Ou encore, quand il y a corrélation entre deux types évènements, sont appelés causes ceux qui, dans le sens d'écoulement irréversible du temps découlant de notre grille de lecture d'observateur macroscopique, précèdent ceux que, pour la même raison, nous appelons conséquences.
Par exemple, les corrélations entre mesures faibles et mesures fortes antérieures provoquant ces mesures faibles sont exactement les mêmes (à une symétrie T près) que les corrélations entre mesures faibles et mesures fortes postérieures "provoquant" ces mesures faibles (cf. A time symmetric formulation of quantum mechanics 2010, Y. Aharonov, S. Popescu, and J. Tollaksen).
D'où provient cette interprétation rétrocausale de la corrélation entre mesures faibles et mesures fortes postérieures (que je ne partage pas et je vais expliquer pourquoi) ? D'une interprétation réaliste des résultats de mesure faible (cf. Weak-Measurement Elements of Reality, cf. L. Vaidman) et d'une interprétation réaliste du principe de causalité. Il s'agit de l'hypothèse selon laquelle le principe de causalité serait un fait de nature (cf. LA « FLECHE DU TEMPS » EST-ELLE UN FAIT DE LA NATURE ? M. Bitbol) indépendant de toute considération d'observateur et valide à toutes les échelles d'observation.
Pourquoi la corrrélation mesures fortes-mesures faibles est-elle considérée comme une relation causale quand les mesures fortes sont antérieures aux mesures faibles et n'est, au contraire, pas considérée comme causale quand les mesures fortes sont postérieures aux mesures faibles auxquelles elles donnent lieu ?
Parce que, lorsque les mesures fortes sont antérieures aux mesures faibles, l'observacteur peut se servir de l'information recueillie par mesure forte pour prédire les mesures faibles qui en résulteront et ainsi provoquer tel ou tel effet souhaité avec les mesures faibles prédites.
Au contraire, quand les mesures fortes sont postérieures aux mesures faibles, l'observacteur n'a pas d'information sur les résultats de mesure fortes qui suivront ces mesures faibles. Ce manque d'information sur les évènements futurs, empêche l'observacteur de se servir de cette corrélation mesures fortes-mesures faibles pour prédire les mesures faibles qui en découleront et ainsi s'en servir afin de causer tel ou tel effet.
Oui, mais quand ces causes ne doivent rien à l'observateur ? Par exemple, il est où ce fameux observateur quand l'astéroide qui s'est écrasé sur la terre a provoqué l'extinction des dinausaures il y a 65 millions d'années ? La cause précède bien l'effet et cela n'a rien à voir avec l'observateur ?
...mais cette lecture pleine de bon sens des évènements et une simple projection de ce que nous apprend notre vécu, une lecture cause --> effet calquée sur ce que nous dicte notre gros bon sens paysan, un gros bon sens paysan reposant sur ce que nous apprend notre vécu, donc très utile dans la vie courante...
...mais expliquant, par exemple, la grande difficulté que des personnes découvrant la relativité de la simultanéité propre à la RR ont tant de mal à accepter.
L'asymétrie T n'est pas plus absolue que la simultanéité. L'une comme l'autre font intervenir l'observateur et ses limitations d'accès à l'information. Contrairement aux évènements passés, les évènements futurs ne laissent pas de traces, des informations irréversiblement enregistrées qui soient, de ce fait, à la fois accessibles, décodables et reproductiblement lisibles par les observateurs macroscopiques (que sont les êtres vivants dans leur ensemble).
En dernier ressort, c'est de ce manque d'information de l'observateur que découle le caractère qualifié de causal des corrélations dans le sens passé-futur et qualifié de non causal pour ces mêmes corrélations à une symétrie (CP)T près.
D'une façon générale, nous n'avons pas encore complètement coupé le cordon ombilical qui nous relie à la physique de la fin du 19ème siècle, une physique classique qui semblait définitivement et absolument objective, indépendante de toute considération d'observation et d'observateur. La RR dans une certaine mesure (avec la relativité de la simultanéité, des longeurs et des durées) et, bien plus encore, la physique quantique et son "problème de la mesure", nous ont réappris que les grandeurs et phénomènes physiques, même l'écoulement irréversible du temps, ne sont pas des propriétés intrinsèques de l'univers, mais des propriétés de l'interaction entre l'univers et une classe d'observateurs (cf. Forget time).
L'objectivité, l'absence de rôle de l'observation et de l'observateur, est une illusion. La science ne repose pas sur l'objectivité des résultats observés, mais sur leur intersubjectivité, la reproductibilté des résultats observables.
La science ne consiste pas à observer et décrire la réalité elle décrit et prédit ce que nous sommes en mesure d'observer (cf. Fuchs et son QBISM = Quantum BettabilitarianISM). L'écoulement irréversible du temps et le principe de causalité n'échappent pas à cette règle.
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