Il y a quelques jours, je suis allé squatter les amphis de la Sorbonne. Eh bien, les amphis sont aussi sublimes que les cours sont... terrifiants.
Un prof sénile, la tête dans ses notes, lit son cours dans un micro, sans même regarder les élèves. Des enceintes retransmettent sa voix monocorde dans toute la salle. Et les studieux élèves notent. La plupart sur ordinateur portable, d'ailleurs, ce qui transforme l'amphi en sauna cliquetant.
Bon, je n'ai jamais prétendu que les cours de fac étaient autre chose que cela. Mais que ça puisse passer sous une forme aussi caricaturale... c'est presque comique.
Ai-je tort de dire que le seul mérite du prof de fac, c'est d'élaborer son cours ? Ceci fait, il recrachera des centaines de fois, avec de moins en moins d'entrain (l'interaction avec les élèves étant nulle). La transmission orale du savoir, comme du temps des Grecs. Comment peut-on, à notre époque, entretenir un tel archaïsme ?
Je n'ai rien contre l'enseignement magistral. Simplement, je ne comprends pas pourquoi l'on réquisitionne des profs pour cette tâche aberrante et répétitive, avec tous les médias que nous possédons (livres, mp3, vidéos). Pourquoi certains élèves doivent faire plus d'une heure de transport pour se caser dans des amphis bondés et suffoquant, pour récupérer (de façon nécessairement lacunaire) l'enseignement du Grand Maître.
Est-ce pour justifier le salaire des profs, qui tiennent à leurs avantages ? Est-ce pour perpétuer une archaïque tradition ? Le pire étant que l'on ne peut s'y soustraire : il y a des livres, mais bien trop complets pour qu'on puisse espérer faire le tri. Et comme c'est le Herr Professor qui fait les sujets d'examens, mieux vaut manger à son auge.
Bref, deux points qui suffisent, à mes yeux, à condamner la fac :
- Une organisation sclérosée, un gâchis de moyen pour préserver de petits avantages sournois ;
- Des examens non-nationaux, ce qui vous condamne d'entrée si vous êtes dans une "mauvaise fac".
Voilà qui mériterait d'être réformé en profondeur, non ?
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