Bonjour à tous,
Je vais commencer par vous exposer le problème:
Après des études plutôt brillantes à l'université en chimie, je me suis orienté vers un master recherche en chimie organique que j'ai obtenu en 2011 avec une mention TB. Ensuite, j'ai normalement continué en faisant un doctorant toujours en chimie organique et médicinale. Ca me me plaisait! La chimie médicinale me plaisait vraiment, je pensais pouvoir faire avancer la sciences et pourquoi trouver le traitement contre Alzheimer. Après 3 ans de travail acharné, j'ai soutenu ma thèse en octobre 2014. Après quoi je suis parti en postdoc à Paris pour 1 an 1/2 toujours sur un sujet médicinal chemistry. J'ai à mon actif 12 publications dans de bons journaux, quelques présentation (posters) en congrès... Sur le CV, je pense être assez bon. Maintenant je dois partir à l'étranger pour un autre postdoc. Et peut-être encore un autre ... et un autre... puisqu'il n'y a a priori pas de postes pour tous les docteurs formés.
Le seul souci, c'est que cette année, j'ai pris 30 ans. Et je réfléchis à mon avenir. Je n'avais jamais vraiment réfléchi sérieusement à mon avenir. Bien sûr, je savais qu'il fallait faire 1-2 postdoc en france et à l'étranger. Après quoi, il fallait tenter les concours de maitres de conférence ou chargé de recherche. Mais je pensais que cela allait être plus "simple". Je sais aussi que la plupart des concours sont pipés. Aujourd'hui il ne faut être bon en sciences pour avoir une poste. Il faut lécher des culs. Ou selon l'expression maintes fois entendue, il faut être là au BON MOMENT et BON ENDROIT. LOL
Aujourd'hui, je n'ai plus envie de me compliquer la vie. Un voyage en Afrique a qq peu changé mon état d'esprit. D'autant plus que j'ai vu que la recherche académique ne servait pas à grand chose. De mon stage de master à mon postdoc à Paris, j'ai développé de nombreuses molécules qui montraient des activités réellement intéressantes. Seulement, l'université reste l'université. peu de moyen. donc tous ces travaux ne vont pas plus loin. une publication perdue parmi les centaines de publi qui sortent tous les jours. C'est un frustrant.
On encourage les jeunes à continuer leurs études à la fac dans des domaines bouchés au niveau de l'emploi. Une fois en master on leur dit "il faut faire une thèse". peut-être un moyen de diminuer le nombre de jeunes chômeurs mais surtout un moyen de faire de la recherche à pas cher. En effet, un thésard est payé (qd il l'est) environ 1300 euros/mois et travaille comme un fou. Pour ma part, lors de ma thèse je travaillais plus de 60h/semaines et même le we des fois. Généralement, on travaille autant pour notre CV, avoir des résultats à publier... Parce que sans publication, il est très difficile de trouver un postdoc... Et les directeurs de thèse (qd ils sont présents) savent très bien nous faire comprendre qu'il faut du résultat. C'est tout bénéf pour eux, les ptites mains, la "chaire à paillasse" travaillent comme des fous pour qu'eux ils puissent justifier de primes d'encadrement (attention il faut l'encadrement) et qu'ils puissent à chaque évaluation justifier de l'avancer de leur recherche.
Je ne vous parlerai pas du moment de la rédaction de thèse où généralement les directeurs de thèse ne font que survoler le manuscrit. Par contre, une fois la thèse rédigée et les 3 ans de financements passés, ils savent très bien nous mettre la pression pour finir et dégager au plus vite (c'est comme çà que je l'ai vécu et je ne suis pas le seul).
Bref, tout çà pour dire que l'on sacrifie des années de vie de jeunes gens qui se sont investis personnellement et financièrement dans de longues études pour au final pas grand choses. C'est tout de même triste. Un grand nombre de mes collègues de thèse ont subi le chômage, ce qui est vraiment frustrant et desarmant pour un jeune docteur qui a tout donné pour en arrivé à la case pole emploi. Après qq mois de chômage, nombreux sont ceux qui se sont reconverti dans l'informatique, un des seuls plan B.
Aujourd'hui, pour ma part, je ne sais plus trop quoi faire. J'ai une proposition de postdoc à Montreal pas très bien payé d'ailleurs, mais je ne suis pas sûr que cette obstination va un jour porter ses fruits.
Quelques uns me diront qu'il faut s'expatrier. Mais tout le monde n'a pas forcément envie de s'expatrier.
Je suis en pleine remise en question. J'ai aimé, malgré tout, faire de la recherche. J'était vraiment passionné. Mais les perspectives d'avenir sont tellement floues voire nulles. Je pense à me reconvertir, seulement, c'est pas simple.
L'enseignement (lycée ou collège): il faut passer le capes, un peu frustrant de se retaper des études après tout çà. Il y paraît-il un manque de profs et on préfère rappeler les retraités que donner une chance à des profils comme le miens.
En conclusion, pour tous ceux qui liront ce post et qui hésitaient dans leur orientation, je vous dis ne faites pas de thèse ou dans un domaine qui recrutent, en tout cas pas en chimie orga.
Un docteur désabusé.
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