Bonjour,
Absent quelque temps, je vois que la discussion a été très intéressante. Pendant ce temps une idée trottait dans ma tête, à base d'une petite histoire qui, contrairement à ce qu'on pourrait penser, concerne de près cette discussion. Voilà:
Des Martiens débarquent de leur vaisseau dans un jardin de banlieue, (sans faire de dégâts). Le premier objet qu'ils rencontrent est une Clio, avec les portières non verrouillées et les clés sur le tableau (ce n'est pas un "quartier"). Curieux, mais prudents, ils tripotent un peu tout. Il y a des choses qu'ils connaissent (les boutons, les petits leviers etc.) car ils les ont aussi conçus, mais leur maniement n'a aucun effet jusqu'à ce que entre autres, ils tournent la clef de contact qui provoque un bruit régulier et "anime" toutes les commandes. Après de nombreux essais qui provoquent des mouvements (essuie-glace) ou des grincements ou l'arrêt du bruit (moteur calé par changement de vitesse sans débrayage), ils finissent (après plusieurs jours, les propriétaires étant en vacances) par démarrer et faire un petit tour. Le seul levier qu'ils n'ont pas trouvé, car bien caché est celui qui déverrouille le capot du moteur. Ils se réunissent et se perdent en conjectures en analysant le comportement intelligent de cet objet, en tirant des conclusions, des plus farfelues, de leurs constatations.
L'humanité en était là vis-à-vis du corps jusqu'au XVIIème siècle et il suffit de lire la littérature médico-chirurgicale antérieure pour s'en convaincre. On finissait les malades à coups de purgation et de saignées etc. et on professait des choses qui nous paraissent maintenant incroyablement farfelues. Puis, en deux ou trois siècles, on a "soulevé le capot" et actuellement la médecine est une science à part entière.
La cognition est le résultat du fonctionnement du système nerveux (y compris ses auxiliaires, les sens), intimement liée à la structure de celui-ci (p. ex. l'aire de Broca paraît le siège de la parole). Le "degré de cognition ou de conscience" semble aussi lié à cette structure. Or, actuellement, on est en train de "soulever le capot". La connaissance des détails les plus intimes est de plus en plus parfait et, insensiblement, on passe de l"examen des comportements" à celui des causes qui les déterminent. Les "anciens" et les "modernes" ne parlent plus le même langage, ce qui ressort très évidemment de cette discussion. La psychologie de papa cède progressivement la place à des découvertes de plus en plus fines du fonctionnement réel du système nerveux.
Ainsi il est très difficile d'émettre un "avis autorisé" et instituer un dialogue fructueux entre p. ex. un freudien et un microbiologiste moderne, car ils ne parlent pas du tout la même langue.
Je pense que d'ici un siècle ou deux, les choses se seront décantées et on parlera des psychologues en psychanalystes du XXème siècle comme on parle maintenant des chirurgiens et médecins du XVIème.
Amicalement paulb.
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