Bonsoir,
Mon exposé part du sensible vers une conceptualisation visant à construire une interprétation de l'observation de ce que nous désignons par "phénomène" physique.
L'observation d'une feuille de papier nous met en rapport avec des apparences sensibles tel que la couleur, la forme que nous interprétons comme des propriétés/qualifiants intrinsèques de l’« objet » physique placé devant nous. Notre acte de jugement cognitif se traduit d'un point de vue logique « S est P » qui consiste à attribuer un prédicat « P » à l'objet physique perçu « S » : « cette feuille est rectangulaire ».
Nous projetons notre perception sur le plan d'une réalité de l'objet, la structure logique du prédicat « P ». C'est à dire nous attribuons à cette feuille perçue, supposée être un objet du monde, la propriété de rectangularité. L’objet est donc définit dans ce contexte comme être quelque chose préexistant indépendamment du sujet, qui se tient devant lui, et qui est doté d’un ensemble plus ou moins riche de propriétés qui lui sont propres.
L’acte de mesure, dans ce cadre, se comprendre comme un acte de révélation dans le sens que connaître l'objet revient à déterminer ses propriétés. Par la mesure, on peut espérer pouvoir connaître de manière intrinsèque la masse d’un objet, son volume, sa forme, etc.
Il nous reste toutefois à nous assurer que l’acte de mesure permet factuellement d’atteindre le but qui lui est assigné, à savoir accéder aux valeurs intrinsèques des propriétés de l’objet.
Cette démarche de construction de connaissance, appliqué dans le domaine de la physique classique, qu'advient elle en mécanique quantique ? Les grandeurs physiques sont-elles encore des propriétés intrinsèques de l'objet d'étude ?
Dans ce cadre de la MQ les grandeurs physiques sont des opérateurs hermitiens (appelés « observables »), et les systèmes physiques des vecteurs d’état dans des espaces de Hilbert (ce sont des espaces vectoriels à valeurs complexes).
De façon générale, pour une répétition de mesure réalisée sur un système physique quelconque, il existe plusieurs résultats possibles. Ces résultats possibles sont appelés les « valeurs propres » de l’observable mesuré et on assigne à chacune des valeurs propres une probabilité d’être obtenue. L’acte de mesure a projeté le vecteur sur l’un des vecteurs propres de l’observable.
Pour retrouver le réalisme de la mécanique classique certain cherchent des variables cachées, mais n'est-ce pas une utopie, un biais cognitif dans la construction de nos connaissances qui suivrait la même démarche de "chosification", sous forme de réification, de la projection ne nos perceptions sensorielles sur l'objet d'étude ?
Patrick
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