L'éthique des sciences

[shokin]

Bien sur. L'honnêteté est assurément une valeur que je qualifierais aisément d'universelle.

Qu'est-ce que l'honnêteté dans un contexte bénévole (où l'on n'attend pas de contrepartie monétaire ou sociale) ? (et non dans un contexte "échange" obligeant-obligé [=attente de contrepartie/récompense])

Par exemple, faire une découverte scientifique ou créer un outil didactique sans attente de contre-partie (le partager sur le web en libre téléchargement, notamment sous licence CC0) ?



Shokin
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[invite333943ff]

Qu'est-ce que l'honnêteté dans un contexte bénévole?

Si tu pouvais préciser un peu, cela serait plus facile. Un bénévole reçoit son salaire autrement qu'en argent ou en échange de biens. Tu avance le cas d'une découverte scientifique. Ce type de cas dans un cadre "bénévole" doit plutôt être rare de nos jours. Est-ce que je me trompe?

[shokin]

Même s'il est rare, nous pouvons (et devons) quand même l'envisager.

Il est même possible qu'une personne crée des ressources didactiques numériques (fichiers) [sur un sujet scientifique de quelque niveau, du primaire à l'universitaire] qu'elle met en libre téléchargement sous une licence CC (notamment CC0 = aucune restriction liée au droit d'auteur, même pas l'obligation de mentionner l'auteur, l'auteur voulant contraindre le moins possible les utilisateurs de ses oeuvres, ayant alors tout du domaine public*).

Je pars du constat que, parfois, quand une personne A rend un service à B. Une tierce personne C pourrait se dire, sans réfléchir, que ce ne serait pas honnête que B ne rende pas la pareille à A. D'après les usages que je connais du mot "honnêteté" (et des mots de la même famille), celle-ci se base sur la notion d'échange, laquelle semble être une évidence pour des personnes, une contingence pour d'autres personnes (pour qui le fait d'aider est en soi une satisfaction suffisante).

Ou comment faire entrevoir que la logique du Talion n'est pas une nécessité.

* Il semble que la licence CC0 soit justement incompatible avec le droit moral en France, qui y est théoriquement/juridiquement inaliénable. [A vérifier plus en détail] Au contraire, en France, le copyright est plus souple. Notamment l'auteur a le droit de renoncer à sa paternité (via la licence CC0 ou le public domain) : s'il y renonce, les utilisateurs de ses oeuvres sous licence CC0 ou dans le domaine public n'ont pas l'obligation - mais le droit - de mentionner l'auteur lors de tout usage de celles-ci.

Cela dit, je suis loin d'entrevoir toute la vastitude de l'éthique dans les sciences. J'ai un peu dérivé sur le droit d'auteur. En général, "éthique des sciences" m'évoque notamment la bioéthique ("Peut-on breveter le vivant ?", expérience sur les êtres vivants, avortement et euthanasie, etc.), mais c'est sûrement plus large que ça.

Pour en revenir à l'honnêteté, on peut se demander si le fait que des expérimentateurs disent des informations qu'ils savent fausses à des sujets/cobayes, même de manière temporaire, lors d'une expérience (notamment en psychologie sociale) est acceptable. Un autre usage du mot "honnête" que j'entends parfois est lié à la sincérité : "Mentir (voire ne pas informer) n'est pas honnête." (mensonge et omission) Bien sûr, on peut comprendre la nécessité de ne pas révéler tout de suite tous les dessous de l'expérience (pour que celle-ci se déroule comme prévu).



Shokin

[shokin]

Je dirais que l'éthique d'une science est subordonnée à l'éthique de chacun des chercheurs. S'ils sont tous "d'accord" pour axés leurs recherches dans un certain sens en fonction de leur impératifs moraux, les voies de recherche seront différentes que s'il y en a qui se mettent à chercher à rebours de ces impératifs.

Je préfère justement voir l'éthique comme une discipline consistant à chercher à faire cohabiter des motivations (ce qui n'est pas toujours possible), plutôt que la voir comme un amas, plus ou moins structuré, de règles.

Quand deux personnes se disputent pour un jouet unique (ou pour deux chaînes de télévision différentes avec un seul téléviseur). La recherche d'un compromis est déjà de l'éthique.

Mais pour se mettre d'accord, des capacités langagières sont nécessaires. Peut-être que l'éthique est aussi un exercice du langage. Des êtres vivants d'autres espèces sont capables de langage et de communiquer entre eux. Ils peuvent déjà faire de l'éthique (pas forcément de l'éthique des sciences).



Shokin