En me risquant à la psychologie de bas étage, je pense que la question "quelle est la différence entre l'homme et l'animal ?" est arrogante et narcissique. Évidemment nous n'interrogeons pas les autres animaux pour avoir leur avis. Cette discussion ressemble à la controverse de Valladolid telle quelle est fictivement présentée dans le roman et le film éponyme où l'on voit des savants chrétiens discuter pour savoir si les amérindiens ont une âme ou pas (remarque : ce n'est pas ce qui fut réellement discuter lors de cette conférence). Donc la réponse attendue par monsieur lambda c'est une réponse qui justifie "l'homme est une forme de vie supérieure" (on dit "complexe" maintenant, ça fait mieux mais c'est toujours la même idée dans le fond)
Mais cela n'invalide pas pour autant la pertinence de la question et n'hypothèque pas la possibilité d'y répondre scientifiquement. Le problème est qu'elle est probablement mal formulée et que nous ne sommes pas armés des bons concepts pour la reformuler. C'est une question qui relève encore de la philosophie bien que les sciences aient beaucoup de choses à dire dessus.
C'est à dire ? Tu m'intéresses beaucoup là.
Ce qui est remarquable c'est que l'on répond beaucoup plus en parlant de nous qu'en parlant des autres animaux.
Je me suis mal exprimé, quand j'avais écrit cette phrase je pensais que les états intentionnels était antérieurs sur un plan phylogénétique (évolutif) mais c'est également vrai sur un plan ontologique (développement de l'individu). Tu as raison le rôle de l'environnement affectif est très important, c'est aussi une caractéristique de l'homme, la grande immaturité du nouveau-né.Envoyé par karlp
Faire une phylogénie des états mentaux est évidemment très risqué. Je ne sais même pas si des articles existent sur le sujet.
Étant donné que l'on a fait quelque progrès en biologie depuis cette époque (Merci Wallace, Darwin, et les auteurs de la théorie synthétique de l'évolution) on peut y répondre. Ce sont les contraintes environnementales et les innovations génétiques (mutations) qui permettent d'en tirer profit qui donnent l'organisme étudié.Envoyé par karlp
Donc ce n'est pas l'intelligence qui fait la main, pas plus que la girafe ne décide d'allonger son cou. C'est un ensemble d'innovations évolutives (bipédie, préhension, langage s'il a une base génétique) qui sont des conditions nécessaires à l'apparition de l'intelligence humaine. Conditions nécessaires mais certainement pas suffisantes. En effet, on peut ajouter le régime alimentaire (découverte du feu et de la cuisson puis bien plus tard invention de l'agriculture) qui joue un rôle crucial (une sous-alimentation empêche le bon développement cérebral, d'ailleurs certains auteurs pensent que l'effet Flynn - la hausse continuelle du QI de génération en génération dans les pays développés - a pour cause une meilleure alimentation). Et le régime alimentaire de l'homme n'est pas génétiquement codé, c'est un caractère culturel. Tout comme l'écriture dont j'avais déjà parlé.
Ce n'est pas tout à fait exact. Le bâton est loin de servir qu'à attraper la banane. Lire par exemple http://www.scienceshumaines.com/les-..._fr_26935.htmlEnvoyé par karlp
Je suis prêt à admettre l'existence chez les animaux de techniques, de sociétés, de raisonnements et même de cultures. Le seul domaine où je vois un saut qualitatif chez l'homme est celui du langage.Envoyé par karlp
J'en arrive à :
C'est une définition du langage humain. Ce qu'elle a d'utile c'est qu'elle montre la différence radicale entre le langage humain et les moyens de communications des autres animaux (le proto-langage).Envoyé par jreeman
L'émission de cris et de phéromones, est pour te paraphraser une expression orientée vers l'extérieur en vue de répondre à un ensemble de besoins limités/finis. Avec des phéromones on ne doit pas pouvoir dire grand chose, "ici chez moi" "veut m'accoupler" "j'ai peur" "attention danger" on a vite fait le tour.
C'est vrai que ce que je dis là peut être nuancé, chez une même espèce d'oiseau il existe différents dialectes de chants, certains oiseaux apprenant d'ailleurs le chant d'autres espèces que la leur. Il y a donc une certaine plasticité et capacité d'innovation.
Aïe j'ai perdu la semaine dernière tout mes documents en sciences cognitives et la linguistique est vraiment loin de mon domaine d'étude (philosophie des sciences et en particulier de la biologie). De mémoire je vous dirai que la grammaire générative est menacée. Il y a un fort courant de la linguistique cognitive qui tente aujourd'hui de replacer le langage dans les facultés cognitives générales de l'homme (en particulier en relation avec les facultés spatiales). C'est les travaux pionniers de Ronald Langacker (http://fr.wikipedia.org/wiki/Grammaire_cognitive). Pour un aperçu de l'état actuel de la grammaire générative : http://labyrinthe.revues.org/index756.html. Je suis bien incapable de te dire qui a raison de la grammaire générative ou de la grammaire cognitive et je n'ai pas trouvé d'article de fond qui explique le débat.Envoyé par jreeman
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