Merci pour cette lecture critique constructive.
Je suis moi-même à la retraite, Doctorat en physique appliquée, 30 années dans le spatial, Master de philosophie et je ne connais que très peu de chose sur la médecine et la nutrition en particulier. Ce sujet de la nourriture prend depuis quelques années déjà de l'ampleur avec des positions souvent très tranchées. Je pense que chacun a dans sa famille ou parmi ses proches, quelqu'un qui pratique le végétalisme, le végétarisme ou, plus largement, qui se dit Vegan.
Ma famille ne coupe pas à ce genre de débats qui, le plus souvent, n'en sont pas et tournent le plus souvent aux anathèmes, quand ce ne sont pas des noms d'oiseaux. Certains rejettent toute forme de végétarisme en assimilant ses pratiquants à des "écolos", des "sectaires", voir de dangereux gauchistes. A l'inverse, certains végétaliens-végétariens-vegan, tiennent des discours souvent lénifiants, parsemés de pseudo-déclarations scientifiques et regarde ceux qui ne pensent pas comme eux comme des incultes à qui il faut montrer la voie.
De mon côté, je pense que l'élevage intensif et globalisé, les quantités énormes de céréales fournies dans le monde - et dont la grande majorité n'est fournie que pour nourrir les animaux destinés à notre consommation - devient un non sens à la fois économique, social et politique et qu'il est temps de changer de cap si l'on veut tenir les accords de Paris de la COP21. Je pense aussi que, quelque soit le régime alimentaire suivi, 8 milliards d'homo-sapiens marquent leur empreinte de manière bien trop forte sur le biotope terrestre et pas seulement pour des questions agricoles mais aussi, et peut être surtout, par des modes de vie de plus en plus urbains qui parcellisent la nature, la rendant impropre à l'expression d'autres formes de vies animales et végétales.
D'une certaine manière, je suis donc d'accord avec certaines positions du végétarisme pour changer nos habitudes alimentaires, mais d'une autre, je hais toute forme d'injonctions fondées sur des idéaux et non sur des faits. Hier soir j'ai eu une discussion avec une amie, végétalienne convaincue, professeur d'art appliquée, et qui n’arrêtait pas de sortir des références "scientifiques", sans doute pour essayer de me convaincre. C'est elle qui m'a parlé du "fameux" rapport Campbell que je ne connaissais absolument pas. Rapport qui, à ses yeux, assenait définitivement le coup de grâce à cette alimentation "occidentalisée" à base de protéines animales et démontrait, selon elle, de façon lumineuse, la supériorité du végétalisme.
Je dois avouer que j'étais bien embêté car, non seulement je n'avais pas lu ce rapport, mais que je suis particulièrement ignorant sur les mécanismes fins de la nutrition. C'est donc avec grand plaisir que j'ai lu votre article car il m'a évité de lire 480 pages de ce pavé de papier dont je ne suis pas vraiment sûr que le bilan carbone de sa production et de sa diffusion soit à la hauteur de la cause qu'il prétend défendre.
J'aurais seulement aimé vous demander quelles étaient vos références en matières scientifiques et si vous aviez déjà publié dans des revues à commité de lecture? Trois années de la fac de médecine vous apportent sans doute un certain nombre de connaissances de base sur le sujet, mais ce n'est peut-être pas suffisant pour se tenir au courant de certaines recherches, souvent très pointues, dans le sujet. Vous avez été enseignant à l'éducation nationale et cette position vous a peut être permis d'approfondir vos connaissances?
Merci, j apprécié votre message et vais vous répondre:
Oui il y a souvent des tensions entre les végétariens et le non végétariens, souvent basé des deux parties sur des a priori plutôt que sur des faits.
En tant qu'ancien étudiant en 4 ème année de médecine, j ai appris en bonne partie a interpréter les publications médicale et je me suis intéressé au sujet en lisant certaines publications sur le sujet disponibles sur pubmed.
C'est parceque un ami m a incité a lire le rapport Campbell que je me suis intéressé au sujet et que j' ai répondu sur ce forum.
Non je n' ai rien publié, cependant je pense avoir les bases pour interpréter bon nombre de publications médicale.
Non, j ai du mal m exprimé : je n' ai pas été professeur a l éducation nationale, mais j' ai donné pas mal de cours de math à des particuliers.
Ce qu'il est indispensable de savoir en médecine pour comprendre les publications médicales est au moins ceci:
Les mécanismes de fonctionnement du corps humains sont en bonne partie inconnus, en particulier au niveau des interactions des protéines. Ainsi on peut supposer que une nouvelle molécule créé en labo va faire baisser la tension artérielle car on a remarqué que cette molécule interagit avec une protéine qui permet de réguler la tension, cependant on ne peut être sûr de cela en se basant sur cela, car cette nouvelle molécule pourrait interagir avec nombreux autres protéines, par exemple celle du rein du cerveau ou n importe quel organe et pourrait également par un autre mécanisme augmenter la tension artérielle.
Donc ce qu on fait pour savoir si cette nouvelle molécule fait bien diminuer la tension, c'est de tester sur les humains.
Pour cela on fait une étude randomisée ( on prend un certain nombre de personnes, par exemple 100, auquel a la moitié on donne la nouvelle molécule dans un comprimé, et a l autre moitié un placebo) a la fin de l étude on mesure si la tension a significativement baissé ( par des moyens mathématiques) dans le groupe ayant pris la nouvelle molécule, c est alors qu on peut conclure si oui ou non cette molécule fait baisser la tension artérielle.
Il en est de même pour l alimentation : en général on ne peut se baser sur les mécanismes du corps humains pour estimer si oui ou non le régime végétarien est bon ou non pour la santé, il faudrait dans l idéal une étude randomisée ou l on donnerai a la moitié du groupe un régime carné et a l autre moitié un régime végétarien pendant plusieurs années pour après mesurer par exemple le nombre de nouveau cas de cancer ou d infarctus et conclure si un régime est mieux que l autre.
Cependant a ma connaissance ça n a jamais été fait, par contre ce qui a été fait et qu on peut retrouver dans des publications c'est d avoir comparé le nombre de cas de cancer après 5 ans chez des végétariens et des non végétariens, hors on a mesuré que les végétariens on environ 15% de cas de cancer en moins que les non végétariens... On pourrait alors penser que les végétariens boivent moins d alcool ou fument moins, mais dans ces études il a été comparé des personnes végétariennes et non végétariennes qui fument et boivent autant, c est ce qu on appelle la stratification, et malgré cela, oui il y a environ 15% en moins de nouveau cas de cancer chez les végétariens par rapport au non végétariens, donc ça laisse un sérieux doute en faveur de l idée que le régime végétarien est réellement légèrement bon pour la santé.
Le rapport Campbell a mon sens n a pas cette rigueur de raisonnement, et affirme a tort que c'est miraculeux pour la santé, cependant oui ça a quand même l air d être légèrement bénéfique pour la santé que de manger végétarien et de manière pas si négligeable.
Il peut rester des imprécisions , je suis prêt à
répondre à vos questions si vous êtes intéressé, dans la limite de mes connaissances.
Bien a vous