Salut,
Cela fait maintenant une semaine que j'ai raté (pardon : terminé) mes examens de Master 2 Recherche (M2R), le temps pour moi de prendre un peu de recul et de perdre toute rancoeur, bref de redevenir plus ou moins objectif.
Le type d'évaluation actuel ne me semblant absolument pas pertinent pour juger de la qualité en tant que futurs chercheurs que sont les étudiants de M2R, je pense qu'il est intéressant d'en débattre sur ce forum sur lequel s'activent des chercheurs et des enseignants-chercheurs, voire même des responsables de M2R (qui se reconnaîtront... ).
Il y a principalement deux choses qui me choquent :
1) L'évaluation en soi.
Actuellement, dans les M2R que je connais (ayant des cours en commun avec d'autres M2R, je peux au moins généraliser à l'université que je fréquente), la majorité des examens sont encore d'une forme très scolaire du type baccalauréat : le but est d'emmagasiner un maximum de connaissances et de méthodes de calcul sur un temps très réduit (une semaine environ), et d'être capable de résoudre un à trois problèmes calculatoires le plus rapidement possible (en réalité, l'examen est prévu pour être trop long (dixit les professeurs), et le but est d'en faire le plus possible ; la notation est ensuite adaptée, et non absolue mais plus ou moins relative entre les élèves), qui plus est dans un état de stress important (générateur de panique, et d'erreurs d'inattention sévèrement punies alors qu'elles sont anodines quand ce sont les professeurs qui les font au tableau... ). Pour relativiser, je dois dire que j'ai été agréablement surpris (bien que ce ne soit pas un domaine dans lequel j'excelle, bien au contraire) par la présence de quelques examens sous forme d'exposés.
Le classement des élèves (duquel dépend directement l'attribution des bourses de thèses) est donc principalement celui de leur "qualité mathématique et systématique" et de leur résistance au stress. Or, du peu que j'en connaisse (et de l'idée que je m'en fait, dites-moi si je me trompe), ce genre de chose n'est pas le pain quotidien du chercheur.
Je n'ai pas vraiment de proposition alternative, d'où cette proposition de débat. Je crois savoir qu'aux USA et au Canada, les étudiants de M2 doivent fournir un mémoire. Bien que je ne sache pas exactement en qui cela consiste, ça me semble quand même plus adéquat. Pourquoi pas un système mixte de mémoires/présentations, dans chaque matière ?
NB : Qu'on soit bien d'accord : je ne critique pas ici le travail des professeurs, je suis heureux d'avoir pu bénéficier de leur enseignement tout au long de cette année et je dois avouer que j'ai pris mon pied. Je critique simplement le système d'évaluation, qui je pense est le même au niveau national voire international.
2) La mixité universités/écoles d'ingénieurs.
La plupart des M2R accueillent des élèves d'écoles d'ingénieurs (voire des polytechniciens). Loin de moi l'idée de vouloir relancer la guéguerre fac/écoles. Simplement, il me semble aberrant de voir que pour le M2R dans lequel je suis, par exemple, et qui est un diplôme universitaire donc, le rapport élèves sortant de M1 / élèves sortant d'écoles d'ingénieurs est en général inférieur à 15% (cette année étant exceptionnelle : 50% !!!)... Il est très difficile au sortir de M1 d'être accepté dans un M2R si l'on a pas de bons résultats, et simplement la moyenne (contrairement à ce que je me suis longtemps imaginé, grand naïf que je suis... ).
Or, justement, ces élèves (des écoles) sont formés à calculer et à résoudre des problèmes académiques, bien plus que nous ne le sommes à la fac. D'où un échec des étudiants "moyens" (là encore, élève moyen = chercheur moyen ? ), et donc une réticence à reprendre des étudiants moyens l'année suivante, etc.
Mais il y a pire encore : dans certains M2R (je pense notamment à l'électronique), la grande majorité des étudiants est formée d'étudiants... sortant de 5e année d'école, voire déjà en première année de thèse (dans l'industrie) !!! Des étudiants donc supérieurement entraînés à résoudre des problèmes, et en plus qui connaissent déjà le programme (c'est le même à peu de choses près)... Des redoublants, donc, qui ont déjà eu leur année. Des bac+6 en bac+5. Des super-étudiants, auxquels sont censés se mesurer les quelques post-M1. Mais pourquoi viennent-ils en M2R ? Leur diplôme ne leur suffit pas ? Eh bien non, sans M2R, pas de thèse possible.
Je pense qu'il y a là une réforme à faire (au niveau des écoles doctorales ? Ce n'est d'ailleurs peut-être pas pareil partout ?).
Voilà, j'aimerais avoir l'avis des principaux concernés.
Edit : Ouah ! C'est un peu long, j'espère que c'est assez digeste et que ça ne rebutera pas trop de monde...
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