Bonjour
Une invasion d'insectes ou de rats est difficile à imaginer pour ceux qui ne l'ont pas vécu. Il y a en gros deux variétés: l'invasion itinérante et l'invasion locale. La première prend naissance dans des lieux favorables, où certaines années les conditions climatiques d'éclosion d'une population nombreuse sont réunies. Cette population ne pouvant trouver suffisamment de nourriture sur place, se met à migrer et dévaste tout sur sa route. La deuxième commence et se termine sur place, car sa migration ne changerait rien au manque de nourriture.
C'est cette deuxième qui nous intéresse, même si les deux se terminent de façon identique, par la mort d'une écrasante majorité de la population.
J'ai pu assister à quelques invasions locales d'insectes, en général à la fin du printemps, le début de l'été. On s'aperçoit assez tardivement du nombre inhabituel des individus d'une espèce. Dès ce moment, les choses se mettent à galoper. Chaque jour on a l'impression que la population a doublé. Si l'espèce se nourrit de végétaux, les signes de destruction de ceux-ci se multiplient. Rapidement, les arbres et les plantes perdent leurs feuilles dans un grand grouillement d'insectes. Leur odeur, peu agréable, commence à se faire sentir. Enfin arrive le jour, où l'on marche sur un tapis crissant d'insectes morts.
Si les insectes sont carnivores, les choses se passent plus en douceur (exemple les coccinelles en 1976), mais la fin est la même: mort presque simultanée de la grande majorité de la population.
Les bases du scénario sont toujours les mêmes: nourriture abondante, croissance exponentielle de la population, nourriture épuisée, mort d'une importante majorité de la population.
Qu'est qui me fait penser que l'humanité risque cette succession d'évènements?
En premier lieu, la population. Le graphique joint est parlant. (source INED) qui indique l'évolution de la population mondiale depuis 400 ans avant J.C.
En 1400 ans (entre –400 et 1000) la population n'a pas doublé. Ensuite, jusqu'en 1500, à part la régression de 1400, donc en 500 ans, elle a doublé. Après 1500, les progrès de l'agriculture, par sa mécanisation, les engrais et les pesticides, ont permis d'augmenter, d'abord lentement, puis de plus en plus rapidement les ressources alimentaires, suivies par l'augmentation de la population. Il semble donc plausible que l'explosion démographique est la conséquence presque automatique des disponibilités de nourriture. En effet, tout le long de l'histoire de l'humanité, ce sont les famines qui étaient le frein principal de la prolifération (lire Malthus).
Pour l'instant, la moitié seulement des surfaces cultivables est exploitée, la meilleure moitié évidemment. Les réserves permettraient donc grossièrement de doubler encore la population, dont l'existence n'est donc pas en danger immédiat de ce côté, sauf peut-être par manque d'eau douce.
Toutefois, si la prolifération ne cessait pas rapidement, un autre phénomène risquerait de mettre l'espèce en péril. C'est la ruine de l'environnement causée par l'homme, dont la situation ressemble à celle des bactéries sur un bouillon de culture qui, dès qu'elles atteignent la limite supportable de la présence de leur déjections dans leur nourriture, meurent. Cette situation risque de se produire pour l'homme avec une brutalité inattendue et se montrer d'autant plus meurtrière qu'elle exercerait un effet négatif sur la production alimentaire, ce qui à son tour serait la cause de conflits sévères.
Ce scénario se produirait immanquablement si l'homme ne disposait d'un atout considérable: sa capacité de prévoir et d'agir en conséquence. Cette capacité commande maintenant d'agir rapidement et sans trop de scrupules pour arrêter "l'invasion", donc la prolifération et les dommages causés à l'environnement. Amicalement paulb.
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