Oui vous avez raison : je dois postuler l'existence d'une réalité indépendante de l'observateur, mais d'une réalité "indéfinie".
Cependant, si je dois supposer qu'il y a bien "quelque chose" en dehors de moi, ma position n'implique pas que j'admette que le "neutron", pour reprendre votre exemple, existait comme tel avant le moyen âge: c'est un certain discours (en l’occurrence le discours de la physique) qui va déterminer un "quelque chose" pour le définir comme neutron.
C'est donc bien le discours qui "constitue" les objets à partir d'une réalité indéfinie.
Par ailleurs vous avez raison également sur ce point : la science elle même n'a pas besoin du postulat d'une réalité indépendante. Je crois cependant que le travail de la science (mais je ne dis pas la "science elle même") implique la reconnaissance préalable des phénomènes (= quelque chose qui nous apparaît) qui sont les objets qu'elle se propose de déterminer- Toutefois, la question du statut "ontologique" de ces phénomènes ne relève que de la philosophie.
Dans le cas de l'arbre qui tombe au coeur de la forêt, je postule qu'il y a "quelque chose"; ce quelque chose n'est "un arbre qui tombe" que pour un sujet particulier. Pour un autre sujet ce sera a falling tree in the middle of the forest. De façon analogue le soleil tourne autour de la terre dans un référentiel géocentré, tandis que ce sera l'inverse dans un autre référentiel, alors qu'elle va tout droit dans un espace courbé par la masse du soleil pour quelqu'un qui s'est laissé convaincre par certaines vulgarisations (et qui ne serait pas fâché qu'on le corrige si nécessaire).
-----