Bonjour,
Lors de la séance du 24 octobre 1921, Painlevé présente à l'académie des sciences l'expression de la métrique de Schwarzschild aujourd'hui connue sous le nom d'expression de Painlevé-Gullstrand (réécrite ici en signature -+++ mais publiée en signature +---) :
3 semaines plus tard, lors de la séance du 14 novembre 1921, il présente une expression plus générale (réécrite ici en signature -+++ mais publiée en signature +---) :
avec une fonction de tendant vers 0 quand tend vers ,
et , le rayon aréal, une fonction de , la coordonnée radiale, telle que sa dérivée par rapport à , tende vers 1 quand tend vers
Voir ici pour la source ainsi qu'une analyse de celle-ci.
Il ne détaille cependant pas comment il abouti à cette expression, qui peut se réécrire :
Cette expression générale est intéressante car elle inclut l'expression dite de Schwarzschild et celle de Painlevé-Gullstrand.
En effet, si et , l'expression devient :
, l'expression dite de Schwarzschild.
Et si et , l'expression devient :
, l'expression dite de Painlevé-Gullstrand
On pourrait penser que toutes les expressions de la métrique de Schwarzschild montrant explicitement la stationnarité et la symétrie sphérique (coefficients de la métrique dépendant uniquement de la coordonnée radiale, sauf celui du , évidemment) sont incluses dans cette expression générale.
Néanmoins la condition " une fonction de tendant vers 0 quand tend vers " interdit de poser , qui donnerait pourtant l'expression dite de Eddington-Finkelstein (avec ), qui est explicitement stationnaire et de symétrie sphérique.
Je ne suis pas parvenu à trouver comment Painlevé est arrivé à son expression générale en cherchant (de manière non exhaustive je l'avoue) dans la littérature accessible au commun des mortels (gratuite et légale), alors je me suis lancé dans une démonstration personnelle.
Je suis parti de l'expression générique :
en imposant que , et sont des fonctions de uniquement pour avoir la stationnarité et la symétrie sphérique.
Pour respecter la platitude asymptotique, j'ai exigé que tende vers -1, vers 0 et vers 1 quand tend vers , afin que l'expression de la métrique tende vers (expression de la métrique de Minkowski en coordonnées sphériques).
La nullité du tenseur de Ricci (correspondant à un espace-temps vide) impose d'abord que , la dérivée par rapport à de soit nulle, ce qui fait de une constante (la nullité du Ricci impose ). La platitude asymptotique fixe cette constante à -1. combiné à la nullité du Ricci impose ensuite (on a si ).
Pour se ramener à l'expression générale de Painlevé, remplaçons par comme notation du rayon aréal :
on a (avec tendant vers 1 quand tend vers pour "sauver" la platitude asymptotique):
on peut poser :
et cela donne :
ce qui donne bien l'expression générale de Painlevé (avec une fonction de tendant vers 0 quand tend vers ).
L'expression générale de Painlevé est donc bien démontrée, mais des questions se posent. change de signe pour , ce qui fait de une coordonnée temporelle pour et une coordonnée spatiale pour , mais cela génère-t-il une contrainte sur le signe de ? Dans l'expression de Schwarzschild, il change de signe à l'inverse de , dans l'expression de Painlevé-Gullstrand, il est toujours positif, et il est dans tous les cas contraint de tendre vers 1 par la platitude asymptotique. Pourtant, dans l'expression d'Eddington-Finkelstein, , ce qui montre que le résultat n'est pas assez général. Tendre vers est-elle la seule manière d'obtenir la platitude asymptotique ?
Je donnerais mes réflexions sur ces points dans un prochain post, réflexions qui aboutissent à une expression de la métrique de Schwarzschild explicitement stationnaire et de symétrie sphérique plus générale que l'expression générale de Painlevé, incluant notamment l'expression d'Eddington-Finkelstein.
En attendant, si quelqu'un à des connaissances ou des documents sur le sujet (notamment la démonstration de Painlevé, des démonstrations similaires, ou des démonstrations encore plus générales), cela m'intéresserait d'échanger. J'imagine qu'il y a forcément des publications sur le sujet, je ne suis pas parvenu à les trouver, mais je ne dois pourtant pas être le premier à trouver une expression générale incluant à la fois Painlevé-Gullstrand et Eddington-Finkelstein.
m@ch3
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