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neurosciences



  1. #31
    invitebd686fd6

    Re : neurosciences


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    Jean Pierre Changeux :

    Le cerveau n'est pas un ordinateur au sens où on l'entend aujourd'hui, avec une architecture rigide et un programme pour mettre en activité cette architecture.

    Nous avons à faire à un type particulier de machine, extrêmement complexe, qui est à la fois soumise au pouvoir des gènes et à l'interaction avec le monde extérieur, et qui est aussi capable de créativité, une activité spontanée génératrice d'hypothèses qui est elle-même susceptible de changer son propre fonctionnement.


    James McClelland :

    Le cerveau est une machine qui ne ressemble à aucun ordinateur que je connaisse. S'il est vrai qu'un ordinateur traditionnel peut simuler le raisonnement logique et algorithmique, je ne crois pas que les processus de pensée humaine soient toujours logiques et algorithmiques. Je pense, au contraire, que ces processus sont souvent parallèles, interactifs, synthétiques et constructifs, ce qui fait que, même si le cerveau est une machine, il est très différent des ordinateurs standard.

    Rodolpho Llinas :

    Pourquoi est-ce que le cerveau n'est pas un ordinateur ? Et quelle est la différence entre un ordinateur et le cerveau ? Ce sont vraiment de belles questions.

    Il y a plusieurs différences dont certaines sont évidentes.
    Tout d'abord, dans le cerveau, matériels et logiciels ne font qu'un. Il y a aussi des différences d'architecture qui sont fondamentales : les ordinateurs ne possèdent pas d'image d'eux-mêmes. Ils ne sont pas conçus pour avoir une image d'eux-mêmes, ils sont simplement faits pour traiter des données qu'on leur fournit, les stocker et les modifier. Ils peuvent comprendre la syntaxe, mais pas la sémantique, car ils ne comprennent pas ce qu'ils font. Et ils ne comprennent pas ce qu'ils font car leur existence n'en dépend pas. Voilà la différence entre un ordinateur et nous : notre cerveau est une partie de notre corps. Par conséquent, le cerveau est l'esclave du corps, comme d'ailleurs le corps est l'esclave du cerveau.



    Herbert Simon :

    Tout me porte à croire que l'esprit est un ordinateur qui serait certes d'un genre particulier, et fait de matériaux différents de ceux des autres ordinateurs.

    De plus, comme vous devez le savoir, la plupart des ordinateurs actuels ont une architecture centralisée, appelée architecture de Von Neumann, qui fonctionne de façon sérielle. Il y a de bonnes raisons à cela : malgré l'enthousiasme des gens pour les ordinateurs massivement parallèles, les concevoir a pris du temps, et il y a eu beaucoup d'échecs et d'exemples d'ordinateurs parallèles qui ne marchent pas. La raison en est que la plupart des activités humaines peuvent rarement être décomposées pour une exécution parallèle, car il arrive souvent que certaines choses doivent être réalisées avant d'autres, ce qui fait que l'exécution "en série" est souvent plus appropriée.

    C'est pourquoi j'estime que l'ordinateur de Von Neumann est probablement -- si l'on ne tient pas compte du parallélisme de la rétine et des organes sensoriels --, l'ordinateur de Von Neumann est une bonne première approximation de l'architecture globale du cerveau humain.




    Vos travaux réduisent-ils l'esprit ?
    (Eric Kandel, Stephen Kosslyn, Jean-Pierre Changeux, Herbert
    Simon, James McClelland, David Servan-Schreiber)


    Eric Kandel :

    La plupart des gens ne sont pas gênés par le réductionnisme quand il s'agit d'une autre biologie que celle de l'esprit. Nous n'avons aucune difficulté à admettre que le cœur est une pompe et que ses mouvements font circuler le sang. Le cœur n'est pas moins romantique parce que nous savons que c'est un muscle. Par contre, lorsqu'on parle du cerveau ou de l'esprit, je pense que notre besoin narcissique d'en faire quelque chose de spécial nous incite à penser qu'on ne peut pas en comprendre le mécanisme comme on le fait lorsqu'on assimile le cœur à une pompe.

    Beaucoup de gens craignent que les processus mentaux ne soient déshumanisés ou rendus mécaniques, dès lors qu'ils sont compris en termes biologiques. Mais, en fait, la plupart d'entre nous pensent exactement le contraire : lorsque vous vous figurez la beauté de la biologie du cerveau, vous ajoutez alors de nouvelles dimensions d'élégance, de puissance et de sophistication à votre compréhension.



    Stephen Kosslyn :

    Je me définis comme un matérialiste non-réductionniste. C'est une peu comme en architecture : on ne peut pas parler d'arches, ni opposer le style géorgien à un autre en parlant seulement de briques, de pierres et de mortier. On ne peut pas remplacer un niveau de discussion par l'autre, même si l'on peut identifier une arche à l'ensemble des briques qui la constituent. Et, dans l'autre sens, on ne peut pas construire un gratte-ciel à base de briques. Les propriétés des matériaux et des éléments de base influent sur la fonction.
    Je pense à quelque chose d'analogue entre l'esprit et le cerveau. C'est-à-dire qu'on ne pourra pas remplacer un discours sur les représentations, les objectifs, les croyances, les désirs, etc., par un discours sur les neurones, les flux ioniques, etc. Par contre, nous comprendrons un jour tous les liens entre ces deux niveaux. Donc je suis matérialiste, mais, pour ce qui est du réductionnisme, je ne pense pas qu'il soit même plausible que nous puissions un jour remplacer un discours sur l'esprit par un discours sur le cerveau.



    Jean-Pierre Changeux :

    Je n'aime pas le terme "réductionnisme", appliqué dans un sens péjoratif aux recherches sur le cerveau. Car toute entreprise de connaissance sur le monde, toute entreprise scientifique, correspond à une élimination, à une simplification, à la découverte d'une nouvelle structure. Il y a donc, dans l'entreprise de connaissance elle-même, une réduction, une élimination pour singulariser un objet particulier de connaissance. A cet égard, il y a réductionnisme dans toute entreprise scientifique. Et le neurobiologiste, dans sa démarche d'analyse, de singularisation de mécanismes particuliers, est un réductionniste dans le bon sens du terme. Mais ça ne veut pas dire que c'est un obscurantiste qui ignore qu'il ne voit qu'une partie du système qu'il étudie. Bien au contraire, les neurobiologistes sont très conscients de la complexité de l'organe qu'ils étudient. Ils savent parfaitement les limites de leur savoir. Et à cet égard, ils font un effort qui va parfois, souvent, au delà de leur propre entreprise expérimentale, de faire une synthèse des connaissances qui sont disponibles dans une approche analytique.

    Herbert Simon :

    Les gens sont très préoccupés par l'idée que le fait de comprendre la pensée humaine et de la décrire comme un mécanisme prive d'une certaine façon les êtres humains de leur valeur. Je n'ai jamais vraiment compris cet argument. Il existe depuis longtemps : il y a eu des gens qui pensaient que, lorsque Copernic a placé la terre au centre de l'univers, il allait arriver quelque chose aux êtres humains. Aujourd'hui plus personne ne s'en inquiète. Certains ont pensé, lorsque Darwin à imaginé que tous les organismes avaient évolué à partir d'un organisme simple, que d'une façon ou d'une autre cela allait avilir l'être humain. Il y a encore des gens aux États-Unis qui pensent ainsi mais la plupart d'entre nous ne sont pas angoissés par l'idée de partager un ancêtre commun avec les autres créatures vivantes de ce monde.
    L'erreur est de croire que notre singularité est à la source de notre valeur. Peut-être devrions-nous moins penser à notre singularité et plus au fait que nous faisons partie d'un univers beaucoup plus large, d'une planète beaucoup plus vaste qui accueille beaucoup d'autres créatures. Peut-être, au lieu de chercher à nous distinguer des autres créatures, devrions-nous penser à la façon de mieux nous entendre avec elles, de vivre en paix et dans l'unité avec elles. Je pense que, si nous adoptions ce point de vue, nous serions bien moins préoccupés de voir la connaissance de nous-mêmes réduire la valeur de la vie humaine.
    En tant qu'êtres humains, nous sommes confrontés à beaucoup de problèmes pour survivre dans ce monde. Beaucoup de ces problèmes, certains d'entre nous iront jusqu'à dire la plupart d'entre eux, sont des problèmes dont nous sommes responsables. A moins de parvenir à nous comprendre mieux que nous ne le faisons aujourd'hui, nous avons peu de chance de les résoudre. Donc, au contraire, je pense que nous comprendre nous-mêmes, comprendre les merveilleux mécanismes qui rendent notre comportement possible, ne porte pas atteinte à notre humanité.

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  2. #32
    invitebd686fd6

    Re : neurosciences

    James McClelland :

    On peut considérer l'activité mentale comme le résultat de l'activité cérébrale, et je trouve cela très sensé. Mais, si vous n'y pensez que de cette façon, vous oubliez que l'activité mentale existe dans un contexte personnel, culturel, social et linguistique, qui détermine fortement la structure et le contenu de l'activité cognitive.
    C'est la raison pour laquelle une façon de penser purement réductionniste nous fait passer à côté d'un aspect essentiel de l'esprit. Pour moi, en tant que connexioniste, il est beaucoup plus important d'essayer de mieux comprendre comment l'expérience s'intègre à la mémoire, la restructure, la forme, l'organise et la conduit à produire un esprit qui en fin de compte se conforme et entre en résonance avec l'environnement culturel et social dans lequel elle se développe.



    David Servan-Schreiber :

    Des propriétés "émergentes" font que, lorsque vous rassemblez beaucoup de neurones, chacun d'eux fait un calcul très simple, mais le comportement de l'assemblée est impossible à prévoir à partir des comportements individuels sans recourir à une simulation sur ordinateur. Seule la simulation permet d'observer ce qui se passe vraiment.
    Alors on s'aperçoit que la beauté est dans les comportements émergents qui sont incommensurables aux simples comportements des neurones individuels. Donc on ne peut pas réduire la beauté d'un comportement aux calculs des neurones, même si l'on peut l'expliquer en termes d'interactions entre les neurones.
    Vous pouvez comprendre comment la beauté d'un lever de soleil résulte de la diffraction des différentes longueurs d'onde de la lumière. Mais le fait que vous soyez capable de le décomposer en longueurs d'onde n'enlève rien à la beauté du spectacle dans son ensemble.




    L'esprit peut-il se comprendre lui-même ?
    (Herbert Simon)

    L'idée qu'un esprit puisse essayer de comprendre l'esprit peut sembler une proposition circulaire : comment quelque chose pourrait-il se comprendre lui-même ? On pourrait, de la même façon, déclarer qu'un physicien ne peut pas comprendre les atomes puisqu'il est lui-même composé d'atomes !

    Je ne trouve pas cet argument très convainquant. Si nous ne pouvons pas nous comprendre nous-mêmes, au moins pouvons-nous nous donner l'objectif de comprendre les individus qui sont à nos côtés. Cela n'exigera pas de nous comprendre nous-mêmes, mais nous permettra de comprendre les êtres humains et leur fonctionnement.
    Je pense donc que cette objection est un faux problème.



    Mon esprit versus l'Esprit
    (Herbert Simon)

    Comprendre le fonctionnement théorique de l'esprit, comme on le fait en psychologie, nous permet de connaître les mécanismes du moi. Mais, pour comprendre pourquoi je fais ce que je fais à tout moment, j'ai besoin d'avoir beaucoup plus de données que je n'en possède sur les contenus exacts de mon esprit, à supposer qu'ils puissent m'être accessibles en totalité.
    Même si j'avais une bonne théorie de l'esprit, je ne pense pas que je deviendrais capable de comprendre mon propre comportement, pas plus qu'un physicien qui connaît la théorie des métaux ne peut prédire si une pièce d'acier donnée va se briser. On a affaire à des niveaux de détails différents, qui ont besoin d'ensembles de données complètement distincts pour fonctionner.




    Le libre arbitre existe-t-il ?
    (Rodney Brooks, Eric Kandel, Herbert Simon, James McClelland)

    Rodney Brooks :
    Quand on connaît le fonctionnement de Cog, il semble difficile d'admettre qu'il possède un libre arbitre, que quelque chose émane librement "de l'intérieur de la boîte".
    Cela dit, même au stade primitif où nous en sommes, quelqu'un qui observe Cog sans savoir comment il fonctionne, a l'impression que Cog décide librement de ce qu'il veut regarder et de ce qu'il veut atteindre. J'ai donc peur que la question du libre arbitre soit un piège philosophique dans lequel nous sommes tombés. Peut-être Cog va t-il nous aider à en sortir.

    Eric Kandel :
    Voilà une merveilleuse question ! Jusqu'à quel point le libre arbitre existe t-il ?

    Je pense qu'un grand nombre de biologistes estiment, au niveau ultime, que le libre arbitre n'existe probablement pas, car les possibilités d'établissement de connexions dans le cerveau sont vraiment très restreintes, et qu'à chaque action est associé un nombre limité de possibilités d'agir.

    En fait, les degrés de liberté sont si grands que nous avons l'impression d'être libres. Si nous ne pouvons pas voler, ni marcher au plafond, ni faire tout ce que nous voulons, et qu'il y a donc des contraintes biologiques qui restreignent nos comportements, ces contraintes sont si peu contraignantes et nous nous sentons si peu limités par elles que nous avons vraiment l'impression d'être doués d'un libre arbitre. Donc d'un point de vue pratique, il y a un libre arbitre, même si des contraintes biologiques pèsent sur nous.

    James McClelland :
    Je pense que nos comportements sont totalement non déterministes Ils résultent de la rencontre spontanée d'une multitude d'influences avec notre état psychologique courant, ce qui peut conduire à des conduites quasi-aléatoires. On peut par exemple soudain comprendre quelque chose pour des raisons imprévisibles, au sens où ces raisons étaient possibles, mais elles n'étaient pas prédestinées ou complètement prédéterminées à l'avance. Ceci n'implique pas tant la liberté de choix mais leur manque de détermination. C'est en tout cas sur cet aspect de la question que j'ai réfléchi.

    Herbert Simon :
    Je pense que l'existence du libre arbitre dépend de la façon dont on le définit. Certains ont trouvé confortable de l'expliquer par l'incertitude quantique, le fait que les équations quantiques d'Heisenberg laissent une certaine marge d'incertitude. Je ne vois pas en quoi ça peut être relié à la question du libre arbitre : le libre arbitre voudrait dire que mes atomes peuvent me bousculer ? Qu'est-ce que mon libre arbitre a à voir avec ça ? Que je suis une créature du hasard ?
    Ceci n'a rien à voir avec le libre arbitre !

    Je pense que le libre arbitre, c'est le fait que "moi" qui possède certaines caractéristiques et un certain nombre de connaissances reflètent les expériences de ma vie, je constitue un "système" qui est capable de décider à un moment donné entre deux alternatives, comme parler ou rester silencieux (je trouve d'ailleurs plus facile de parler que de rester silencieux !). Et ça, c'est mon libre arbitre. Le fait que Je , c'est-à-dire l'ensemble des choses qui me constituent, je peux faire ce choix.

    Et ce choix résulte de l'application d'un certain nombre de règles ou programmes, en moi présents, qui ne sont ni le fruit du hasard, ni le simple résultat de l'incertitude quantique.
    Voilà ce qu'est pour moi le libre arbitre.

  3. #33
    invitebd686fd6

    Re : neurosciences

    L'esprit est-il adapté à son environnement ?
    (John Anderson, Rodney Brooks, Eric Kandel, James McClelland,
    David Servan-Schreiber, Herbert Simon)

    John Anderson :

    L'esprit humain est remarquablement adapté à son environnement. Il s'arrange pour avoir à sa disposition l'information la plus appropriée à chaque instant. Dans une situation où il doit choisir quoi faire, son choix est aussi avisé que possible. Les limitations que l'on observe dans la pensée humaine résultent en fait de la concentration de l'esprit sur l'information la plus pertinente pour la décision à prendre.


    Rodney Brooks :

    L'intelligence humaine est le produit d'une évolution dans un environnement complexe en compétition avec de nombreuses autres espèces et de nombreux autres êtres humains. Je pense qu'elle n'est nullement optimale. Elle n'est que le résultat d'adaptations locales à des conditions spécifiques, au cours de l'évolution.

    Je suis sûr qu'il y a des choses que nous sommes incapables de penser, de juger ou de comprendre, que d'autres espèces, quelque
    part dans l'univers, peuvent très facilement faire et comprendre. A l'inverse, elles peuvent connaître un fort développement technologique mais être incapables de comprendre certaines des choses que nous pensons. Et peut-être même que certaines de ces espèces nous sont supérieures à tout point de vue.

    Eric Kandel :

    C'est le mieux que l'on puisse faire ! Il n'y a qu'à voir la façon dont les hommes ont survécu pendant des siècles. Si vous prenez notre propre vie, à ma femme et à moi qui avons émigré d'Europe et survécu à l'holocauste, il faut remercier la nature de nous permettre de survivre à de tels événements.
    C'est pourquoi, je pense que la mémoire est merveilleusement adaptée. J'ai oublié beaucoup de ces souvenirs désagréables, je les ai réprimés, éjectés de mon esprit, j'essaie de me souvenir des choses plaisantes du jour. Voilà qui me semble parfaitement adéquat ! Pourrait-on faire mieux ? Probablement. Peut-être qu'avec le temps, nous trouverons des méthodes pédagogiques permettant d'améliorer les capacités de la mémoire.

    Néanmoins, je pense que le cerveau est une machine merveilleuse.


    James McClelland :

    Même si nos processus de pensée sont très imparfaits, nous possédons des facultés immenses qui forcent l'admiration. Je suis convaincu que nous resterons admiratifs devant elles pendant encore cinquante ou cent ans. Le cerveau est capable de construire une représentation des objets et de leur position dans l'espace visuel externe à partir de signaux brouillés et changeants d'une manière qu'aucun système robotique n'est capable de reproduire actuellement. Il est ensuite capable de calculer des trajectoires dans l'espace qui lui permettent d'éviter d'entrer en collision avec des objets et de provoquer des catastrophes en se déplaçant dans le monde. Nous sommes continuellement en train de résoudre des problèmes d'équilibre dynamique et d'interprétation de signaux ambigus qui, de l'avis de tous les informaticiens, sont quasi-insolubles à l'aide des technologies actuelles.
    Aussi nous devrions nous souvenir que, même si nous sommes imparfaits, nous possédons ces facultés, et peut-être serait-il utile de les comprendre comme des réponses optimales.


    David Servan-Schreiber :

    C'est une question que je me pose souvent : dans quelle mesure toutes les exigences auxquelles nous soumettons nos esprits correspondent-elles à ce qu'il était initialement supposé faire ? Je suis frappé par le fait que nos ancêtres avaient une vie mentale différente de la nôtre, tant d'un point de vue intellectuel qu'émotionnel, même si nous avons les mêmes caractères anatomiques et biologiques qu'eux. Il est par exemple improbable que notre cerveau ait évolué pour se souvenir de numéros de téléphone il n'a jamais subi aucune pression évolutive pour se souvenir de numéros de téléphone. Cela ne fait que 70 ans que nous en avons besoin et cette demande n'a eu aucun effet sur nos gènes. Donc nos cerveaux et nos rythmes de sommeil ont évolué pour des circonstances très différentes de celles qui prévalent aujourd'hui.
    Le cerveau est-il donc un organe hautement adapté ? Oui, bien sûr, mais pas à la société actuelle. Nous constatons le résultat de ce manque de concordance dans la vie de tous les jours : des effets du décalage horaire au manque de sommeil chronique, aux excès de stimulations par la télévision et la publicité, des comportements sociaux anormaux dus à la promiscuité des interactions humaines à l'effondrement des lois traditionnelles et de l'organisation sociale et hiérarchique.


    Herbert Simon :

    Notre intelligence serait-elle optimale ? Je pense que rien n'est optimal. Nous vivons dans un monde très compliqué dont notre conscience ne porte que sur un aspect limité. Même dans cette pièce, nous ne regardons pas la plupart des choses tout le temps.

    Nous n'optimisons rien, nous ne faisons que décider que certaines choses doivent être accomplies et nous trouvons des manières de les accomplir. Parfois, nous trouvons de bonnes solutions, parfois de moins bonnes, et nous essayons d'adopter les meilleures. Mais le mot "optimum" n'a pas beaucoup de sens.
    On peut dire que l'esprit est aussi adapté que ce que l'évolution lui a permis d'atteindre. Et cela a permis, pour le meilleur et pour le pire, que 6 à 7 milliards de gens vivent ensemble à la surface de la terre, au moins jusqu'à présent. Aussi, dans ce sens, je pense que notre esprit est une vraie réussite. Si vous mesurez son succès par la vitesse à laquelle les êtres humains s'entre-tuent, alors on peut imaginer des moyens de l'améliorer. Mais, en fait, je ne sais pas quel est le critère de la réussite.




    Il faut améliorer nos valeurs !
    (Herbert Simon)

    Si c'était possible, qu'est-ce que j'aimerais changer dans la cognition humaine ? Je pense que j'augmenterais un petit peu la mémoire à court terme. L'accroître indéfiniment n'aurait pas beaucoup d'intérêt, puisque nous ne pouvons faire attention qu'à un sous-ensemble à la fois. Je pourrais décider de faire ça. Ou alors, il pourrait être utile d'accélérer certaines fonctions, pourquoi pas ? Cela pourrait rendre notre cognition plus rapide. En fait, je ne suis pas vraiment... Je ne suis pas vraiment enthousiasmé à l'idée d'accélérer l'intelligence humaine. Nous en avons déjà beaucoup. Quand je regarde les problèmes de ce monde, et je pense qu'il y en a beaucoup, je ne suis pas sûr qu'ils puissent être résolus avec plus d'intelligence. J'ai toujours été surpris par l'importance que l'on accorde aux tests d'intelligence. Nous devrions faire un peu plus de tests de caractère, accorder plus d'importance aux valeurs. Si je devais améliorer l'espèce, j'irais d'abord dans ces directions.

  4. #34
    invite4b816bc1

    Re : neurosciences

    wow incroyable merci à tous et surtout à halman pour votre aide, je m'y attendais pas

  5. #35
    invite4b816bc1

    Re : neurosciences

    et bien enfaite pour etre plus precis (desole de ne pas l'avoir ete)
    je voulais savoir quels metier etait en rapport les nourosciences cognitives, quelles etudes faire

  6. #36
    invitebd686fd6

    Re : neurosciences

    13

    Marvin Minsky
    (1927 -)

    Informaticien et Roboticien américain

    En 1958, il fonde le Laboratoire d’intelligence artificielle au Massachusetts Institute of Technology. Il est le créateur de l’intelligence artificielle et père de la révolution informatique.



    * * *



    Une machine est intelligente à partir du moment où elle accomplit des tâches qui, si elles étaient accomplies par des hommes, seraient considérées comme intelligentes.



    La lecture de psychologue B. F. Skinner va le marquer, car Minsky récuse les explications du comportement qui ne prennent pas en compte le fonctionnement interne de la pensée. Dans son dernier livre, La société de l’esprit, Minsky exprime l’idée que le cerveau est organisé comme une société où les différents agents (la mémoire, le savoir, les sens…) communiquent entre eux et construisent leur développement.

    Connection est l’ordinateur le plus rapide du monde. Il est constitué de 64 000 microprocesseurs et « vit » à Boston au Massachusetts Institute of Technology dans le laboratoire de Minsky. Connection, assure Minsky, a des états d’âme et est véritablement intelligent. D’ailleurs, ajoute-t-il, si un homme atteignait les performances mentales de Connection, on l’estimerait génial.

    Les machines ont des passions, assure Minsky. Il leur arrive de s’affoler, de produire des textes incompréhensibles pour des raisons ignorées de leurs ingénieurs. Il faut nous défaire de l’idée selon laquelle les machines n’obéiraient qu’au programme qui leur est assigné. Faux! Les machines intelligentes sont programmées pour écrire leur propre programme, performance par laquelle elles échappent à l’ingénieur. C’est donc parce que les hommes ne savent pas ce que sont les machines complexes qu’ils imaginent qu’elles ne peuvent pas éprouver de passions.

    Mais peuvent-elles manifester aussi une volonté? Minsky en doute. En l’état actuel des connaissances, les machines ne peuvent avoir ni de bonnes, ni de mauvaises intentions. Pour l’instant!

    Les machines présentent, aux yeux de Minsky, un grand avantage sur les hommes : elles ne prétendent pas être autre chose que des machines. À l’inverse, l’homme ne serait, selon lui, qu’une machine qui s’ignore.

    Après avoir, durant trente ans, construit des machines intelligentes, Minsky estime avoir compris ce qu’est l’intelligence. « Si mes machines produisent ce que l’on appellerait chez l’homme l’intelligence, c’est que le cerveau humain n’est au fond qu’une machine : une machine complexe, issue d’une longue évolution. » Le cerveau ne serait qu’une somme de composants imparfaits, chacun doté d’une fonction déterminée que l’on sait aujourd’hui localiser, détruire ou exciter. Chaque composant ― que Minsky appelle agent ― ne peut faire à lui seul qu’une chose simple, qui n’exige ni esprit ni pensée. Pourtant, lorsqu’ils sont reliés entre eux, tous ces composants du cerveau constituent une sorte de société ; ce sont les relations complexes à l’intérieur de cette société qui forment ce que l’on appelle l’esprit.

    Minsky, en analysant l’activité la plus simple : celle d’un enfant qui joue avec des cubes, en est arrivé à ces conclusions qui ont servi de base à la construction des machines intelligentes. L’esprit est une somme de choix simples. Au total, le cerveau ne serait qu’une machine à produire le langage et les idées. En réalité, il n’existe pas une chose qui s’appelle l’intelligence et qui serait mesurable : l’intelligence est une somme de fonctions très diverses, plus ou moins valorisées selon la culture dans laquelle nous vivons. Selon Minsky, l’esprit n’a pas besoin de l’étincelle divine pour fonctionner : le cerveau-machine suffit. Il n’y aurait pas non plus d’opposition entre la matière et l’esprit, puisque c’est la matière qui produit l’esprit selon des lois qui restent à découvrir. Si je dis que l’homme est une machine pensante, ajoute Minsky, ce n’est pas par une vision réductionniste de l’homme, mais par anticipation de ce que seront les machines complexes du futur.


    A lire le roman de Marvin Minsky : "Le Problème de Turing."

    D'autres auteurs sur le sujet de l'I.A. ; "L'Ordinateur" de Eric Harry

  7. #37
    invite73192618

    Re : neurosciences

    Halman, tu as oublié Oliver Sach ("l'homme qui prenait sa femme pour un chapeau", "50 ans de sommeil")

    Non sans blague c'est super. C'est de toi? Je suggère que Yoyo fasse passer tout ça en dossier "carte blanche à".

    Bravo!

  8. #38
    invite73192618

    Re : neurosciences

    Citation Envoyé par kolmalou
    quels metier etait en rapport les nourosciences cognitives, quelles etudes faire
    C'est tout une série de discipline en fait, alors tu peux passer par l'informatique (intelligence artificielle, interface homme/machine), la psychologie (expérimentale et clinique), la biologie (version physiologie, biochimie ou génétique), la médecine (psychiatrie, neurochirurgie), l'ingénierie (traitement du signal, modèle numérique), voir même la physique (IRM, modèle biophysique)!

    Deux conseils: 1-fait ce qui te plaît: la recherche demande trop d'énergie et d'implication personnelle pour s'emmerder et survivre; 2-gardes-toi une porte de sortie: il n'y a pas de métier dédié pour les neurosciences cognitives en dehors de la recherche, alors choisi de préférence une formation de base (avant la thèse) qui te permettra de trouver un travail intéressant si ça ne marche pas en recherche.

    Bonne chance!

  9. #39
    invite4b816bc1

    Re : neurosciences

    merci bien pour vos conseils !
    je vais me mettre dès cet apres midi à lire tt ca ! bien sur apres avoir finis c'est ***** de devoirs pour le lycée qui commencent à me taper sur les nerfs ! enfin voilà aurevoir !

  10. #40
    glevesque

    Re : neurosciences

    Salut Halman

    Dans qu'elle partie du cerveau est originaire la fameuse syncronisation du 40 hz. Merci

    A++
    http://www.unmannedspaceflight.com/index.php?showtopic=8532

  11. #41
    invitea57d4839

    Thumbs up Re : neurosciences

    Citation Envoyé par Gamma
    Non sans blague c'est super. C'est de toi?

    Bravo!
    Non ce n'est pas de lui mais j'apprécie quand même cette citation que je reconnais. Ce sont des éléments tirés d'un merveilleux vieux cd-rom nommé "les secrets de l'intelligence" datant de la 2eme moitié des années 90. Un cd-rom remarquable abordant toutes les principales questions des sciences cognitives. Le seul problème c'setq ue la version que j'ai ne fonctionne que sous windows 95 et millenium...

    Cependant il faut faire attention, la question originelle portait sur les neurosciences pas les sciences cognitives.
    Pour comprendre ce à quoi renvoi les sciences cognitives je vous renvoi au site de l'association dont je m'occupe (une assoc d'etudiants et jeunes chercheurs en sciences cognitives) : www.estigma.fr
    Dans la partie "sciences cognitives" on a essayé de circonscrir les sciences cognitives. Cherchez pas ailleurs si on l'a fait c'est que ca n'avait pas encore été fait sur le web...

    Côté ouvrage pour découvrir les sciences co quand vraiment on n'y connait rien y'a "Le cerveau et la pensée" aux éditions "sciences humaines" que vous trouverez assez facilement.

    Pour le coup des 40Hz s'il existe une région on ne la connait pas encore mais il est probable qu'il n'y ai aucune région particulière mais plutôt un certain type de cellules nerveuses dispersées dans le cortex qui aient le rôle de synchronisatrices. Je n'ai pas suivi l'évolution de ce problème dernièrement mais c'était les postulats à jour en 2003.

    Pour un ouvrage concernant les neurosciences je me permet de vous indiquer ma bible bien qu'elle soit en anglais, qu'elle coûte cher (100 Euros), et qu'uil te faudra longtemps pour en venir à bout (1400 pages format A4):
    Principles of neural science - ouvrage dirigé par Kandel, shwartz & Jessel - ISBN 0-07-112000-9
    Pour les étudiants, voici sa fiche sur le sudoc:
    http://cuivre.sudoc.abes.fr/DB=2.1/S...L=1/SHW?FRST=1

    et voici les bibliothèques universitaires où il se trouve:
    AIX-MARSEILLE3-BU Sc.St Jérôme
    ANGERS-BU Médecine-Pharmacie
    BESANCON-BU Sciences Staps
    BOULOGNE-BU Psych. Henri Piéron
    CAEN-BU Médecine pharmacie
    CHAMBERY - BU Sciences
    GRENOBLE2/3-BU Droit/Lettres
    LE HAVRE-BU Sciences
    LILLE2-BU Santé-Recherche
    LILLE3-BU
    LYON-ENS Sciences
    LYON1-BU.Sciences
    NICE-BU Sciences
    ORSAY-PARIS11-Bib. STAPS
    PARIS-BIUM
    PARIS-BIUSJ-Biologie recherche
    PARIS13-BU Droit-Lettres
    PARIS5-BU Saints-Pères
    PARIS6-Bibl.Neurosci.Charcot
    PARIS6-IHP
    REIMS-BU Sciences
    RENNES1-BU Santé
    ST DENIS-BU PARIS8
    STRASBOURG1-SCD Sciences
    TOULOUSE2-BUC Mirail
    TOULOUSE3-BU Sciences

    J'ai moi-même "Comment fonctionne l'esprit" de Pinker qui est effectivement un ouvrage clé mais pour ceux qui abordent ces questions je conseillerais soit le cd-rom cité plus haut qu'il semble encore possible d'acheter ici:
    http://www.achetezfacile.com/secrets...x-77443-1.html

    Toutefois comme livre français je vous conseillerais le livre de marc Jeannerod (oui je sais je fais la pub pour le directeur de mon labo mais pour aborder les sciences cognitives il a vraiment fait un truc pas mal: La nature de l'esprit.
    Vous aurez toutes les infos sur ce bouqin sur la page du labo:
    http://www.isc.cnrs.fr/jea/natespritpage.htm

    Il est abordable à la fois niveau prix et niveau contenu. Mais moins abordable niveau contenu que le cerveau et la pensée dont j'ai parlé plus haut.


    Pour pas être trop long en conseil bibliographiques illimités, voici un lien vers une liste d'ouvrages que je tend à conseiller à ceux qui veulent pénétrer le domaine des sciences cognitives: http://fixpenicaud.free.fr/liste-biblio.txt

    Pour ce qui est de la neuroanatomie (revenons-en aux neurosciences) voici un petit ouvrage de départ qui est ce qu'il y a de mieux foutu pour commencer:
    "Neuro-anatomie" par James D. Fix aux éditions "De Boek Université" ISBN 2-8041-3575-6

    Je conseille aussi très fortement ceci:
    "Évolution du cerveau et création de la conscience : à la recherche de la vraie nature de l'homme" par John C. Eccles
    Si on veut faire des neuroscience il faut bien comprendre comment le cerveau a évolué et ce qui l'a mené à développer les fonctions qu'il a aujourd'hui.

    Par contre JE DECONSEILLE LES BOUQUINS D'EDELMAN. Je suis en train de terminé "Biologie de la conscience" mais j'ai beaucoup de mal, pas tant parce que c'est dur, mais parce qu'il y a beaucoup d'erreurs. Il expose une excellente théorie je ne le nie pas mais faudrait pas oubloier que son prix nobel il l'a pas eut pour ses travaux en neurosciences ni en sciences cognitives... C'est un gars qui a bossé la majeure partie de sa vie comme immunologiste, c'était le meilleur, puis un jour il a dit "je suis trop fort en immuno je vais m'attaquer à la cognition, ca m'inspire et c'est à la mode". Mais du coup il a tenté de toucher à des domaines qu'il ne maitrise pas (comme la linguistique où il raconte quelques bétises). Il est fondamentalement hautain pensant que du haut de son nobel il détient une vérité absolue et affirme des choses que ni lui ni personne n'est en mesure d'affirmer. Sa prétention le mène à des erreurs grossières.

    Je ne nie pas la valeur de ses théories (il traite le système de connaissance comme un système de re-connaissance par analogie au système immunitaire et formalise une théorie nommée TSGN qui constitue une approche tout à fait intéressante) et le fait que son style est très accessible mais je trouverais dommage que des personnes qui entrent dans le domaine assimiles comme vérités des choses qu'il ne le sont pas. Il faux être très prudent dans sa lecture et avoir un peu de bouteille dans plusieurs disciplines pour pouvoir faire le tri...

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