Je pense que vous n'avez pas saisi ce que je cherchais à dire. Bien évidemment que si je me considère objectivement (c'est à dire par une opération mentale qui consiste à me placer moi-même, comme ob-jet, devant moi sujet ob-servant), je me connais comme "fini"... Mais il n'en est pas de même quand je m'éprouve directement comme sujet vivant, percevant, et conscient, c'est à dire sans la prise de distance qui constitue l'objectivation. La seule et pure expérience d'être vivant...Eh bien ça, c'est hors du temps, c'est dans le seul présent, et c'est une expérience qui ne peut englober l'avant et l'après du sujet. Le sujet est, point barre...
Précisément, lorsque je ne serai plus, "je" ne sera plus, donc il sera hors de portée pour lui de se penser mort...De même que "je" n'a jamais pu se penser non encore né. Un "je" se pense éternel, dans son seul présent, par définition.Et si vous pensez que vous êtes éternel, dites-vous bien que vous risquez ne pas le penser longtemps.
Absolument. La science, et la physique en particulier, n'ont jamais fait que ça, détricoter le tissu serré des apparences, en épaisseurs successives, pour toujours tenter d'approcher le réel (de la Terre plate et immobile, puis ronde et centrale, pour finir grain rocheux minuscule et perdu, du mouvement ressenti à l'équivalence inertielle des repères de Galilée, de la matière compacte aux champs quantiques imperceptibles, de la localisation des choses à leur évanescence spatio-temporelle, du présent universel à sa destruction par Einstein...Et bientôt, du temps qui fuit à sa destructuration par la gravitation quantique à boucles...)
L'individu en a conscience, le sait, en tant qu'il objective, qu'il s'objective (= se met à distance de lui-même)...Mais comme sujet s'éprouvant lui-même, ça lui est impossible. La réalité subjective de l'individu vivant se situe dans un cadre a-temporel. C'est ce que j'ai voulu dire par "éternel".
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