Si ce qui me détermine me fait dire que je suis libre, alors, en me disant libre, j’affirme peut-être, en fait, être déterminé. Et peut-être, d’ailleurs, est-ce paradoxalement en me reconnaissant déterminé que j’établis ma liberté.
Mais,….
Que veut dire être déterminé ?
Que veut dire être libre ?
Et, si ça veut dire quelque chose, y a-t-il nécessairement opposition entre les deux ?
? ….
Déterminé pourrait s’ignifier totalement prédictible, totalement calculable.
Depuis Laplace qui l’a énoncé et tous ceux qui ont rêvé cette tout-puissance,
les choses se sont décantées.
D’abord, on ne peut connaître simultanément la position et la vitesse d’une particule,
Ensuite, nous n’aurions pas eu les moyens d’effectuer ces mesures pour toutes les particules
(certaines, qui influeront sur notre avenir, ne nous étant d’ailleurs pas encore visibles)
Enfin, la machine qui aurait fait un tel calcul aurait eu au moins la taille de l’univers qu’elle aurait calcule et aurait dissipé une puissance qui aurait modifié significativement cet univers.
De plus, faisant partie de l’univers, il faudrait qu’elle se décrive elle-même,
Puis cette que cette description elle-même soit calculée et ainsi de suite….
Donc pas de connaissance « totale », (au sens de « reconstruction de l’Histoire ») possible.
Seulement des schémas, des explications partielles.
« Etre déterminé » est donc une formule vide de sens
Car nous ne pourrons jamais vérifier que nous disposons
de toutes les explications nécessaires et suffisantes pour décrire un « objet »
Car nous ne porrons isoler cet objet de l’univers
Ni décrire l’univers entier.
Et que veut dire « être libre » ?
Plutôt une sensation qui s’éprouve dans un contexte social, lorsqu’on découvre son pouvoir et son identité.
Ces deux notions ne s’opposent pas et n’ont pas grand’chose en commun, en fait.
Seule la question « Qu’est-ce qui détermine l’être humain ? » semble les rapprocher, mais c’est une apparence.
« détermine » appartient au monde des objets.
« libre » appartient au monde des sujets.
Aucun homme, aucun objet, ne sera jamais complètement connu.
La vraie question, sous-jacente, révèle, en fait, un fantasme de toute-puissance :
Qui voudrait tout connaître de quelqu’un d’autre – ou de soi – et pourquoi ?
DJS
-----