Selon Rovelli le temps n'existe pas: autrement dit le temps est une illusion.
La seule équation dans le monde micro qui comporte le temps -celui absolu de Newton- est l'équation de Schrödinger et elle donne une probabilité de présence: ceci représente une des difficultés majeures rencontrée par la gravitation quantique se donnant pour but de réunifier MQ et Relativité. L’équation de De Witt ne comporte pas de variable temps ce qui confirmerait au passage ce que dit Rovelli: cette équation a pu être confirmée par l’expérience et les mesures. Déjà avec la Relativité, toutes les conceptions d’ordre essentialiste ou ontologique formées ou inventées précédemment depuis l’Antiquité ont été sérieusement écornées. Voire abandonnées…
Chronos dans la mythologie grecque symbolise le temps; Cronos -son paronyme- est le roi des Titans qui tue et dévore ses enfants, par peur du renversement qu’une prophétie a prédit. De là, un genre de fusion est né et le mythe d’un autre Cronos -ou Chronos qui est homophone- est apparu et qui représenterait le temps dévorant ses enfants, les minutes … De peur qu’ils ne le renversent et prennent sa place ? L’instant présent peut parfois sembler durer une éternité.
Avec la MQ ce qui se passe c’est encore vraiment autre chose: c’est même d’un tout autre ordre…
Imaginons que le monde quantique évolue sans la variable temps: les électrons courent sans cesse autour du noyau d'où le terme de nuage électronique et on ne peut pas savoir où il se trouvent car ils sont instantanément partout sur leur orbite.
Cela introduit une difficulté de plus cette fois d’ordre conceptuelle car notre intuition est incapable de se figurer cet étrange phénomène: nous n’avons ni les mots ni les concepts pour imaginer et construire un monde où la vitesse serait première par rapport au temps. Mais qui dit vitesse dit espace aussi et par transitivité, cela bouleverse aussi totalement notre idée et intuition du "déplacement"... et de l’espace par voie de conséquence!
Le temps fut conçu et inventé en physique classique pour mesurer la vitesse de déplacement des objets entre eux ou bien par rapport à un point fixe. On ne semble pas avoir besoin de ces signifiants dans le monde micro : ils sont même irrelevant comme on dit en anglais c.-à-d. hors de propos . Il y aurait d’autres concepts à trouver ou à inventer.
On ne les connaît malheureusement pas encore car on n’a pas pour le moment de représentations équivalentes à ce qui a lieu dans le monde micro dans notre monde à nous. La physique quantique est -si je puis utiliser l’expression quelque peu redondante- un électron libre dans le monde de la physique. On sait formuler mathématiquement c.-à-d. prévoir, mesurer, observer et calculer de façon ultra-précise même mais on n’a pas de représentations pour ce qui se passe à l’échelle sub-atomique…
Comme une autre conséquence de ces phénomènes et on pourra se référer à la théorie ER=EPR de Süsskind, on serait en mesure de dire que tout dans l’univers est en contact avec tout. L’électron doit savoir par avance s'il doit se comporter comme une particule ou comme une onde en fonction de l'observateur qu’il détecte sur sa route: du fait d’ une connexité totale de l’Univers (?), il connaît la situation au préalable puisqu’existe(rait) un contact instantané avec cet observateur… via cette connexité qui concerne l’univers entier. Cela se produirait-il grâce à un maillage de l’univers avec des trous de vers, donc comportant au moins une dimension supplémentaire comme le propose Süsskind ?
L’espace non plus tel que nous le connaissons n’existe pas dans le monde micro, dirait-on bien.
L’expérience des fentes d'Young fait qu’avec une seule fente l’électron diffractera en se comportant comme une particule ; avec 2 fentes il formera des franges d'interférence pour se comporter comme une onde. Voir aussi l’étrange expérience de Wheeler réalisée cette fois dans l’espace avec des faisceaux laser sur de grandes distances, lesquels interdisent tout échange d’informations entre l’observateur et l’observable.
Cette connexité absolue -ce terme étant une simple commodité de langage provisoire- pourrait s’interpréter par le fait que l’espace tel que nous le connaissons et percevons c.-à-d. métrable n’existe pas en tant que tel au niveau quantique. Dire que l’électron est partout à la fois revient à dire que l’espace -en tant que tel soit métrable- n’existe pas… ou pas encore. Se mettrait-il lui aussi à exister à la faveur de la décohérence quantique ?
Une fonction d’onde de l’espace-temps serait envisageable en gravité quantique selon certains; mais peut-être est-ce déjà à l’étude…
Tout cela est évidemment contre-intuitif et dépasse notre entendement mais le temps pourrait bien n’être qu’une “dimension” apparaissant dans notre monde macro, une singularité… À la faveur de la décohérence quantique ?
A-t-on bien ou suffisamment évalué l’importance de cette décohérence dans les phénomènes étudiés ? Ne reste-t-il pas des choses à découvrir ?
Peut-on même parler d’une dimension d’ailleurs et en a-t-on le droit ? Dans le même esprit a-t-on le droit de parler de trajectoire de l’électron ? Feynmann considérera tous les chemins possibles d’un électron entre un point A et un point B dans ses schémas et la «trajectoire de l’électron » sera calculée par intégration sur tous les chemins «fictifs» ou virtuels que peut emprunter ce dernier. La théorie quantique des champs introduit elle aussi de l’indéterminisme dans les champs.
L’absence de temps serait une explication plausible de ces phénomènes quantiques lesquels sont constatés depuis longtemps et qui restent sans explication jusqu’à ce jour, du moins sur le plan descriptif et de la conceptualisation. Ce sujet a fait et fait toujours l'objet d'innombrables débats depuis les débuts de la MQ: que ce soit au sujet de la non-localité ou de l’intrication, il s’est formé un consensus autour de l’interprétation de Copenhague. Compte tenu des interventions et discussions contradictoires et parfois houleuses entre Einstein et Bohr, puis Heisenberg etc.
Par une sorte d’effet collatéral, la théorie des cordes avec ses dimensions repliées qui se déplieraient au moment du Big Bang serait à revoir: de toute façon on est incapable de dire si elle est vraie ou pas car on n’a tout simplement pas des outils suffisamment puissants pour pouvoir observer l’électron de plus près.
Il faut admettre qu’on est loin d’en savoir suffisamment sur la nature du temps mais aussi de l’espace: ils sont ré-envisagés de façon totalement différente dans la gravité quantique avec notamment la mousse de spin; des interprétations comme la mienne sont sans doute et même certainement bien trop précoces bien qu’assermentées par les mathématiques qui seules fonctionnent parfaitement pour décrire ce monde bizarre.
L’inquiétante étrangeté du monde quantique aurait pu dire Freud…
Le terme de quantique renvoie à quelque chose de tellement mystérieux que Guerlain a inventé un parfum aux propriétés «quantiques» qui serait comme une fontaine de jouvence pour la peau. Vu le prix je pense que les descendants de Planck, Heisenberg, Feynmann et bien d’autres ont le droit de demander des droits d’auteur et percevoir un pourcentage.
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