Bonjour
Tu as raison. Il y a des arguments techniques contre les biocarburants et le charbon (par exemple, les ressources en charbon ne sont pas inépuisables, surtout quand on commercera à en extraire beaucoup plus pour commencer à compenser la hausse rapide des prix du pétrole ; le coût de synthèse à/p du charbon est élevé ; la réalisation de biocarburants en grand volume se heurte vite à la nécessité de nourrir les gens ou de laisser quelques forêts). Mais elles peuvent être surmontables.
Mais surtout, le poids du transport aérien dans l'émission de CO2 se 'verra' de plus en plus dans un système global où (1) les pays deviendraient vertueux et limiteraient réellement leurs émissions ou bien (2) ils ne deviendraient pas vertueux, et grilleraient de plus en plus vite le restant d'hydrocarbures acccessibles et passeraient donc rapidement au charbon (et alors toutes économies possibles sur le dégagement de CO2 sera bonne à prendre). L'idée des travaux était donc de réaliser des avions à zéro émission CO2. Rappel : le trafic aérien (en sièges/km ou tonnes/km) aérienne devrait doubler d'ici 15 ans. Je ne pense pas que 'nous' accepterons que le transport aérien représente plus de 15% à 20% de nos émissions de CO2.
Enfin, l'équilibre économique du transport aérien est très particulier. C'est probablement le seul secteur qui soit en croissance constante (4% à 5% par an) et qui fasse, en moyenne, perdre de la valeur à ses actionnaires depuis 50 ans. Le prix d'achat du carburant représente 25% à 30% du prix de vente, selon les cas. Il peut doubler mais il ne peut pas être multiplié par 3 ou 4 sans que les prix n'augmentent significativement, donc que les volumes baissent, donc que les prix n'augmentent encore, etc. Cette dynamique diverge vite.
Cette sensibilité au coût fait qu'on n'emploiera pas un substitut hydrocarbure du pétrole UNIQUEMENT pour l'aviation. L'aviation n'est pas une niche, si tu veux. Illustration : prenons un carburant synthétisé à/p du charbon. Ou bien il 'n'est pas trop cher' (mettons < 1000 $ / t sortie d'usine). Il permet au transport aérien de vivre. Mais il est aussi accessible pour l'industrie, l'automobile, l'agriculture. Nos émissions de CO2 continuent d'augmenter. Pas de réduction de consommation, pas d'incitation à la diminution d'émission. Scenario difficilement tolérable, non ?
Ou bien il est 'trop cher pour les autres secteurs' (mettons >2000$ / t, sans certitude, ça nécessiterait une approche économique qui me dépasse) : et il est aussi 'trop cher' pour le transport aérien.
Déjà, le fait que le carburant aviation soit detaxé est certes réaliste (il y aurait toujours un petit pays qui n'appliquerait pas de taxe et où toutes les compagnies viendraient faire le plein) mais n'en est pas moins aberrant : les passagers du train paient pour les passagers des avions.
Donc transport aérien de masse <=> carburant pas cher. Je n'ai pas fait le calcul, mais j'ai le sentiment que si on réintégrait les externalités aujourd'hui, même prudemment, dans le prix du billet, on supprimerait le transport aérien (et non 'on diminuerait son volume').
PS Je ne suis pas un religieux des avions à H2, j'ai juste eu l'occasion de creuser le sujet. Si on peut trouver des process plus simples, et tolérables selon les critères du moment (économie, ou bien CO2), je suis d'accord qu'ils 'gagneront'. C'est ce qu'espère le management des constructeurs, sans vraiment le rationnaliser.
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