Certaines personnes pensent que l'essentielle d'une théorie mathématique (ou scientifique) est qu'elle soit portée pas une bonne logique, juste et incontestable. La complexité de cette théorie entre rarement en ligne de compte. Personnellement j'avais toujours pensé que la meilleure mathématique était celle qui pouvait transformer une théorie-à-logique-irréprochable de 500 pages en une théorie-à-logique-irréprochable de une page, que la capacité à traduire simplement du complexe était l'un des signes essentiels de l'intelligence.
Mais selon moi la complexité présente un autre désavantage encore plus dangereux, c'est qu'elle s'auto-nourrit, surtout quand elle obtient des victoires. Très souvent dès qu'une théorie prouve qu'elle est bonne en donnant des résultats, notamment en science, plus personne ne cherche à en développer une autre qui serait nettement plus simple et qui conduirait aux mêmes résultats. On lui dira qu'il cherche à réinventer la roue. Alors la "roue" gagnante devient la base des théories futures, ces complexités sont transmises aux générations suivantes et au fil du temps des pistes scientifiques qui auraient pu être nettement plus simples sont définitivement bouchées. On a la sensation qu'à un moment, emportés par la fascination de théories complexes qui marchaient, les physiciens sont passé à côté de l'essentiel. Quand on les entend se déchirer sur le nombre de dimensions de l'univers (4, 10, 11, 26… -là, quand on est profane, on se sent perdu, on se demande s'ils ont résolu le problème du rôle des dimensions, s'ils savent exactement à quoi elles servent-), sur l'existence ou non des gravitons, sur l'existence des particules de Higgs et sur des tas d'autres choses, on ne peut s'empêcher d'avoir l'impression que quelque chose de fondamental manque, qu'ils l'ont oublié en cours de route et personnellement, je suis convaincu que c'est de la faute aux "Complexités qui marchent". Celles-ci on la faculté d'étouffer avec force incomparable des pistes qui seraient plus simples que celles qui leur ont donné naissance, notamment parce qu'elles ôteraient à leur géniteur la grandeur qu'ils en ont acquise.
Pour finir, ne serait-il pas temps d'inventer une science dont le rôle serait de décomplexifier les pistes scientifiques qui marchent? Une sorte de science de la simplification scientifique. Une sorte de nettoyage, d'aération des sciences et des mathématiques qui leur ouvriraient certainement des horizons inespérés.
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