Bonsoir à toutes et à tous,
Hum !
L’« obsolescence programmée » telle que définie dans le sondage est « dans les gènes » de tout produit industriel. Quand on étudie un produit, on le fait – depuis des décennies - en fonction d’une durée de vie prévisionnelle. Par exemple 300 000 heures pour une turbine à vapeur de centrale électrique (30 ans de fonctionnement continu), ou 5 heures (3 h d’essai et 2 h de course) pour un moteur de Formule 1 … Une automobile « standard » était étudiée pou 2 500 heures (soir 100 000 km) dans les années 70, beaucoup plus aujourd’hui.
Ces durées de vie sont en fait nécessaires. Pas exemple, une machine à laver le linge actuelle va consommer, disons 50 l d’eau et 1 kWh d’électricité pour une lessive à 40°. Son ancêtre de 1980 consommait 100 l d’eau et 2 kWh pour la même lessive … et le linge était moins bien lavé.
Donc, la machine à laver « ancienne » est techniquement obsolète lors de sa mise au rebut par ses consommations devenues excessives et son efficacité de lavage moins bonne.
Cela est vrai pour tout produit industriel « semi-durable » - dont la consommation est donc hors « effet de mode » dans la durée, mais pas au niveau de l’acte d’achat, pendant lequel cet effet de mode joue à plein. Ou encore pour les produits industriels lourds « durables » (turbine, alternateur, chaudière, …), pour lesquels l’effet de mode est toutefois nettement plus faible.
En outre, le recyclage des matières premières est de plus en plus performant. Comme dans le même temps, la production d’un produit demande de moins en moins d’énergie et de matières premières, la « consommation totale » sur le cycle « fabrication-utilisation-recyclage » commence à baisser, tout au moins si on considère l’« empreinte écologique » d’un ménage utilisateur.
Ceci étant, il est techniquement possible de « programmer » des pièces essentielles pour qu’elles cèdent au bout d’un certain temps. Mais je vois mal l’intérêt par exemple pour des imprimantes informatiques, produit pour lequel le fabricant ne vend pas une imprimante, mais des cartouches d’encre ! De même, Kodak ou Polaroïd n’ont jamais vendu des appareils photo, mais des pellicules … ce qui les a perdus avec l’arrivée du numérique.
Il est de mauvaise politique de programmer la rupture prématurée d’UNE pièce, même essentielle : cela veut dire que l’on a fait de la « surqualité » - donc gaspillé de l’argent - pour TOUTES les autres pièces du produit ! Autant faire un produit qui « tombe en ruine » globalement à une certaine limite – c’est ce que l’on fait depuis des décennies dans l’industrie.
Pour une « gamme » donnée, les durées de vie des produits en question ont tendance à s’allonger avec le temps - au plan qualité de fabrication - et à réduire avec le temps - au plan obsolescence technique. Cependant, certains fabricants pratiquent la « mise à jour » de leurs produits, pour « suivre » la technologie (par exemple certaines machines à laver le linge). Ce « rétrofit » est monnaie courante par exemple dans le domaine des armements. Le débat est en outre faussé par l’introduction sur le marché de nouveaux arrivants, avec des produits à prix « cassés », mais technologiquement moins aboutis (produits blancs, …).
Evidemment, cela ne joue pas du tout de la même façon pour des produits « durables » - par exemple les œuvres d’art (bronzes, tableaux, porcelaines, meubles, …). Ils peuvent durer des siècles en gardant leurs fonctionnalités – dans le cas d’un œuvre d’art, la fonctionnalité est « être regardé » … Mais leurs prix de fabrication sont très élevés, de niveau « artisanal ». Je pense par exemple aux productions du verrier Gallé, au XIXe siècle, dont les taux de rebut (casse pendant la cuisson) dépassaient largement 50 % si mes souvenirs sont bons. Ces produits étaient tout, sauf des produits de consommation de masse : ils étaient donc réservés à une toute petite minorité de la population. Par contre, des vases originaux Gallé « seront encore regardés » pendant quelques siècles : aucune conséquence sur la consommation de matières premières ou l’émission d’EGS !
Enfin, ce fil me semble largement connexe avec les échanges sur la créativité technologique http://forums.futura-sciences.com/de...ml#post3887243 . Ce fil précise beaucoup des notions évoquées ci-dessus, sous un autre angle.
Compte tenu de ce qui précède, le sondage en l’état est indécidable :Amitiés,
- La panne programmée précocement d’une pièce essentielle est stupide, ce qui ne veut pas dire que personne ne pratique …
- L’obsolescence technologique d’un produit est « naturelle » et il est nécessaire que son usure amène à le remplacer par un produit plus performant à tous niveaux …
Jean
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