Rw, Rw + C et Rw + Ctr.
C'est intéressant de comprendre comment c'est mesuré / calculé, ça permet de mieux déchiffrer une valeur donnée pour un produit. Et surtout, on anticipe mieux ce que ça vaut réellement.
Car hélas, si en lambda en thermique est "fiable" ( enfin, j'imagine, j'y connais pas grand chose et je me trompe peut être ), ce n'est pas toujours le cas du R.
Imaginons que la société SuperIsolTout envisage de vendre 2 nouveaux produits A et B ( voir graphe ).
Ils sont confiés à un labo acoustique. Le produit est mis entre 2 pièces parfaitement isolées et désolidarisées. Dans un pièce on émet un bruit à un volume donnée, et on mesure dans l'autre pièce ( logiquement, hein, y'a moins de dB de l'autré coté ).
- Pour le Rw, on fait des mesures par tiers d'octave de 100 Hz à 4000 Hz ( ou 5000; je sais plus ), et à chaque fréquence émise on mesure la différence et on reporte la valeur sur le graphe. Ce sont les courbes bleues et rouges pour les produits A et B. Ensuite, on fait "glisser" la courbe noire ISO de haut en bas pour la positionner de manière à ce que la somme des écarts entre la courbe ISO et celle d'un produit ( A OU B ) soit la plus faible possible.
la courbe ISO est figé et définie par des normes, elle existe telle quelle et ça ne se discute pas.
Quand la courbe ISO est positionnée pour "coller" au mieux à celle du produit, la norme nous dit que pour lire le Rw, il faut le prendre là ou est la courbe ISO à 500 Hz. Dans le cas présent, on a Rw= 32 dB.
J'ai pris cet exemple purement didactique ou A et B voient se positionner la courbe ISO au même endroit, c'est plus "pédagogique".
Ainsi donc, les produits A et B ont des Rw identiques, que vous trouverez sur des fiches techniques ( 32 dB ). Pour autant, leur comportement face à des fréquences différentes est ....différent.
- Pour le Rw + C, c'est plus simple. Pas de mesure à différentes fréquences. On balance un bruit rose correspond à un spectre défini, et on mesure l'atténuation de l'autré coté du matériaux. En pratique, Rw+C est souvent proche ou identique de Rw, et ça correspond à la capacité d'isolement à des fréquences plutôts "médiums".
Imaginons que dans le cas présent, le Rw + C mesuré pour A et B soit égal au Rw, soit 32 dB.
- Pour le Rw + Ctr, , le bruit rose émis pour la mesure est plus fort à basse fréquence, et est plus révélateur de la capacité d'atténuation pour des bruits de circulation urbaine ( enfin, la situation simulée n'est pas drastique non plus, c'est du bruit urbain "gentil" sans ramassage des poubelles et autres démarrages de vieux bus au mazout qui claque bien )
Manifestement, le produit B est meilleur à basse fréquence et moins bon à haute fréquence. On pourrait avoir un Rw + Ctr pour A de l'ordre de 25 dB ( soit 32 - 7), et un Rw + Ctr pour B de disons 29 dB ( soit 32 - 3)
Ainsi donc, les caractéristique sur fiches techniques seraient les suivantes:
Pour B. Rw ( C; Ctr )= 32 ( 0; -3)
Pour A. Rw ( C; Ctr )= 32 ( 0; -7)
Maintenant que les mesures officielles sont disponibles, il est temps pour le service marketing de SuperIsolTout de réfléchir à la rédaction des fiches technico-commerciales.
- Service marketing zélé ( dans le bob sens du terme ). On donne les 3 valeurs de chaque produit ( Rw, Rw + c, Rw + Ctr ), et puis on met aussi les graphes en fonction des fréquences. Le client sait à quoi s'attendre en toute transparence. C'est un cas pas si fréquent. Quoi que...on sait jamais, sur un malentendu , un client peut être convaincu que le produit est bon même s'il ne l'est pas, car le béotien risque fort de ne rien comprendre aux graphiques.
- Service marketing "service minimum". On donne Rw, Rw + C, Rw et Rw + Ctr. Point barre, les gens se démerdent.
- Service marketing " un peu filou". Il ne s'agit pas de mentir en déformant la réalité, mais de mentir par omission en gardant les valeurs qui nous arrangent ( les plus performantes ).
Pour le produit A, on dira par exemple que Rw=32 dB, ou que Rw + C=32 dB. Ce sont les meilleures valeurs...et on "oublie" le Rw + Ctr qui est vraiment pas bon.
Pour le produit B, idem. Mais le Rw+ Ctr est quand même bon, même s'il est ( forcément ) plus faible. On peut être tenté de le donner, en encourageant alors le client à comparer avec d'autres Rw + Ctr. Mais faut avouer que ça demande des efforts de compréhension, qui en pratique seront incompris par la plupart des gens.
Maintenant, les produits A et B sont en magasin, et vous voilà en face des 2 pour faire votre choix. Au premier abord, A et B ont les mêmes Rw donc peuvent paraitre de même niveau d'efficacité.
En pratique ( si vous disposez de toutes les informations ), le produit A voit sa valeur Rw tirée vers le haut par son efficacité dans les fréquences médiums / hautes. Ce sera pour vous le bon choix si et seulement si vous voulez isoler de la pièce voisine ou un castrat ferait des vocalises, ou bien une crêche de gamins en bas age braillant à n'en plus finir.
Dans tous les autres cas de la vie quotidienne, le produit B est bien meilleur.
La courbe A est typique des plaques toutes prêtes du genre laine+platre ou fibre quelconque + platre. Le Rw est "artificiellement" bon, ça l'est moins à l'usage.
La courbe B est typique des parois réellement plus lourdes. Même si ça n'apparait pas comme le nez au milieu de la figure en première lecture, le produit est réellement meilleur.
Bon déchiffrage des fiches techniques
Le double vitrage:
Là encore, le Rw est parfois trompeur.
Par exemple, un double vitrage 4/x/4 présente toujours un creux d'efficacité vers 200 / 250 Hz, ou l'atténuation en dB est proche de zéro ( non, je ne plaisante pas ). Et 200 Hz, c'est très compatible avec certains bruits de chocs ou de percussions venant de l'extérieur.
Pour autant, son Rw peut paraitre correct, car il est "compensé" par son efficacité à d'autres fréquences.
De manière générale, un bon vitrage phonique est fortement asymétriques, avec le plus grand espacement possible.
Par exemple du 4/12/10.
Encore meilleur, quand le coté "épais" est constitué d'une double épaisseur. Par exemple du 4/10/44.2 ( le 44.2 veut dire qu'il y a 2 épaisseurs de 4mm accolées ).
Si vous intégrez les données de ces pages, vous en savez à peu près autant que moi ( ou aussi peu ), mais ça suffit pour se débrouiller et faire les choses proprement. Il ne reste plus qu'à bien décortiquer les fiches techniques des produits, les principes de bases d'un bon isolement, et faire preuve de bon sens.
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