Quel étrange argument que de dire "la France n'a réglé que la moitié du problème, et se situe dans la moyenne mondiale, donc le nucléaire n'est pas la solution"... un peu la solution de Gribouille...
Oui, le nucléaire français a pratiquement décarboné la production d'électricité, et ça ne pèse que quelques pourcents de la production mondiale, c'est une évidence...
Mais la France appartient aux quelques dizaines de pays qui consomment le plus d'énergie dans le monde, et si l'ensemble de ces pays avaient fait le même effort, c'est plus de la moitié de l'électricité mondiale qui serait décarbonée, et les émissions de GES seraient, dans ce secteur, divisées par 7 ou 8; libre à toi de considérer que c'est négligeable et sans intérêt, mais si tu veux nous en convaincre, il faudra soigner un peu plus ton raisonnement...
Sur le fond du problème:
- il est clair qu'à l'échelon mondial, on va assister à une augmentation de la consommation d'énergie; du moins est ce souhaitable, si on veux voir les peuples actuellement exclus de tout accès au bien-être accéder à un niveau de vie correct. Ceux qui font miroiter une baisse de la consommation d'électricité, par exemple chez nous, sont des malfaisants qui nous conduisent au mur. La seule question qui se pose est celle de savoir quelle énergie nous allons utiliser: fossiles carbonés ou autres solutions.
- si nous devons sortir rapidement des énergies carbonées, les solutions envisageables ne sont pas légions, mais elles existent, plus ou moins intéressantes économiquement et pratiquement, tout à fait réalisables scientifiquement et techniquement, capables de couvrir tous les besoins concevables de l'humanité, avec quelques conditions et quelques limitations. Parmi ces conditions, la plus importante est un arrêt du gaspillage effréné de cette énergie, avec une économie généralisée de sobriété énergétique (pas seulement énergétique d'ailleurs) et de récupération des pertes... Ce n'est pas obligatoirement le plus simple...
- ces solutions envisageables, impliquant toutes une très forte part d'électricité, au détriment des carburants liquides, gazeux ou solides, tournent autour de l'énergie nucléaire (le recours à la surgénération nous laisserait un bon millénaire pour dompter la fusion nucléaire), de l'hydroélectricité (il reste un fort capital à exploiter en Afrique, Amérique et Asie), un peu la biomasse (mais c'est déjà -et de loin- la première énergie renouvelable dans le monde), très peu la géothermie (quelques pays...), les énergies "nouvelles" renouvelables non modulables (pour partie limitée d'un mix, 20% par exemple); cela suppose une électrification, pour l'essentiel, des moyens de transport et de l'industrie. Le mix à mettre en place dépendra des conditions géographiques, économiques et énergétiques de chaque région couverte, sans a priori idéologique sur les moyens à mettre en œuvre.
- la "nucléarisation totale de la production électrique" n'a jamais été proposée par personne; il serait idiot de "nucléariser" un pays où abonde une source d'énergie non polluante, comme la Norvège ou l'Islande; en France, 12% de l'électricité est produite par l'hydro, 10% de l'énergie est liée à la biomasse, l'éolien est rentable sur divers sites, etc... Par contre, face à l'énormité des besoins mondiaux en énergie, il apparaît comme complètement stupide de refuser l'énergie nucléaire pour des raisons idéologiques, alors que cette énergie peut couvrir une part appréciable de ces besoins; part d'autant plus appréciable qu'une cogénération intelligente permettrait de doubler ou tripler l'énergie produite (si la chaleur actuellement perdue des centrales nucléaires française était récupérée, c'est -en théorie- la totalité des besoins énergétiques qui serait assurée). La démarche anti-nucléaire relève de l'obscurantisme, pas d'une réflexion sur l'avenir de l'humanité.
Un tel "programme" pourrait être mis en œuvre dans un délai raisonnable de quelques décennies, mais il faudrait y mettre les moyens (conséquents, mais proportionnellement pas supérieurs à l'effort fait par la France dans les années 70-80).
Reste à savoir si l'humanité aura la sagesse de l'engager, ce qui, au vu de ce qui se passe aujourd'hui, n'est nullement garanti; c'est sans doute cela qui sera le facteur limitant dans le domaine de la lutte contre les émissions de GES.
Et laissons les nains s'agiter sur les dangers de je ne sais quoi; le seul danger aujourd'hui, c'est de ne rien faire...
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