Mardi soir, le ciel s’étant subitement dégagé, je décidai de faire une série d’images de M31 pour voir ce que ça donnait avec plus de poses. Ayant embarqué le matériel et ma petite puce, j’ai voulu retourner à l’endroit où nous avions été samedi 27 avec notre équipe de choc (Flo, Laurent et Bruno) !
J’ai tourné pendant un bon moment, et de guerre lasse, mon sens de l’orientation étant inexistant , je me suis posée n’importe où avec soulagement. Le coin était sombre et paumé, c’était le principal. Je m’aperçus que j’étais plantée juste sous une éolienne non éclairée dans un champ de six éoliennes pas éclairées non plus. Le coin était sympa et bien dégagé, le sol propre et le petit chuintement rythmé de l’éolienne me donnait l’impression d’avoir une compagnie bienveillante et discrète, je décidai donc de rester. (la photo n'a pas été prise mardi soir, c'est pour illustrer un peu ce long récit ...)
Le montage du matériel fut rapide à ma grande surprise. J’avais même l’impression d’avoir oublié quelque chose pour que ce fut si facile. Je peaufinai la mise à l’horizontale, le sol caillouteux ne facilitant pas vraiment cette opération. Je voulus peaufiner également l’équilibrage, devant pousser à fond la lulu dans les colliers pour contrebalancer le poids important de l’APN sur le PO. La mise en station fut également beaucoup plus rapide que d’habitude, l’alignement sur trois étoiles aboutissant très rapidement là aussi à ma grande surprise .
Je choisis Véga pour faire la mise au point et c’est sur cette opération que j’ai perdu beaucoup de temps, voulant obtenir les aigrettes les plus fines possibles, je testai moult réglages pour finalement décider en catastrophe après le 22ème cliché que je n’allais pas vider la batterie de l’APN avant de faire mes « vraies » poses.
Donc direction M 31 ! Une fois la cible dans le viseur, je pris une première photo pour vérifier le centrage, puis lançai véritablement la série de pose. Après 2 clichés, je vérifiai l’état de l’optique car un coup d’oeil vers la voiture m’alertait subitement : elle était recouverte de buée ! Bien m’en a pris, car l’optique était également complètement opaque de buée !! Opération séchage délicat donc, avec la trouille de rayer l’optique. Il me faudrait renouveler cette opération toutes les 2 poses, l’humidité était telle que tout ruisselait !! L’alim était trempée, sans parler de l’APN pour lequel je nourrissais quand même quelque crainte ! Mais enfin, j’étais sur site, je n’allais pas laisser tomber maintenant.
J’avais réglé l’APN sur 400 iso, mais avec le recul, je pense que cet excellent conseil de Pascal vaut surtout pour les longues poses. Pour des poses de 2mn, je paramétrerai de nouveau à 800 iso la prochaine fois.
C’était parti pour les poses ! Entre chaque déclenchement, j’admirai le coucher de lune. Elle était couleur or et la lisière d’arbre se découpait devant en ombre chinoise. Jupiter, un peu plus basse était sur le point de disparaître. Le spectacle était superbe et je regrettais que l’APN soit très occupé ! Rien que l’esprit pour garder trace de ce moment délicieux !
Bien que faire les poses fut assez pénible en raison de l’humidité et de l’obligation d’essuyer toutes les deux poses, le temps passait assez vite, et je me posai la question du carburant de l’APN. Heureusement, car il ne restait que 2 barrettes sur l’écran de contrôle, et je lançai donc les 3 darks et les 3 offsets sur le champ sachant par expérience que 2 barrettes signifiait rapidement le black-out total. Celui-ci ne tarda pas ! Il était temps de rentrer.
Le démontage se fit rapidement et le retour aussi ! Je traversai plusieurs bancs de brume avant d’arriver à la maison. Il me fallut tout descendre et surtout sécher le matériel : la corvée ! Un coup d’œil sur l’ordi, les brutes étaient tout à fait satisfaisantes, bien que moins spectaculaires que la première fois en raison du choix de 400 iso.
Une bonne soirée donc, et même si je n’ai pas fait le nombre de poses désirées pour reprendre ma M31, un peu d’entraînement, ça ne fait pas de mal !!
Une excellente soirée même car le wouf wouf incessant et grave de l’éolienne la plus proche ressemblait à s’y méprendre au battement d’un cœur tranquille, et en admirant la voie lactée au-dessus des pales, j’eus la délicieuse et apaisante sensation de faire partie du cosmos ...
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