Je continue...
Curieusement, la question de Stefjm (et la réponse) ont des "résonances" dans le texte...
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Pour qui connaît la formulation d'une dérivée covariante, il y a quelque chose qui cloche dans l'affirmation que a - P - C(V) soit une dérivée covariante. On s'attend à a - C(V). (Car le deuxième terme rappelle bien les coefficients de Christofell.) P n'a pas apparemment sa place.
L'explication vient de ce qu'il faut raisonner dans l'espace-temps (en quatre dimensions).
[Intermezzo : J'ai déjà rencontré la remarque comme quoi l'espace-temps, c'est pour les théories modernes de la relativité, que cela n'est pas pertinent pour la mécanique classique.
Mouais. Pour qui regarde bien, il y a plein de "traces" de l'espace-temps en mécanique classique. Je ne prendrai qu'un seul exemple, la première loi de Newton. Je vais la formuler comme suit:
"Il existe un référentiel tel que les mouvements de corps ne subissant aucune influence sont rectilignes uniformes."
"Rectiligne", ok c'est 3D. Mais que viens faire l'uniformité (longueur de déplacement constante pour une durée donnée) dansl'histoire? Si on dit "un mouvement rectiligne dans l'espace-temps", eh bien, cela inclut exactement l'idée d'uniformité...
Bref, la première loi parle bien de ligne droite dans l'espace-temps...]
Revenons au sujet. Si le temps est absolu, le terme temporel dans la vitesse "en 4D" est égal à 1 (dt/dt = 1). Il est constant. Première conséquence, le terme temporel de l'accélération est nul (quelle que soit la notion de dérivation que l'on va appliquer). Autre conséquence, la notion de fonction linéaire de la 4-vitesse (1, V) s'écrit bien P + C(V), où P ne dépens pas de la vitesse. C'est le passage dans l'espace-temps qui amène le terme P.
Reprenons. Voir une dérivée covariante dans a - P - C(V), avec C linéaire en son argument marche en 4D. La connexion dont il est question n'est pas celle de la géométrie spatiale, mais celle de la géométrie de l'espace-temps. C'est bien ce que présente Cartan, ce qui va très bien dans le sens d'un rapprochement avec la RG.
Reprenons les lois de Newton, dans les termes de ce qu'on appelle l'approche Newton-Cartan.
Loi 0 : On postule un espace-temps muni de la connexion affine conforme aux hypothèses de géométrie spatiale euclidienne et de temps absolu
Loi 1a (loi de l'inertie) : Les mouvements de corps non influencés par d'autres sont des géodésiques de la connexion.
Loi 1b : Il existe des référentiels où la dérivée covariante se réduit au terme au premier terme (dérivation en coordonnées), soit a pour la vitesse, et où, donc, les géodésiques se présentent comme des mouvements rectilignes uniformes.
Loi 2 : Le PFD, qui s'écrit F = m DV, avec F et V des quantités 4D, avec comme termes temporels resp. 1 pour V, et 0 pour F, les termes spatiaux étant ceux usuels. D est la dérivée covariante définie par la connexion affine.
Loi 3 : inchangée
Voilà. Voilà la reformulation à la Cartan de la mécanique classique, valable pour tout référentiel et tout ssystèmes de coordonnées.
Ce qui est génial, c'est que seule la loi 1b est spécifique à la mécanique classique (et plus précisément vient de la connexion, qui est spécifique à la mécanique classique). Les autres s'appliquent aussi à la RG, seule la connexion diffère.
On est arrivé au bout. Euh, non, un aspect résiste encore, la gravitation. Tout le récit pour le moment a été "en l'absence de gravitation".
Suite (et fin, je pense) au prochain épisode.
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