Ecoute Archi3, il faut arrêter de jouer sur les mots en oubliant le contexte de la citation; il y a 30 ans, personne ne parlait de transition nécessaire pour cause de réchauffement climatique; ça n'a pas empêché diverses transitions de se faire antérieurement... Tu avais très bien compris, mais tu as pinaillé sur des détails de formulation; c'est foncièrement inintéressant, et tout le contraire d'un dialogue...
De la même façon, la taxe carbone, c'est une chose, les taxes sur certains fossiles pour certains usages (d'autres en étant dispensés) c'est encore autre chose. Le principe d'une taxe carbone, c'est d'augmenter artificiellement le prix des énergies carbonées -toutes les énergies carbonées (y compris le kérosène des avions, le pétrole des navires, le fuel et le gaz chauffant les maisons, ou alimentant l'industrie, ou les paysans, ou les marins pêcheurs)- afin de rendre ces énergies émettrices de GES moins concurrentielles par rapport à d'autres. C'est très clair, et cela n'a rien à voir avec la classique fiscalité sur l'essence des automobiles...
Sur le prix des hydrocarbures, les liens que tu indiques confirment totalement mon propos; les prix d'aujourd'hui sont à peu près au même niveau qu'il y a 30 ou 40 ans; les épisodes de hausse brutale sont liés à des crises politiques, et non à une pénurie soudaine de ressources; on peut même dire qu'aujourd'hui, le monde est en situation structurelle de surproduction d'hydrocarbures, et que seules quelques manipulations artificielles maintiennent des prix intéressants pour les producteurs (à la grande satisfactions des producteurs étatsuniens). Le charbon et le gaz (et peu importe qu'il n'existe pas de prix mondial reconnu) sont eux- aussi très disponible en baisse de prix, les seuls facteurs limitant étant liés aux difficultés de transport et aux aléas de la géopolitique...
Sur le fond, ça fait plus de 30 ans que j'entends parler du peak oïl, sans cesse reculé d'ailleurs, notion qui n'est pas un concept scientifique solide, mais une simple formalisation pragmatique de phénomènes passés. Ce que je dis, ce n'est pas qu'il n'y aura pas pénurie un jour (c'est imparable sur le plan mathématique) mais que le jour où cette pénurie arrivera, il sera plus que trop tard pour intervenir, le climat s'étant déjà emballé et la catastrophe arrivée; accessoirement la pénurie dans certains matériaux essentiels (divers métaux comme le cuivre, des terres rares, etc) arrivera bien avant la pénurie en énergies fossiles. Est ce suffisamment clair ? Inutile de me faire dire autre chose.
Sur tes peurs brandies contre le nucléaire. Cela va te paraître bizarre, mais les accidents nucléaires dont tu parles me semblent au contraire une preuve de l'excellente maîtrise technique atteinte dans ce domaine. Pour TMI et Fukushima, deux catastrophes majeures qui se concluent par une totale absence de victimes dans l'un et l'autre cas, pour moi, cela veut dire que les mesures de prévention des risques ont fonctionné au delà de tout ce qui se fait dans les autres activités humaines. Pour Tchernobyl, une centrale connue pour être intrinsèquement instable et dangereuse, maniée, en situation d'instabilité, par un sous secrétaire de parti dirigeant et un technicien sans formation, c'est essentiellement l'accident d'une société en voie de désagrégation; malgré cela, malgré l'absence quasi complète de mesures de prise en charge de la population, malgré des secours incendie non formés au risque nucléaire, malgré la pénurie de moyens d'intervention, un nombre de victimes de l'ordre de la cinquantaine -à peine plus qu'un malheureux pont italien mal construit- c'est justement la preuve que le nucléaire est très peu dangereux, et sans aucun rapport avec les fantasmes d'épouvante brandis par certains.
Je le dis haut et fort, les risques potentiels agités par les réseaux anti-nucléaires sont des inepties intellectuelles, des défis à l'évidence et au bon sens, en contradiction totale avec les chiffres que nous avons, et avec les études (sur 40 ans !) menées par l'OMS et l'UNSCEAR. C'est de la com' mensongère, du plus bas étage qui soit.
Après, ce qu'en pense l'opinion (quoique en France, elle s'accommode assez bien du nucléaire) reste un grand mystère; aucun peuple n'est à l'abri des pires conneries, les allemands ont bien porté le nazisme au pouvoir et Franco a duré 40 ans. Par contre, faire en permanence de la désinformation, avec n'importe quelle méthode, pour tromper cette opinion me parait difficilement justifiable.
Sur le reste, je n'ai jamais parlé de couvrir le monde de surgénérateurs (à ce propos, il faudrait que tu expliques tes histoires de "coefficient de vide positif" aux ingénieurs et chercheurs d'AREVA ou du CEA, sans doute ne sont ils pas au courant, et ça les intéressera sûrement, compte tenu de tes grandes compétences dans ce domaine, alliées à une forte expérience dans la conception et la construction des centrales nuk), qui d'ailleurs ne se résument pas à la filière U238 et sodium. Je crois avoir expliqué que les mix divers devaient tenir compte des ressources disponibles et des cultures scientifiques et techniques. Il reste de fortes ressources hydroélectriques a exploiter en Afrique, Amérique et Asie; c'est bien plus dangereux et plus impactant écologiquement que le nucléaire, mais faute de grive, on mange des merles... Je croyais cependant avoir lu sous ta plume "le cher nucléaire", mais certainement, j'ai du me tromper.
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