Les neurosciences nous éclairent un peu plus sur les blocages que nous pouvons rencontrer quand notre perception n’est plus à la hauteur de nos attentes. La réduction du paquet d’onde, qui fractionne automatiquement toute particule étudiée, devient ainsi une conséquence frustrante du fonctionnement cérébral.
A l’aune de nos possibilités, il nous faut revoir notre approche de la matière, sachant que, en plus des limites techniques de nos investigations, nous nous heurterons toujours aux insuffisances de notre pensée. Impuissante à cerner l’essence fondamentale des choses, la physique quantique apparaît alors davantage comme une science portée sur l’analyse des informations nous reliant au monde physique. Il semble en effet plus constructif d’essayer de formaliser ces perturbations que de vouloir donner à tout prix une logique aux informations en provenance du domaine subatomique. Une théorie quantique de l’information nous parlerait moins de la nature intrinsèque du réel que des conditions qui permettent de l’appréhender. Les liens qui unissent le cadre expérimental des objets quantiques seraient plus riches d’enseignement que la définition stricte de ces objets.
On rejoint l’opinion positiviste de Niels Bohr qui écrivait déjà : « Notre description de la nature n’a pas pour but de révéler l’essence réelle des phénomènes, mais simplement de découvrir autant que possible les relations entre les nombreux aspects de notre existence. »
L’étude ontologique de la matière, de la chose en soi, demeure une notion indéfinissable. Par conséquent, la physique quantique ne doit plus être vue comme une théorie réaliste qui élucide le comportement des particules et des champs associés, mais plutôt comme une théorie médiatrice entre le réel et l’abstrait.
Nous voyons ici l’importance de ne pas cloisonner les disciplines scientifiques dont les apports respectifs enrichissent le chemin de la connaissance. La physique quantique est ainsi parvenue dans une telle impasse qu’elle a maintenant besoin de la neurobiologie et des sciences cognitives pour progresser. Car ne l’oublions pas, les lois physiques ne sont pas des entités autonomes qui détermineraient l’ordre du monde et que l’homme ne ferait que découvrir. Elles sont avant tout le produit d’une structure biologique hautement complexe, le cerveau, qui ne fait que retranscrire à sa façon les régularités observées dans la nature.
Du coup, on comprend mieux que la véritable énigme porte sur la nature de la conscience.
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