Je pense aussi que le nucléaire est "évitable" en ce sens qu'en l'état actuel, l'utiliser ou ne pas l'utiliser ne change pas fondamentalement la donne. Certes localement à l'échelle de la France ce n'est pas rien évidemment, surtout dans le domaine de la production électrique, mais donner des ratio par rapport à la consommation d'énergie totale du pays supposerait que l'on puisse généraliser la production d'électricité (ou de chaleur) à tous les usages de l'énergie et là on est très loin du compte.
A ce sujet il y a un petit détail qu'il faut prendre en compte c'est que l'électricité d'origine nucléaire est considérée comme une énergie primaire, c'est çà dire que les MWh électriques qui sortent de la centrale sont considérés comme de l'énergie primaire au même titre que le pétrole qui sort du puits, c'est une méthode de comptabilisation qui porte le doux nom de "l'équivalent primaire à la production" :
Alors quel'électricité produite par une centrale nucléaire est comptabilisée selon la méthode de " l'équivalent primaire à la production ", avec un rendement théorique de conversion des installations égal à 33% ; le coefficient de substitution est donc 0,086/0,33 = 0,260606… tep/MWh ;
Donc 1 MWh électrique et c'est bien le seul à prendre en compte puisque les MWh thermiques nucléaires n'ont d'autres usage que celui de produire de l'électricité, aura un équivalent en TEP 3 fois plus élevé que sont équivalent en fossile ou renouvelable.toutes les autres formes d'électricité (production par une centrale thermique classique, hydraulique, éolienne, marémotrice, photovoltaïque, etc., échanges avec l'étranger, consommation) sont comptabilisées selon la méthode du " contenu énergétique à la consommation ", avec le coefficient 0,086 tep/MWh.
Source : http://www.developpement-durable.gou...-nucleaire.htm
J'ai la flemme de relire la charte pour savoir si un lien vers gouv.fr est autorisé ou pas.
Maintenant il y a beaucoup de cas possibles, le domaine de l'énergie ne se réduit pas à celui de l'électricité.
- Production d'électricité, normale sans cogénération et autre frivolité. Si on compare à des centrales thermiques à flamme au charbon ou au gaz, puisque il y a dans le process l'intervention de la thermodynamique qui a la fâcheuse tendance à tirer le rendement vers les 33 %, c'est acceptable. Sauf que, c'est vrai pour les vieilles centrales aux fossiles, maintenant on sait faire des centrales au charbon avec des rendements de 45 % et au gaz atteignant les 60 % avec les cycles combinés. On est d'accord 45 % de rendement avec du charbon c'est toujours de la m… Maintenant là où le jeu est un peu plus faussé, c'est quand on n'accorde pas le même statut aux énergies renouvelables comme l'hydrauliques, les énergies maritimes ou l'éolien (et pourquoi pas le photovoltaïque ?) en gros tous les modes de production qui passent directement du mécanique (ou quantique photonique ou je ne sais quoi pour le photovoltaïque) à l'électrique sans passer par la thermo.
- Transport, à part le cas du train à traction électrique et des voitures électriques ultra minoritaires, le nucléaire ne représente rien, le problème est d'ailleurs identique pour les autres sources renouvelables qui produisent directement de l'électricité (voir plus haut). Au rendement très défavorable des énergies fossiles dans ce domaine, un moteur thermique ne dépasse rarement les rendements de 20 % et certainement pas dans le cas de l'usage automobile moyen avec encombrement routier et tout le Saint Frusquin, on oppose un rendement de l'électricité stockée dans les batteries légèrement favorable, mais vu le ratio entre les 2 modes, autant oublier.
- Les autres usages ou la source d'énergie est utilisée pour produire de la chaleur, cela va du chauffage domestique aux usages industriels divers, là encore une fois, aucune raison d'accorder un bonus de 3 pour le nucléaire par rapport au reste puisque pour celui-ci, il faut d'abord passer par la conversion thermodynamique. Le problème c'est que ce domaine d'utilisation de l'énergie représente une très grosse partie de la globalité.
Conclusion : si on devait accorder une part de l'énergie nucléaire dans les usages FINAUX de l'énergie celui-ci ne représenterait guère plus de 2 %. Et à partir de là considérer ce mode de production comme inévitable est un peu tendancieux.
Il y a bien sur la fusion mais bien trop éloignée de nos possibilités techniques actuelles pour représenter une option sérieuse. La surgénération, là on est dans un domaine intermédiaire, on sait faire techniquement car on l'a déjà fait, mais de là à dire qu'on peut le généraliser à l'ensemble du monde…. Il y a aussi un petit détail souvent mis de coté et sur lequel j'aimerais bien avoir des avis compétents c'est que pour faire fonctionner un réacteur à neutrons rapides type Superphénix, il faut un stock de plutonium, en gros il faut 50 ans de fonctionnement d'un réacteur à fission classique pour produire le plutonium suffisant au démarrage d'un surgénérateur. D'après ce que j'ai compris le réacteur à neutrons rapides,utilise ce plutonium mais en produit une quantité équivalente, d'où le nom de surgénérateur. Parmi les questions idiotes que je me pose c'est pourquoi gaspiller le plutonium dans le MOX si celui-ci est si utile pour les futurs surgénérateurs ???
Maintenant c'est sur qu'il ne faut pas préjuger de l'avenir à partir de la situation présente, il faut donc prendre en considération les" potentiels" de chaque mode de production. Là j'arrête car il ne s'agit que de problème d'économie, de politique, d'acceptation par les populations et de limites imposées par les ressources naturelles, la physique etc… et on tombe très vite dans le hors charte (sauf pour la physique).
Mon avis c'est que le nucléaire est très loin d'être LA solution et même d'être inévitable, de même pour toutes les autres solutions qui se présentent maintenant. La notion de MIX énergétique est un peu plus crédible, sans être pour autant la panacée.
Ce qui sera INEVITABLE, à moins d'une solution miracle ( genre une civilisation extra terrestre qui se décide à nous venir en aide ????) c'est qu'il faudra faire face à une restriction sans précédent de notre consommation d'énergie dans les décennies à venir.
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