèse et/ou l'exportation de neurotransmetteurs. Peut-être que les choses sont plus compliquées...
j'ai entendu parler de cette question parce qu'un collègue travaillait sur la manipulation parasitaire : la situation où un parasite manipule le comportement de son hôte de façon à augmenter ses chances d'être transmis. Le cas le plus connu je pense est celui de Toxoplasma gondii, qui quand il infecte un rongeur, s'enkyste dans son cerveau et relargue des molécules qui incitent ledit rongeur à rechercher l'urine de félin. Cherchant l'urine le rongeur tombe sur le félin qui le croque et Toxo se retrouve dans le tube digestif dudit félin qui est un bon habitat pour lui et où il se reproduit. Ce collègue cherchait dans le transcriptome et le protéome de souris infectées quelles étaient les molécules susceptibles de provoquer cette appétence de la souris pour l'urine de chat.
Dernière modification par MissJenny ; 11/12/2022 à 13h56.
Votre exemple de Toxo est intéressant.
Sinon, pour revenir à l'aplysia, l'Arn peut rentrer dans les cellules mais pas dans le noyau de la cellule. D'ailleurs, dans la cellule, les ribosomes lisent l’ARNm et fabriquent les protéines... Après, le reste du mécanisme, c'est un mystère pour moi
L’auteur cité en tête n’a pas continué dans cette voie. Le travail a été fait dans le laboratoire de David L. Glanzman et ne semble pas avoir eu de suite.
Pour moi l’affaire est enterrée.
Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant - Pierre Dac
En fait il s’agit d’un transfert de phénotype. Que ce soit en administrant une molécule pharmacologique, un mRNA ou n’importe quelle entité responsable d’un phénotype donné, le principe est le même.
Sauf que pour l’aplysie, comme c’est une bestiole genre «*molle du bulbe*», c’est à dire neurologiquement assez rudimentaire, on se permet de parler de transfert d’apprentissage. C’est un poil marketing on va dire.
Cela dit, le concept et la réalisation expérimentale sont tout à fait honorables.
La vie trouve toujours un chemin
