C'est une opinion que je partage, au moins en ce qui concerne la physique et les mathématiques.
Jusqu'à une certaine époque, la science faisait partie de la culture populaire, et par de nombreux aspects, elle était plus accessible et moins abstraite. Elle collait d'assez prêt aux observations quotidiennes, on résumait un ensemble de fait par quelques équations en lien avec la réalité empirique immédiate. Les médias faisait régulièrement l'étalage des nouvelles avancés. Les appareils technologiques d'alors n'étaient pas très complexes (moteur à explosion, radio, téléphone...). Avec la relativité et la mécanique quantique, le lien avec le réel s'est perdu. En parallèle on a assisté à un désintéressement croissant de la population et des médias pour ces sujets (c'est une impression, nécessairement subjective, basée en partie sur des archives de presse papier).
J'ai racheté le Hecht hier. On y trouve en introduction :
Ceci n'est qu'un cours extrait d'une critique plus longue et plus étayée.Au cours des dernières décennies, les cours de physique de première et de deuxième années universitaires et les textes qui les véhiculent ont évolués de façon dramatique. Avant la secondaire mondiale [...] il y avait relativement peu d'équations. [...]. Répondant à la demande d'un nombre croissant d'étudiants avancés et d'élèves ingénieurs, les cours universitaires sont devenus de plus en plus mathématiques, tout en restant d'une certaine naïveté au plan philosophique et en ne développant que très sommairement les concepts. [...]. Les traités d'aujourd'hui sont le fruit de cette course au formalisme sans frein ni contrôle qui prévalait dans les années 1970-1980. [...].
Même au delà de l'abstraction nécessaires des théories modernes, il y a me semble-t-il effectivement eu une course au formalisme. "Les principes de la mécanique quantique" de Dirac, ou "Temps, espace, matière : théorie de la relativité générale" d'Hermann Weyl restent aujourd'hui encore assez accessibles en comparaison à bon nombres d'ouvrages actuels de référence.
Ce ne sont ici que deux, parmi de multiples facteurs, qui participent à une forme de rupture entre la science et la "base". Aujourd'hui, les livres de vulgarisation scientifique qui se vendent le mieux sont ceux des frères Bogdanoff. En un sens, les gens ne comprennent plus, dans la grande majorité, la science. Ils y croient, c'est tout, et en ce sens la, la science malheureusement est devenue une croyance.
Quand je parle des gens, de la "base" (je n'aime pas ce terme), je parle d'une supposée classe moyenne, qui dispose de temps et d'argent pour s'instruire et se cultiver. J'ai l'impression, que l'amélioration des conditions de vie, et les technologies de l'information, ont élargie cette base. En contrepartie, même si plus de monde a accès à la culture scientifique, ils sont moins nombreux (au moins en proportion) à s'y intéresser et à la comprendre vraiment.
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